La SNCF ne financera pas la démolition-reconstruction des deux ailes de la gare, pour le futur pôle multimodal. La Ville de Pau ne veut pas s’en satisfaire.
Les rapports entre la Ville et la SNCF n’étaient déjà pas au beau fixe. On se souvient du coup de gueule de François Bayrou qui avait fait part de son « indignation » lors d’un conseil communautaire en septembre au sujet de l’accessibilité de la gare « toujours pas acquise ». Le président avait même menacé : « Je ne sais pas s’il existe des actions en justice, mais si c’était le cas, je serais prêt à les conduire contre une telle impéritie ».
Un agacement qui s’est une nouvelle fois fait entendre dans la salle du conseil, cette fois, municipal, ce lundi 20 mai, alors que les élus devaient voter pour le financement d’études pour la démolition/reconstruction de bâtiments de la SNCF, notamment les deux ailes de la gare, afin de dessiner le futur pôle d’échanges multimodal (PEM). Un chantier évalué à quelque 2 millions d’euros TTC quand l’ensemble du PEM coûtera 22 millions.
Pas demandeur, pas payeur
Pour ces études, la participation se répartit entre l’Agglo, le SMTU, la Région et la Ville. Pas la SNCF, ce qui agace les élus palois. On est loin de la phase détendue lors de la visite de la ministre des Transports, Élisabeth Borne à Pau et en gare, le 26 avril, où la ville-agglo, le train et le futur Fébus semblaient sur un long fleuve tranquille.
« C’est une situation complexe et très contemporaine », ont introduit de concert le maire et son premier adjoint Jean-Paul Brin au conseil. Car l’après-midi même, les partenaires du PEM s’étaient retrouvés pour un comité de pilotage. « C’est la politique de la SNCF », décrit en substance l’adjoint qui se met dans la peau de ses interlocuteurs : « Nous, on n’est pas demandeur de l’aménagement du pôle multimodal, donc vous faites ce que vous voulez, mais vous payez ». « Sauf que, estime-t-il devant les élus, c’est quand même une plus-value considérable pour la gare de Pau, sa circulation, son fonctionnement, et que cette position est totalement inacceptable ! »
« Est-ce qu’on le vote ce soir ? » a demandé Jean-Paul Brin en se tournant vers François Bayrou. Celui-ci a répondu, visiblement amusé « On peut le voter, comme disent les jésuites, avec restrictions mentales ».
Joint par nos soins, le directeur régional de SNCF Gare et connexions qui est en charge de ce dossier, s’est dit « un peu étonné » de cette sortie en public, alors que « nous discutons très régulièrement, comme des partenaires », confie Stéphane Lambert qui était présent au comité de pilotage.
Il apporte une toute autre lecture du sujet. S’il confirme la position de la SNCF, le directeur régional précise que « le pôle multimodal est un tout, qui implique des travaux en gare et des investissements conséquents pour la SNCF, mais pas sur la partie urbaine du projet ». Il évoque notamment les travaux d’accessibilité, que le PEM va déclencher – une info que les Palois seront ravis d’apprendre (lire aussi ci-contre). « Sur les deux dernières années et jusqu’en 2020, nous mettons 1,5 million sur la modernisation de la gare, ajoute le dirigeant, qui est je le rappelle, une des mieux notées de France par les voyageurs ».
La SNCF va perdre des revenus
« Pour la grande ouverture du parvis que tout le monde souhaite, insiste Stéphane Lambert, il faut démolir au moins l’aile est de la gare, démolir celle à l’ouest est souhaitable, pas indispensable. Ce sont des bâtiments dont nous sommes propriétaires et qui sont viables, même s’ils ne sont pas de dernière fraîcheur. Et nous y accueillons des locataires, des services de la SNCF qui nous paient des loyers. Le bâtiment reconstruit ne sera pas un foncier de la gare et nous aurons donc une perte de revenus ».
SNCF Gare et connexions exploite par ailleurs le parking payant devant la gare qui va disparaître avec le PEM. « Ce sont des pertes de ressources significatives, une contribution que nous assumons », défend le directeur.
Les deux parties s’annoncent prêtent à poursuivre le dialogue et estiment que ce bras-de-fer ne remet pas en cause le projet, même s’il pourrait être modifié à la marge, à moins qu’un autre partenaire financier mette la main à la poche. L’État ?
Accessibilité de la gare : une décision en fin d’année
Lors du récent comité de ligne du Béarn (notre édition du vendredi 26 mai), qui s’est tenu à Oloron, SNCF Réseau a été interrogé sur l’accessibilité de la gare de Pau, dossier qui n’avance pas depuis des années et qui dissuaderait de plus certains de prendre le train.
Le dossier pourrait toutefois avancer selon le représentant de l’entreprise. L’étude pour la construction d’une passerelle est en effet en cours et doit être rendue fin juin » a indiqué SNCF Réseau. La construction d’un ouvrage doit toutefois tenir compte de l’environnement patrimonial afin de s’insérer au mieux dans le paysage.
« L’agglomération de Pau a également souhaité que soit étudiée la possibilité d’un aménagement souterrain » a poursuivi SNCF Réseau. Une option qui ressemble donc à celle mise en place à Orthez il y a quelques années. L’étude pour ce type de franchissement doit-elle être rendue à l’automne. SNCF Réseau indique qu’il faudra notamment s’assurer que la proximité du gave ne soit pas une menace pour un souterrain. La décision finale sur le mode d’accessibilité retenu devrait être prise en fin d’année.