L’Agglomération s’est engagée à doter le cœur de son territoire en fibre optique avant 2020. À onze mois de l’échéance, point de situation sur ce déploiement.
En 2020, le cœur de l’Agglomération doit être couvert par la fibre optique.
Un territoire qui recouvre les villes de Pau, Idron, Billère, Lescar, Lons, Bizanos. Pour les autres communes, le Département est dans la boucle. À un an de l’échéance, état des lieux du déploiement technologique promis par François Bayrou.
En janvier 2018, 62 078 prises de fibre optique avaient été câblées par l’opérateur Axione, mandaté par la communauté d’agglomération. Depuis ? Un nouveau contrat de délégation de service public a été conclu en octobre 2018 avec Axione, pour une durée de 15 ans. Il prévoit la continuité d’exploitation des prises déjà installées et la modernisation du réseau à la norme d’un gigabit. Cet accord planifie également la construction de 27 500 prises supplémentaires dont 6 % sont déjà concrétisées, soit 1 700 prises.
Les techniciens effectuent en moyenne 20 à 25 raccordements de ligne par jour chez les particuliers pour le compte de SFR. « Des pics à 42 interventions par jour ont été observés, notamment en période de fête avec les promotions sur les box internet », confie Philippe Gradinac, chef de projet territoires connectés chez Axione.
« Il reste encore des ‘zones blanches’ disséminées à travers les quartiers palois et représentant 3 000 prises », admet Thibault Chenevière, adjoint de la Ville délégué au numérique. L’Agglomération a d’ailleurs mis à la disposition des usagers un site internet, dédié à l’avancement des travaux avec un code couleur par secteur géographique. Un numéro azur (0811 886 400) et un mail (contact@lafibrepaloise.fr) peuvent également renseigner les habitants. À Pau, les quartiers dépourvus de fibre se situent historiquement au nord : l’Hippodrome, les Lilas, l’Hôpital, et Indus Nord. Il y a des poches aussi à Trespoey », liste l’élu.
Pau, plus ancien réseau d’Europe
Si le « timing est bon », Thibault Chenevière concède un retard de « quelques semaines » sur certains immeubles. L’Agglomération a en effet besoin de l’accord des syndicats de copropriétaires pour réaliser les travaux de raccordement. L’élu exhorte ainsi les syndicats à tenir des conseils d’administration rapidement.
Les équipes d’Axione procèdent dans le même temps à un « travail de fond, invisible pour les riverains ». Il s’agit en effet de travaux de « ré-ingénierie ». Leur but : adapter le réseau en mode passif afin d’accueillir les autres gros opérateurs (Free et Bouygues) d’ici « la fin de l’année ». L’Agglo dispose déjà de 144 points de mutualisation, lieux de connexion entre les habitations et les opérateurs commerciaux.
Ces poteaux en bois qui poussent pour faire transiter les câbles de fibre…
Pour installer la fibre, l’Agglomération utilise à la fois les voies aérienne et souterraine, en fonction de la configuration des lieux. Selon les chiffres avancés par l’opérateur Axione, en charge des travaux, l’aérien représenterait 25 % du réseau. « Enterrée ou aérienne, la qualité de la bande passante est la même. Pour l’usager final, ça ne change rien », assure Philippe Gradinac, chef de projet territoires connectés chez Axione.
Grâce à des conventions passées avec Enedis (ex-Erdf) et Orange, les câbles de fibre optique transitent sur les poteaux de béton traditionnel. Mais dans certains endroits, comme dans le bas de la rue Montardon et ses rues adjacentes ou l’avenue Philippon, de nombreux piliers de bois ont poussé sur les trottoirs afin d’acheminer le très haut débit…
Un algorithme à l’origine les piliers
« Nous préférons bien sûr tout enterrer mais c’est beaucoup plus cher et cela cause un autre type de nuisances avec l’ouverture des chaussées », explique Philippe Gradinac. « Ces poteaux permettent d’accélérer le déploiement en minimisant les coûts car il n’y a pas de phase de génie civil à réaliser », complète Thibault Chenevière, adjoint au numérique.
Pourquoi alors ne pas utiliser systématiquement les pylônes existants ? « C’est un algorithme qui calcule ces implantations. Il tient compte de la traction des fils entre les piliers », explique l’adjoint. Si elle est trop importante, un nouveau pilier est donc installé. Reste que ce dispositif n’est pas des plus esthétiques. « L’impact visuel n’est pas si important, seulement un câble de plus », minimise le chef de projet.
Outre cet aspect, le câblage aérien présente un inconvénient en matière d’exploitation. En effet, une réparation sur une ligne nécessite l’intervention d’une nacelle et d’équipements de hauteur spécialisés. « C’est plus contraignant que d’intervenir en sous-sol où le linéaire est plus accessible », admet le technicien. Pour tenir les délais du chantier, l’Agglomération risque de recourir encore à cette technique.
Quid du déploiement pour le reste de l’Agglo ?
Hors du périmètre des six communes du cœur d’Agglo, le déploiement est assuré par Fibre 64, un syndicat mixte ouvert (SMO) du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques. Sur les communes de Lee, Mazère-Lezons, Jurançon et Gelos, le déploiement s’effectue de façon hybride avec une collaboration entre la Fibre 64 et l’Agglomération.
Pour réaliser les travaux, c’est l’opérateur SFR qui a été retenu en novembre dernier, comme concessionnaire de service public pour une durée de 5 ans. SFR a lancé une phase d’étude technique qui doit prendre fin au mois de mars.
Ces résultats devraient permettre de déterminer un calendrier plus précis des chantiers. « Le SMO va installer 22 000 prises par an d’ici fin 2019, ensuite le rythme passera à 60 000 prises par an jusqu’en 2023. Il ne faut pas qu’il y ait trop d’écart de temps entre les communes desservies », a indiqué Nicolas Patriarche, président de l’Agence départementale du numérique. « J’espère que d’ici les 2-3 premières années de la délégation l’ensemble du déploiement sera réalisé. C’est mon objectif », a poursuivi Nicolas Patriarche qui a prévu des réunions par canton à partir du mois de mars.
Des opportunités d’emplois à saisir
Avec le déploiement de la fibre, l’entreprise Axione, d’origine paloise, est en pleine croissance. « En trois mois, nous avons doublé nos effectifs de techniciens intervenants », témoigne l’un des chefs d’équipe. Et la société recherche encore des techniciens sachant souder la fibre de verre et le cuivre. En partenariat avec le GRETA Sud-Aquitaine, des sessions de formation raccordeur en fibre optique sont dispensées au lycée Saint-Cricq.