L’organisation de ce sommet sur la côte basque coûtera 24 M€, selon une première estimation. Près de 15 000 membres des forces de l’ordre pourraient être mobilisés !
Du 25 au 27 août prochain, Biarritz deviendra le centre du monde. Le président Emmanuel Macron a, on le sait, décidé d’y organiser le G7 – club des pays les plus riches de la planète – dans le cadre de la présidence française pour l’année 2019.
Déjà en cours de préparation, l’événement, rare en France (1), va mobiliser beaucoup de ressources. Et des fonds importants. Le premier cadrage financier figurant sur un document stratégique, rédigé par le service du protocole, fait état d’une enveloppe atteignant 36 millions d’euros, dont 24 millions pour la seule organisation du sommet. « Elle concerne les dépenses correspondant à la location d’espaces, aux transports, à la restauration, aux équipements et prestations de sécurité, etc. […] La configuration des différents sites exige une adaptation […] avec notamment l’installation de points d’inspection et de filtrage », est-il écrit en substance. Précisons que ces dépenses n’englobent pas les nécessaires travaux d’aménagements qui seront réalisés sur l’Hôtel du Palais, véritable cœur de ce G7.
Des « impacts » jusqu’à Pau
Une « zone rouge » sera instaurée autour du site emblématique, où devraient loger les chefs d’Etat et de gouvernement, et du casino. Cela signifie que tout ce secteur sera entièrement bunkérisé, mis en quelque sorte sous cloche par un très impressionnant déploiement de forces de l’ordre. Le chiffre de « 12 000 à 15 000 hommes » a déjà été avancé par une source proche de l’organisation qui, sans plus de précisions, évoque également « des impacts sur les gares régionales et les trois aéroports les plus proches que sont Biarritz bien sûr, Pau et Fontarrabie ». La circulation dans l’agglo bayonnaise, en cette période chargée de fin d’été, pourrait aussi se révéler délicate.
Par ailleurs, 3 000 journalistes du monde entier sont également attendus. Ainsi que les membres de délégations parfois imposantes, à l’image des… 1 000 fonctionnaires américains annoncés dans le sillage du président Donald Trump, dont les véhicules blindés arriveront par vols spéciaux. Bref, les questions de sécurité risquent de tourner au casse-tête, et dans des proportions sans commune mesure avec le sommet France-Afrique (27 chefs d’Etat) déjà accueilli par Biarritz en 1994.
Président du comité de pilotage de ce G7, en qualité de préfet des Pyrénées-Atlantiques, Gilbert Payet, désireux de « parvenir à un équilibre délicat », n’ignore pas les difficultés à venir. Lors d’une réunion du Copil, il résumait en quelques mots ce véritable challenge : « Il faudra essayer de faire accepter les contraintes par la population, de concilier d’importants impératifs de sécurité tout en faisant en sorte que la vie quotidienne puisse se poursuivre. »
Il y aura tout de même des retombées positives. Selon l’UMIH (Union des métiers de l’hôtellerie-restauration), le niveau de réservations pour août 2019 « est déjà élevé ».
(1) Deauville a reçu le G7 en 2011.
Aéroport biarrot : une piste trop courte pour Trump ?
L’aéroport de Biarritz a décidé de faire un brin de toilette. On sait que la plateforme sera fermée de début février au 4 mars 2019, ce qui donne d’ailleurs à son homologue Pau-Pyrénées l’occasion d’accueillir, pour quelques semaines (voire plus…), la compagnie low cost EasyJet. Les travaux qui sont prévus concernent notamment la piste principale.
Même si, officiellement, le lien n’est pas direct, la tenue du G7 n’est pas étrangère à cette opération de réaménagement. Selon plusieurs indiscrétions, la longueur actuelle (2 250 mètres) de la piste biarrote poserait problème. Le mythique Boeing « Air Force One », à bord duquel se déplace le président des Etats-Unis, pourrait bien se poser à Biarritz après avoir vu son poids très allégé par la consommation de kérosène nécessaire au vol au-dessus de l’Atlantique.
En revanche, ça coince pour le retour, car une fois le plein effectué, « Air Force One » est sensiblement plus lourd… Un retour depuis la base militaire 118 de Mont-de-Marsan serait envisagé. Mais ce scénario impose de sécuriser le trajet entre la côte basque et les Landes…
Un G7, c’est quoi ?
Il s’agit d’un forum diplomatique réunissant les membres permanents de ce club (créé en 1975) qui regroupe les pays les plus riches de la planète. Outre le président français Emmanuel Macron, sont attendus à Biarritz : Donald Trump (États-Unis), Theresa May (Grande-Bretagne), Angela Merkel (Allemagne), Shinzo Abe (Japon), Justin Trudeau (Canada) et Guiseppe Conte (Italie). Ils aborderont les grands sujets planétaires avant de signer une déclaration commune.
Déjà des opposants
Les premières oppositions à l’organisation du G7 dans la cité balnéaire basque n’ont pas tardé à se manifester. Début octobre, plusieurs tags ont notamment été vus sur la digue de Tarnos. Des militants du mouvement « Black Bloc » ont écrit : « Le monde déteste le G7… et inversement ». Par ailleurs, un collectif, dont le nom ne laisse aucun doute (« No G7 in Biarritz), a aussi été créé sur Internet.