El periódico de Aragón
Ignacio Martín
18/04/2021
Isabel Pardo de Vera pose pour le journal dans le Grand Hôtel de Saragosse. – CHUS MARCHADOR
- Que représente la réouverture de la gare après plus de 50 ans?
C’est un pari pour Canfranc, d’une portée historique et d’avenir en Aragón, avec cette icone architecturale qu’est la gare. C’est un projet qui repose sur la fonctionnalité ferroviaire avec une gare plus fonctionnelle mais qui crée de la valeur. C’est pourquoi la capacité ferroviaire est maintenue dans la nouvelle conception. On a réalisé une structure très fonctionnelle mais dans le souci du moindre détail. (—) La mise en service de cette nouvelle gare s’est faite dans une grande collaboration avec le Gouvernement d’Aragon.
- Divers délais sont évoqués avant de pouvoir franchir le tunnel du Somport. 2025, 2030, 2040… Pouvez-vous donner une date ?
Entre les ministères français et espagnol, la région Aquitaine et le Gouvernement d’Aragon, une série de travaux ont été établis, qui ont obtenu des aides européennes. Les quatre acteurs se sont répartis les différentes actions. Nous étudions le coût d’adaptation à une ligne interopérable Saragosse-Canfranc, Huesca-Canfranc. Les autres acteurs étudient la réouverture et l’adaptation du tunnel du Somport. Et au-delà, Pau-Saragosse. Mais il est vrai qu’il y a encore beaucoup à faire pour pouvoir ouvrir cette ligne car on parle aujourd’hui d’autres spécifications…
- Pouvez-vous donner un délai ?
L’important est que les quatre acteurs poursuivent le même objectif. Si un seul ne joue pas le même jeu, cela ralentira l’opération. Jusqu’à présent les délais prévus ont été respectés. Mais je ne me risquerai pas à donner une date. Ce serait téméraire de ma part.
- La France et l’Europe ont-elles la même volonté politique que l’Aragon de mener à bien ce chantier ?
L’Europe est parfaitement alignée et il n’y a aucun doute avec l’Aquitaine. Avec la France d’intenses sommets interministériels sont tenus et j’espère que les investissements nécessaires du côté français pour la connexion effective des deux pays seront planifiés plus tôt que ce que l’on peut craindre. Si nous étions les seuls à le faire, cela n’aurait aucun sens. Il y a eu de nombreuses réunions et je crois que l’Europe aura un rôle essentiel à jouer.
- Pour le couloir Atlantique-Méditerranée les appels d’offres ont été lancés sur une grande partie de la ligne, principalement entre Teruel et Sagunto. Il reste à relier Saragosse à Castejón et l’Y Basque.
Nous avons établi un plan de modernisation de la ligne que nous pourrions qualifier de rénovation complète car on peut parler d’obsolescence par manque d’entretien durant de nombreuses années. Cela revient pratiquement à faire une ligne neuve sur le même tracé. Nous avons conclu un accord avec le port de Valence qui va nous aider à renforcer la ligne de presque 30 millions d’euros, qui pourra être augmenté. Les travaux partent de la rénovation de la plateforme pour supporter les 22,5 tonnes à l’essieu. Nous construisons sept voies de garage, ce qui augmente énormément la capacité de la ligne et nous avons implanté la liaison train-terre, ce qui permet de circuler 24 heures sur 24. Il reste le problème de l’électrification, qui est en appel d’offres entre Teruel et Saragosse, mais il manque encore la section jusqu’à Sagunto, qui a été retardée par le dossier environnemental. Au total, l’investissement programmé est de 440 millions. Nous tenons le planning, très réaliste, avec un investissement rationnel. Il faut se rendre compte de l’effet d’entrainement de cette ligne de marchandises, qui est passée de trois ou quatre trains par semaine à 40. La tendance est à la hausse sur cet axe qui est stratégique pour nous.
- Où en est-on entre Saragosse et Castejón?
L’étude préliminaire en cours de rédaction sera bientôt achevée. (—)
- Que pensez-vous de la nouvelle autoroute ferroviaire entre Saragosse et Algésiras ?
Nous devons avoir conscience que le transport de marchandises par fer a été un échec complet. Même avec la libéralisation, faisant appel à des opérateurs en concurrence qui occupent 39% du marché, non ne dépassons pas 4,9% de part de marché. C’est un des plus bas d’Europe.
- Que se passe-t-il ?
Beaucoup de choses. Nous avons le problème des deux largeurs de voies, (—), mais ce n’est pas la seule cause de l’échec. Cela est dû à une politique de transports avec une vision très biaisée de ce que doit être la logique du transport. Autrement dit, la synergie port-chemin de fer. Nous avons bien avancé dans ce domaine, nous avons des accords avec pratiquement tous les ports pour établir un fonctionnement unique. Et puis il y a l’externalisation des coûts. Nous devons tenir compte du fait que le secteur du transport routier est le tissu d’entreprises de notre pays, et donc nous ne pouvons pas le déloger de façon agressive pour faire un transfert modal. Le concept d’autoroute ferroviaire est la clef de la multimodalité. Il ne s’agit pas de remplacer l’un par l’autre, mais de les concilier pour faire un système plus efficient et compétitif. La logistique a un impact direct sur toute l’activité du pays et même sur la qualité de vie.
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- Avec cet axe et l’axe Atlantique-Méditerranée, est-ce que la traversée centrale ne perd pas son intérêt ?
Non, elle est également à l’agenda. Mais il faut commencer la maison par les fondations. Tout d’abord, mise en route de l’autoroute dès que possible. Une fois qu’elle monte en charge avec un trafic important, on activera la traversée centrale. Mais pour cela, il faut que nous ayons des marchandises à transporter par fer.
- Qu’est-ce que cela représente pour Saragosse?
Saragosse est un nœud logistique pour l’Espagne en matière de marchandises. La plateforme Plaza est prête dès à présent pour accueillir l’autoroute ferroviaire. Saragosse est un nœud central de toutes les marchandises du pays, et pas seulement du Nord-est.
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- Y-a-t-il des investissements de prévus en Aragon dans les prochaines années ?
On prévoit 400 millions sur la période 2021-24, outre l’autoroute Algésiras-Saragosse. Il reste à éliminer des situations de danger, en particulier aux passages à niveau, qui sont plus de 4.500 en Espagne.
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