Guillaume Pépy :

Nov 23, 2016 | Ferroviaire, Presse française

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Lartigue Stephane

Le PDG de la SNCF, mardi à Bordeaux, a fait le point sur l’entreprise et notamment l’ouverture, le 2 juillet 2017, du tronçon qui met la capitale à deux heures

Le PDG de la SNCF, Guillaume Pépy, était mardi à Bordeaux pour évoquer le Forum des Métiers et de l’Emploi qui se déroulera ce mercredi, entre 10h et 18h30, à l’Espace Darwin.

La SNCF est une entreprise qui recrute ?

En Nouvelle-Aquitaine, la SNCF recrute 400 postes d’ici à la fin de l’année 2017. Cela représente une vingtaine de métiers différents comme aiguilleurs du rail, techniciens pour la voie et la signalisation, métiers commerciaux, mais aussi conducteurs de tramway ou de bus pour notre filiale Keolis, spécialisée dans les transports urbains. La SNCF offre des postes aux profils très divers et il faut savoir que 20% des embauches concernent des candidats qui n’ont pas le bac.Ce forum a deux utilités. D’abord identifier les candidats que nous invitons à se présenter et fournir toutes les informations nécessaires à celles et ceux qui sont intéressés.

La SNCF offre donc des postes mais a-t-elle toujours des difficultés à attirer des candidats ?

Les métiers dans une entreprise de transport ne sont pas des métiers comme les autres, il est nécessaire de la rappeler. Une entreprise de transport fonctionne 365 jours sur 365, souvent 24 heures sur 24. Ce ne sont pas des horaires de bureau. Il y a des garanties, notamment en matière d’emploi, mais il y a aussi des contraintes. Pour briguer les postes que nous proposons, il faut être motivé.

Ces postes sont-ils liés à l’ouverture de le ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux ?

Non, les recrutements ont déjà été faits pour cette ligne qui entre en service le 2 juillet 2017. Mais, en Nouvelle-Aquitaine, nous avons énormément de travaux de modernisation de gares et de voies. Et puis, nous avons également de gros besoins chez Keolis, notamment à Bordeaux avec les extensions de ligne du tramway.

Vous évoquiez la LGV Tours-Bordeaux. Le bras de fer avec le concessionnaire Lisea sur le nombre de dessertes quotidiennes appartient-il désormais au passé ?

Absolument, ce débat avec Liséa n’est plus d’actualité. Ce qui est en revanche d’actualité, c’est de réussir le lancement dans sept mois, le 2 juillet 2017, et de faire de la ligne un succés. Il y aura 33,5 allers-retours quotidiens entre Bordeaux et l’Ile-de-France dont 18,5 allers-retours Paris-Bordeaux directs. C’est une offre incroyable : 35000 places par jour entre Paris et Bordeaux, soit cinq fois le trafic aérien. Mais nous sommes confiants, pour plusieurs raisons. D’abord bien sûr parce que le temps de trajet sera imbattable :  2h04 de gare à gare au lieu  de 3h20 avec, de surcroît, une heure de gagnée au sud  de Bordeaux.

Ensuite parce que Bordeaux disposera d’une nouvelle gare, absolument splendide et que Montparnasse va bénéficier d’importants travaux. Enfin, parce que nous allons offrir aux voyageurs un service de très grande qualité. Wifi à bord, quatre places pour les personnes à mobilité réduite, tri sélectif à bord, écrans d’information, fauteuils plus spacieux et plus confortables aussi bien en première qu’en deuxième classe. Le bar, qui était très critiqué, a lui aussi été repensé avec des coins privatifs beaucoup plus sympas. 45 rames à un étage dites  » Océane  » ont été commandées. La livraison s’effectuera jusqu’à fin 2019 à raison d’une par mois. Mais certaines vont déjà être mises en service sur la ligne actuelle dès le 11 décembre afin d’être rodées.

Pour vous, la ligne à grande vitesse doit-elle se prolonger au sud de Bordeaux ?

Le débat est vif mais il est indispensable. C’est un débat entre les élus, l’Etat et les citoyens, la SNCF n’y participe pas et c’est très bien comme çà. Notre rôle se limite à apporter les éléments sur la table, de la façon la plus précise possible, mais la décision ne nous appartient pas. Ce que je peux vous dire, c’est que le financement de cette ligne ne pourra pas faire appel à la dette de SNCF Réseaux.

Peut-on de nouveau recourir à un partenariat public-privé comme pour la ligne Tours-Bordeaux ?

Mon impression est que çà n’est plus d’actualité.

Mais Bordeaux peut-elle rester un cul-de-sac, selon l’expression d’Alain Rousset, le président de la Nouvelle-Aquitaine ?

La SNCF est une entreprise qui appartient à tout le monde. A vous, à vos lecteurs, aux habitants de la Région. Elle ne peut pas prendre parti sinon ça choquerait tout le monde.

Quel bilan tirez vous de la loi de réforme ferroviaire, promulguée en 2014 ?

L’objectif de cette loi était de moderniser la SNCF et d’en faire une entreprise compétitive . Le rapport des deux députés Gilles Savary et Bertrand Pancher donne un satisfecit à l’unification de la SNCF qui était coupée en deux. Pour les élus, il fallait jouer au ping-pong entre la SNCF et RFF. Aujourd’hui, c’est plus simple, plus efficace et surtout plus économe. Nous avons réalisé des économies sur nos exercices 2015 et 2016. L’autre bénéfice de la réforme est que nous disposons désormais d’une convention collective et d’un accord d’entreprise. En revanche,  le  traitement de la dette reste à faire et le financement des infrastructures n’est toujours pas correctement assuré en France. Ce volet financier reste un immense chantier.

Avez vous des propositions à formuler ?

Il y a toute une variété de solutions dans les autres pays d’Europe : une contribution écologique, le financement par l’Etat ou une taxe sur le transport routier. Mais aucun pays ne finance par la dette. C’est un sujet essentiel qui fera certainement partie des débats électoraux à venir.

Précisément, l’actualité immédiate met en avant les solutions très libérales prônées par un des candidats à la primaire de la droite. Vous craignez des répercussions sociales à la SNCF ?

Vous savez, les cheminots sont des gens lucides. La concurrence existe déjà avec l’avion, la voiture et le co-voiturage. Demain, cette concurrence sera encore plus forte avec d’autres opérateurs. La SNCF doit s’adapter, c’est vital, et c’est le cas, croyez-moi. Certains me disent même que c’est rapide. Trop rapide. Mais nous avons déjà mis en place notre service low cost avec Ouigo, qui connaît un réel succès, notre service de cars avec Ouibus et notre service de co-voiturage avec Ouicar. Et nous revoyons complètement l’économie de nos TER avec un seul objectif, baisser la facture des régions qui achètent ces trains. J’ajoute le projet  » Digital pour tous » qui doit faire de la SNCF une entreprise de services de mobilité. Nos clients ne vont pas de gare en gare mais d’une adresse à une autre, et c’est à nous de proposer des services de bout en bout.

A propos de Ouigo, la Nouvelle-Aquitaine sera-t-elle bientôt desservie ?

Oui, dès le 2 juillet 2017 avec deux dessertes quotidiennes. L’une entre Bordeaux et Roissy-Charles-de-Gaulle, l’autre entre Bordeaux et Massy-Palaiseau.

Avez vous le sentiment que l’Etat vous fait avaler des couleuvres, par exemple avec l’achat de rames TGV Alstom pour la ligne Bordeaux-Marseille qui n’est pas à grande vitesse ? 

Je vous rappelle que les trains InterCités comme Hendaye-Toulouse ou Bordeaux-Nantes sont des trains d’Etat. C’est l’Etat qui décide et la SNCF qui exploite. L’Etat a pris la décision d’acheter un certain matériel, c’est sa compétence. D’ailleurs, d’ici à la livraison de ce matériel, en 2021, il est possible que l’exploitation de la ligne soit mise en appel d’offres. La SNCF se présentera mais elle ne sera pas seule.

La décision du gouvernement a néanmoins été sévèrement jugée.

C’est un choix qui relève de l’Etat. Chacun sa compétence.

Et le conflit pendant les manifestations contre la loi travail ?

No comment. Les commentaires ont été faits par la presse, elle fait son travail.

Où en êtes vous du chantier sur la sécurité des voyageurs ?

Chez nous, çà s’appelle la sûreté, c’est une subtilité de langage. Les décrets d’application de la loi Savary ont été signés. Ce qui autorise désormais la fouille des bagages et la présence d’agents en civil armés. Autre nouveauté du côté des nouvelles technologies avec une meilleure analyse des images vidéo pour repérer les comportements suspects. A l’arrivée de la LGV Paris-Bordeaux le 2 juillet 2017, des portiques anti-fraudes seront installés dans toutes les gares, dont celle de Bordeaux, évidemment. La sûreté des  voyageurs et des agents, c’est un impératif absolu  qui passe avant tout le reste.

L’ouverture à la concurrence sera effective en 2019 pour les TGV. Serez vous toujours le président de la SNCF ?

Mon mandat se termine le 15 juillet 2020. Cela répond à votre question.

logo Sud Ouest du 22 novembre 2016

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