Des maires français demandent l’interdiction de passage des matières dangereuses par le Somport, le principal passage frontalier aragonais

Juin 8, 2019 | Presse espagnole, Relations transfrontalières, Routier

HERALDO DE ARAGON
8/6/2019
Ramón J. Campo
Rubén Darío Núñez

Les maires des neuf premiers villages français de la vallée d’Aspe à la sortie du tunnel du Somport ont signé cette semaine un accord pour interdire le passage des matières dangereuses par la RN-134. Cet arrêté publié par les mairies doit cependant être confirmé par le préfet -équivalent du delegado del Gobierno– pour qu’il prenne effet sur les camions espagnols qui parcourent cette route.
Les transporteurs du Haut Aragon critiquent sévèrement cette proposition et exigent des garanties de l’Union Européenne pour pouvoir continuer de franchir le versant français du Somport car ils n’ont pas d’autre alternative pour passer la frontière, le Pourtalet étant « bien pire » et le tunnel de Bielsa étant d’ores et déjà interdit aux matières dangereuses.
Le Creloc, l’homologue de Crefco en France, qui lutte également pour la Réouverture de la Ligne ferroviaire Oloron-Canfranc, explique que par cette initiative, les maires de la vallée d’Aspe ouvrent une bataille qui a déjà été livrée dans les Alpes.  » Cet arrêté va sans doute être annulé par le préfet, à qui il revient de mettre les panneaux d’interdiction, car c’est une route nationale. Mais les maires ont le soutien des habitants de la vallée. Et dans les Alpes, les riverains ont déjà gagné deux fois dans leur lutte contre le trafic de matières dangereuses « , indique Gerard Lopez, vice-président de Creloc.
Les maires d’Urdos, Borce, Etsaut, Accous, Osse-en-Aspe, Sarrance, Lees-Athas, Bedous et Cette-Eygun se sont réunis lundi dernier et ont conclu un accord qu’ils préparaient depuis plusieurs mois, en réponse à l’accident d’un camion en aout 2018, qui provoqua la mort du chauffeur, un habitant de Jaca de 45 ans, et le déversement de sa citerne de chlorite de sodium dans le Gave d’Aspe.
« Nous ne savons pas si cet accord prendra effet, mais nous avons la volonté de prendre une décision significative pour la vallée d’Aspe », explique la maire d’Accous, Paule Berges, à La République des Pyrénées. «Nous devons rester solidaires entre nous si on veut préserver la sécurité de nos habitants et notre environnement», dit Patrick Maunas, de Lées-Athas.
Dans le cadre de cette mobilisation, une simulation d’accident d’un camion de matières dangereuses a été organisée à Sarrance en vallée d’Aspe le 24 mai dernier, à l’initiative du collectif ‘Stop camions’.

Pour Fernando Callizo, président de l’Association des Transporteurs de Marchandises de Huesca, la proposition des neuf maires français est  » pure folie car elle n’offre aucune alternative ». Et il attire l’attention sur le grave préjudice que subiraient en particulier les entreprises de la province « car la majeure partie du trafic qui passe par là, hormis les céréales, est toute la production chimique des usines de Sabiñánigo, qui sont des matières dangereuses ».
A son avis, les maires français devraient « se préoccuper davantage » d’exiger de leur Gouvernement qu’il avance dans l’amélioration de leurs routes et dans la construction de contournements « ce qui éviterait le passage des camions et donnerait davantage de sécurité routière ».
Callizo espère que le Gouvernement d’Aragón « va réagir » pour que l’Espagne réclame à son tour à Bruxelles des garanties « car il s’agit en fin de compte d’un itinéraire européen de transport et il serait cohérent que le trafic se poursuive tel qu’il est ».

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