L’agriculture (ici Euralis) pèse lourd dans la balance commerciale du 64.© A. Torrent
Les échanges commerciaux réalisés dans le département font apparaître un solde positif de plus de 400 millions d’euros. L’Espagne est notre meilleur partenaire.
Le 64 ? Une bonne affaire ! Selon le dernier bilan annuel publié par l’administration des Douanes, les échanges commerciaux réalisés dans notre département permettent en effet de dégager un solde positif conséquent, à hauteur de 445 millions d’euros.
Car les Pyrénées-Atlantiques restent solides sur leurs fondamentaux. Plus de 40 % des exportations annuelles sont réalisées grâce aux marchandises issues de l’aéronautique, la chimie et l’agriculture. Concrètement, on parle là tout autant des moteurs d’hélicoptères réalisés par Safran à Bordes que des productions du bassin de Lacq ou du lait vendu en Espagne.
Les entreprises des Pyrénées-Atlantiques exportent, par an, pour plus de 2,5 milliards d’euros (2,656 exactement) de marchandises (1), les biens importés représentant eux un volume estimé à 2,211 milliards d’euros. Moins d’un quart des départements situés en Nouvelle-Aquitaine (la Gironde notamment) peuvent se prévaloir d’une situation aussi flatteuse que l’on doit aux secteurs de l’agriculture, l’industrie et aux produits manufacturés.
Le partenaire privilégié de ces relations commerciales est, sans surprise, l’Espagne, notre plus proche voisin. C’est « tras los montes » que les acteurs économiques du 64 exportent et importent le plus, les exportations par-delà les Pyrénées (739 M€) pesant même plus d’un quart (27,8 %) du total de la balance commerciale.
États-Unis : peut mieux faire…
Les échanges avec nos voisins du sud sont, dès lors, très excédentaires : + 327 M€.
Plus globalement, le top 10 des destinations préférées pour l’export des produits basco-béarnais est constitué pour 80 % de pays membres de l’Union européenne.
Seuls les Etats-Unis et le Canada font exception. Il n’en va pas de même pour l’import, puisque, dans 40 % des cas, les Pyrénées-Atlantiques s’approvisionnent en dehors des frontières de l’Union.
Autre enseignement majeur : l’Allemagne est devenue un partenaire commercial de premier plan (2e place ; + 135 M€ d’excédent), même si le volume des échanges est deux fois moins important qu’avec l’Espagne.
On retiendra aussi que le vaste marché des Etats-Unis (5e seulement) reste un Eldorado à explorer pour les sociétés exportatrices de notre territoire. L’éloignement des marchés situés outre-Atlantique explique sûrement en partie la modestie du chiffre réalisé : moins de 150 M€.
La Chine hermétique
Mais, si on y regarde de près, les plus gros efforts restant à fournir concernent nos relations avec l’empire du Milieu. Comme la plupart des territoires, les Pyrénées-Atlantiques importent beaucoup de produits venant de Chine (2e place ; 293 M€ par an). Hors Europe, on retrouve également les Etats-Unis et le Japon dans le top 10 des plus gros importateurs en P.-A.
Le géant chinois reste, en revanche, pour le moins hermétique aux productions « made in 64 » (une cinquantaine de millions). Il n’apparaît qu’au… 11e rang des pays vers lesquels notre département exporte, derrière… la Belgique et la Suisse. La balance commerciale des échanges avec Pékin est dès lors largement déficitaire : – 250 M€.
(1) Les données compilées par les Douanes ne prennent pas en compte les échanges commerciaux liés à l’armement.
L’analyse d’une experte : « Notre balance a progressé de 216 % depuis 2015 »
Responsable des questions liées au commerce international pour la Chambre de commerce et d’industrie de Nouvelle-Aquitaine, Béatrice Monsempès décrypte la mécanique des échanges commerciaux en Pyrénées-Atlantiques.
- La balance commerciale du 64 est fortement excédentaire. Pourquoi ?
Les Pyrénées-Atlantiques sont un département en pleine croissance. Non seulement cette balance est très positive, mais elle a surtout fortement progressé au cours des trois dernières années : + 216 % par rapport à 2015, où nous en étions à 140 millions d’euros d’excédent. Il faut aussi noter que les chiffres à l’import progressent moins vite qu’à l’export.
- L’Espagne, l’Allemagne et, dans une moindre mesure, le Royaume-Uni sont nos principaux partenaires : un commentaire ?
On travaille bien avec l’Allemagne et bien sûr nos voisins espagnols, car il y a une très grande proximité, y compris culturelle. Au niveau du Royaume-Uni, le volume d’échanges est en recul de 10 % par rapport à l’an dernier à cause des incertitudes liées au Brexit. Si des accords de libre-échange ne sont pas conclus, la France – et donc les Pyrénées-Atlantiques – sera parmi les plus touchés.
- Y a-t-il d’autres motifs d’inquiétude ?
On assiste, dans le secteur aéronautique, à un recul de 3,5 % à l’export, mais cette baisse n’est pas durable. Elle est liée au retard pris par certains programmes importants chez Airbus ou Dassault.
En matière d’import, on assiste aussi à une baisse (8,6 %) au niveau des produits chimiques de base. L’explication est simple : Toray, qui importait sa matière première nécessaire à la fabrication des fibres de carbone, la produit désormais sur place, à Lacq.
- Quelles sont les locomotives départementales à l’export ?
Il y en a beaucoup ! On pourrait citer, pour l’aéronautique qui est un de nos points forts, le groupe Safran bien sûr, mais aussi AD Industrie, Ventana… Euralis, Lindt en matière agroalimentaire, Toray pour la chimie, ainsi qu’un important pôle « oil and gas » qui s’internationalise grâce au travail du pôle de compétitivité Avenia. Mais il y a également beaucoup de savoir-faire reconnu au sein de nombreuses PME et start-up.
- Il semble en revanche plus difficile de s’implanter sur les marchés nord-américains, aux Etats-Unis et au Canada…
Oui. On a affaire là à des réglementations complexes, parfois différentes d’un État à l’autre aux USA. Cela concerne notamment la filière agroalimentaire. Dans leur stratégie d’attaque de ces marchés, les entreprises doivent avant tout bien se renseigner. Se former aussi aux particularités de ces marchés, notamment grâce aux services des chambres consulaires. Et, enfin, arriver à trouver ce qui va faire la différence.
- Le bilan des Douanes révèle que les Pyrénées-Atlantiques sont très peu présentes à l’export en Chine, qui est en revanche un puissant exportateur. Comment inverser la tendance ?
Il y a assez à faire sur des marchés plus proches. Mais, avant d’aller en Chine, il faut très bien connaître ce marché lointain, très différent aussi au plan culturel. Y compris sur la question de la copie des produits, puisque les approches ne sont pas les mêmes.
La meilleure attitude à adopter, c’est l’innovation. Ceci dit, je pense que, historiquement, nos producteurs de vins, par exemple, pourront y trouver leur place.
L’emploi aussi est dépendant des échanges
Selon la dernière enquête de l’INSEE sur le paysage économique de la Nouvelle-Aquitaine, deux salariés sur trois basés sur notre territoire travaillent pour le compte d’un groupe. Dans la très grande majorité des cas, le centre de décision se trouve ailleurs, voire parfois à l’étranger (13 %), principalement aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Voilà pourquoi la bonne santé du marché de l’emploi est également directement liée à la qualité des échanges commerciaux. Toujours selon l’INSEE, le taux de dépendance à l’extérieur est de 43 % en Nouvelle-Aquitaine. Soit quasiment deux fois plus qu’en Ile-de-France où, du fait de la concentration des sièges sociaux, ce problème se pose avec moins d’acuité.
Qui sont les champions béarnais de l’export ?
Le groupe Euralis est le principal exportateur des entreprises béarnaises. Il précède un acteur du secteur parapétrolier (Pride Foramer), le japonais producteur de fibres de carbone Toray et la société Arysta Life Science (produits phytopharmaceutiques), tous deux installés sur le bassin de Lacq. Suivent dans le classement : Baker Hughes (parapétrolier), Fipso (coopérative agricole), Toyal (traitement de l’aluminium), les Etablissements Lapassade (bois), les Eaux d’Ogeu, ou encore Exameca, Arelec et Aquitaine Electronique, des sous-traitants pour l’aéronautique.
On peut retrouver le Top 50 de l’export dans notre supplément annuel « Pyrénées Eco ». (Source : cabinet Pouey International.)