Le comité des lignes des trains express régionaux du Béarn s’est tenu ce jeudi soir à Oloron. Les horaires des lignes et notamment de la Pau-Bedous font débat.
« À nous de vous faire préférer le train. » L’ancien slogan de la SNCF (il a plus de 20 ans) est régulièrement battu en brèche au fil des comités de lignes des trains express régionaux (TER) qui offrent l’occasion aux usagers de soulever les problèmes qu’ils rencontrent avec le train. Le comité des trois lignes du Béarn n’a pas échappé à la règle ce jeudi soir à Oloron.
La fréquentation des trois lignes Pau-Bedous, Bordeaux-Pau-Tarbes et Bayonne-Tarbes ont bien entendu pâti en 2018 des mouvements sociaux du printemps. 2019 a débuté sous de meilleurs auspices. À noter que la proportion d’abonnés sur la ligne Pau-Bedous (500 voyageurs/jour selon la Région) a baissé, passant de 43 % en 2017 à 38 % en 2018. Plusieurs questions ont d’ailleurs été soulevées par les usagers de la ligne sur les nouveaux horaires mis en place en février 2019.
Pour Renaud Lagrave, vice-président de la Région en charge des transports, ces nouveaux horaires devaient permettre aux élèves du lycée professionnel du IV septembre à Oloron et aux salariés de l’usine Safran landing systems (ex-Messier) à Bidos de bénéficier d’horaires mieux adaptés.
Le « casse-tête » des horaires
« C’est le troisième changement d’horaire depuis septembre, déplore une abonnée oloronaise. C’est stressant. En tant que salarié, c’est vraiment fatiguant. Décidez-vous une bonne fois pour toutes. » Les horaires des trains ne collent pas avec ceux d’un salarié à 39h, fait remarquer une Paloise « Et quand je prends la route, je vois énormément de voitures sur la route avec une seule personne à bord. Il y a un enjeu environnemental évident. Il faudrait augmenter les fréquences. Le train c’est plus reposant. C’est même plus rapide. »
Certains ont abandonné et sont venus le dire. « Maintenant on fait du covoiturage », regrette une salariée paloise qui travaille à Oloron. Huit futurs anciens abonnés seraient dans son cas. Ce qui vient un peu contredire la formule de l’élu régional au moment de promouvoir le tarif tribu. « Je n’ai rien contre le covoiturage mais c’est mieux en train. On évite d’avoir les valises dans les dents à cinq dans une Clio. » Au fond, « la difficulté, c’est que chacun a sa réalité, répond la Région. Construire des horaires qui conviennent aux usagers, c’est un vrai casse-tête. »
Des solutions sont proposées dans la salle. Quid du croisement à Buzy qui permettrait un cadencement plus important ? « Techniquement possible », répond en substance SNCF Réseau mais pas sur le plan de la réglementation. « Il faudrait changer la signalisation sur toute la ligne. » Ce qui sera de toute façon une obligation si elle se poursuit jusqu’à Canfranc. Et sur ce dossier, la Région affirme multiplier les réunions techniques à Madrid avec ses partenaires espagnols et européens. « Il ne manque qu’un acteur, c’est l’État français qui a décidé que cette ligne ne l’intéressait pas. »
« La pire ligne de Nouvelle Aquitaine »
Du côté de la régularité et de la ponctualité, c’est toujours la ligne Bayonne-Tarbes qui porte le bonnet d’âne en Béarn. Avec 77 % de trains à l’heure, « c’est toujours la pire ligne de Nouvelle Aquitaine », grogne Renaud Lagrave. Le léger mieux de ce début d’année est jugé insuffisant. « 80 % de trains à l’heure, quand vous allez travailler, ça veut dire que vous êtes en retard deux jours par semaine. » Le problème, c’est qu’il n’y a pas qu’une cause à ce lourd désagrément. L’infrastructure de la ligne, une voie unique, entre Puyoô et Bayonne, la signalisation ancienne et l’exploitation par la SNCF sont pointés. Il sera difficile de rentrer dans les clous des exigences de la Région dans la nouvelle convention qu’elle a signée avec la § SNCF : atteindre 95 % de régularité, sur toutes les lignes, d’ici 2024.