Alors que le gouvernement les ponctionne de plus en plus lourdement, ces institutions au service des entreprises n’entendent pas baisser les bras. Bien au contraire…
Didier Laporte, président de la Chambre de commerce et d’industrie Pau Béarn, a dressé le bilan des très nombreuses initiatives lancées sur le territoire. Il s’est aussi projeté vers l’avenir, malgré le traumatisme économique et social infligé par l’Etat. Tour d’horizon.
Le gouvernement ponctionne, et reponctionne…
La volonté gouvernementale n’est pas en faveur des Chambres de commerce et d’industrie, c’est le moins que l’on puisse dire. Le Béarn est touché au même titre que les autres territoires. Comme nous en avons déjà parlé, la loi de finances, votée fin 2017, a mis en place un nouveau plafonnement de la ressource fiscale qui s’est traduit par une perte sèche de 1 million d’euros pour la CCI béarnaise en 2018. L’année prochaine, elle se verra ponctionnée de 680 000 euros supplémentaires.
En dix ans, de 2012 à 2022, les ressources fiscales de la CCI Pau Béarn auront fondu comme neige au soleil, passant de 9,2 millions à 1,5 million d’euros (-84%). « Quelle entreprise pourrait survivre à un tel régime ? Mais, la Chambre de commerce va se battre malgré le traumatisme subi par toutes les équipes, avec notamment les réductions d’effectifs imposées par ces ponctions » souligne Didier Laporte qui dénonce l’absurdité de cette politique. « Les CCI ont déjà été contraintes de supprimer 5.000 emplois, et 5.000 autres vont disparaître d’ici 2022. Alors qu’une étude récente montre que 1 euro investi par une CCI territoriale génère 10 euros de retombées localement ».
Un acteur majeur du territoire…
Le Béarn est particulièrement dynamique, comme en témoigne le nombre de ressortissants, plus de 17.000, ce qui lui permet de se hisser au niveau de départements bien plus importants. Cette année, le solde création/radiation est très positif, + 600, tandis que le taux de chômage est inférieur à la moyenne nationale.
Bien entendu, la CCI va continuer à investir dans son cœur de métier : l’accompagnement des entreprises. Ainsi, par exemple, 1300 porteurs de projets ont été suivis par les services de la Chambre qui agit partout, en partenariat avec les 8 grandes collectivités territoriales du Béarn. « Un accompagnement à 360° : du développement de projets à la recherche de financements, en passant par l’innovation, la transition numérique ou encore la formation » explique le président. « Nous sommes aussi engagés dans des domaines très sensibles comme les risques liés au numérique, notamment en ce qui concerne les cyberattaques. Ainsi en 2017, nous avons accompagné 12 entreprises victimes de prédateurs ».
Du tourisme aux commerces…
En septembre 2017, la CCI a créée, sous un statut associatif, le Cluster Tourisme Béarn qui fédère et coordonne déjà la stratégie de développement pour plus de 50 entreprises du territoire, autour d’un objectif commun : « Faire du Béarn une destination phare ». Cette plateforme permet la mise en réseau des entreprises du tourisme béarnais. « Elle répond à un besoin et une attente de la part de toute la filière tourisme » insiste Didier Laporte.
La chambre consulaire poursuit également son soutien actif envers le réseau des commerçants sur l’ensemble du Béarn. Elle apporte une aide précieuse aux différentes associations de commerçants et d’entreprises, avec ses équipes mais aussi avec des financements à hauteur de 1 million d’euros.
Un élan de solidarité…
« Dès le lendemain des dernières inondations, la CCI Pau Béarn était présente sur les sites sinistrés, notamment à Salies de Béarn. Nous avons souhaité leur apporter au plus vite un soutien psychologique, face à l’ampleur des dommages. Puis, leur fournir une aide dans leurs démarches administratives » expose le président.
« Suite à ces épisodes malheureux, nous avons eu l’idée de mettre en place un fonds de dotation totalement opérationnel » ajoute Didier Laporte. « Aujourd’hui, nous avons réuni 200.000 euros. Mais, nous voulons accroître ce montant en déclenchant de nouvelles donations qui bénéficient d’une défiscalisation. Nous pourrons ainsi mieux répondre aux besoins des entreprises sinistrées ».
L’attractivité, les ambassadeurs et Jobbb…
La CCI Pau Béarn joue aussi un rôle prépondérant pour améliorer l’attractivité du territoire. Avec Invest’in Pau Pyrénées, la Chambre de commerce a favorisé l’implantation en Béarn de 13 entreprises, avec la création d’environ 60 emplois. Une nouvelle Journée dédiée à l’attractivité du territoire sera organisée au premier trimestre 2019, histoire d’accélérer le mouvement.
Autre initiative, en partenariat avec l’AaDT, la CCI a lancé une démarche pour rassembler des Ambassadeurs » du Béarn, avec la volonté de mobiliser des acteurs fidèles à leur territoire et basés dans le monde entier. Une approche qui veut, elle aussi, contribuer à l’implantation d’entreprises su notre sol. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, et une réunion d’information est prévue à cet effet, le 17 octobre prochain.
La mise en place de la plateforme Jobbb (bbb comme Béarn, Basque, Bigorre) sur le bassin de l’Adour veut répondre à la problématique de l’emploi du conjoint et déjà 75 entreprises l’ont rejoint. C’est un enjeu important pour les entreprises qui veulent attirer des collaborateurs. Cette initiative devrait être étendue au secteur médical, une manière de lutter contre les déserts médicaux.
Des écoles de haut niveau…
Avec l’Ecole supérieur de commerce de Pau (ESC Business School) et le Centre national des professionnels du commerce du sport (CNPC) à Lescar, la CCI est un acteur essentiel de la formation. Les différents établissements réunissent près de 7.000 étudiants et apprenants, dont 1.500 en enseignements supérieurs (grade Master et Bachelor), avec un taux d’employabilité d’environ 87% (les étudiants trouvent un emploi six mois après sa mise sur le marché).
Il faut savoir que l’ESC de Pau « a intégré cette année 1300 nouveaux étudiants, et rivalise avec des grandes écoles réputées, telles que celle de Grenoble, sans avoir les mêmes budgets. L’école possède une très bonne image au niveau international, accueillant une cinquantaine d’étudiants étrangers » précise Didier Laporte. « Ils viennent chercher l’ensemble de l’accompagnement personnalisé que l’ESC de Pau a su mettre en place ». En plus des coopérations développées avec l’Inde, la CCI va intensifier son partenariat avec le Maroc pour renforcer ce volet international.
Quant au CNPC, l’ouverture d’un nouveau centre à Miramas (près de Marseille) vient s’ajouter aux autres campus installés à Pau, Grenoble, Paris, Quimper, Mulhouse, Orléans et à la Réunion. A Pau, ce sera bientôt la pose de la première pierre du nouveau siège qui s’étendra à proximité du Stade d’eaux vives.
La CCI étudie un changement de statut pour ses écoles afin d’accélérer leur développement, et dans l’idée d’associer des entreprises. “Notre volonté est notamment d’ouvrir le capital de la future société à des entrepreneurs du privé, mais aussi de les impliquer directement dans l’avenir de nos nos écoles et des formations” précise Didier Laporte. Nous aurons l’occasion d’y revenir plus en détail.
L’aéroport sur une bonne trajectoire…
Enfin, la Chambre de commerce est très directement impliquée dans le développement de l’Aéroport Pau Pyrénées, en sa qualité d’actionnaire majoritaire du gestionnaire, Air’py. Associée à Egis et à Transdev (24,5% du capital chacun), elle s’est donnée de nouveau moyens pour assurer le décollage de cette plateforme.
Bonne nouvelle, l’évolution positive se poursuit puisqu’en septembre l’aéroport enregistre une augmentation de 8% de son trafic. « Entre 11.000 et 15000 passagers de plus sur une période d’un an, c’est la tendance actuelle » assure le président de la CCI Pau Béarn. C’est le fruit, notamment, de l’ouverture de nouvelles lignes. Et l’arrivée saisonnière de la compagnie easyJet entre Pau et Paris pourrait ouvrir de nouveaux horizons, pour peu que les résultats de ce premier test soient positifs.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire !
Bras de fer sur le bassin Adour Gascogne…
A travers ce tour d’horizon des grandes missions assurées par la CCI Pau Béarn, on mesure mieux à quel point elle est un acteur essentiel aux côtés de ceux qui entreprennent – ici -, mais également pour impulser une dynamique sur le territoire.
Même chose pour les CCI du Pays Basque, des Landes, ds Hautes-Pyrénées et du Gers.
On rappelle qu’il s’agit d’institutions publiques, gérées par des entrepreneurs privés, élus par leurs pairs. Et ces derniers ne pratiquent pas forcément la langue de bois. Ce qui ne plaît pas toujours aux pouvoirs publics, ceci explique peut-être cela.
Le bras de fer est engagé. Pas sûr que le monde de l’entreprise laisse l’Etat détruire le réseau des CCI territoriales. A suivre…