D9 fermée aux camions : crainte d’une hausse du trafic à Orthez et sur la D947

Fév 15, 2018 | Presse française, Routier

D9 fermée aux camions : crainte d'une hausse du trafic à Orthez et sur la D947
La fermeture de la D9 pourrait entraîner un trafic accru de camions sur la D947 et dans le quartier Départ.

© A.R.
PAR ARNAUD ROSSIGNON, PUBLIÉ LE .

Alors que l’interdiction aux gros poids-lourds de la D9 doit être arrêtée d’ici quelques jours, les villages sur la D947 s’inquiètent de voir leur axe servir d’itinéraire de substitution. Une perspective qui pourrait aussi peser sur le quotidien du quartier Départ et aux environs de la place d’Armes.

Sur la D9 entre Oloron et Pardies, les camions de plus de 26 tonnes et autres transports de matières dangereuses ne seront bientôt plus les bienvenus. Après pas moins de 14 sorties de routes de poids lourds depuis début 2017 sur cet axe, le président du Département et les maires des villages concernés s’apprêtent en effet à cosigner un arrêté en bannissant ces mastodontes. Une décision qui devrait devenir effective dans les semaines suivantes, sitôt la signalisation mise en place pour détourner le trafic vers la RN134 entre Oloron et Jurançon.

« On va essayer de faire en sorte que l’essentiel du trafic passe par la RN134. Ces poids lourds doivent prendre un itinéraire adapté à leur circulation ! », estime l’élu départemental Yves Salanave-Péhé, aux premières loges des enjeux de la D9 en tant que maire de Monein.Selon les comptages effectués par les services du Département, le trafic moyen journalier oscille en effet sur cette route « entre 2000 et 5000 véhicules, dont 10 % environ de poids lourds ».

L’enjeu du barreau sud

Si l’interdiction promet d’être applaudie autour de la D9, elle est cependant loin de mettre en joie les maires de la D947, entre Navarrenx et Orthez. Et pour cause : ils craignent d’écoper d’une partie du trafic détourné et de voir les accidents grimper sur une route déjà problématique. Notamment à la période du maïs.

« Pour moi, on déshabille Pierre pour habiller Paul. Entre les radars et les contrôles, vous croyez vraiment que les camions vont prendre la nationale ? Si vous voulez aller à Bayonne depuis Orthez, est-ce que vous passez par Hagetmau ? », résume le maire de Loubieng Francis Larroque, « qui a déjà eu 4 camions au fossé depuis qu’ [il] est élu ». « Et je ne parle pas du nombre de rétroviseurs cassés ! », ajoute celui qui se dit pourtant « pas dérangé par le trafic routier, à condition que la route soit large ».

Et c’est bien là que le bât blesse. « Depuis que je suis élu, je n’arrête pas de réclamer l’élargissement de nos départementales », continue Francis Larroque, qui est allé mesurer la voie, « large de 11 mètres » vers Castetbon, « réduite à 6 mètres » aux abords de Loubieng. « Ce que je leur reproche au Département, c’est qu’ils commencent tout et ne terminent rien. »

À Laà-Mondrans, le maire Daniel Boulin est aussi sur le qui-vive. « Théoriquement, on ne sera pas trop touché… Je ne juge pas, mais je serai attentif et circonspect », note-t-il. Inquiet notamment pour les abords de l’école, l’édile piaffe désormais d’autant plus d’impatience dans l’attente des ralentisseurs prévus via Lacq-Orthez « en 2019 ou en 2020 » dans le village. Des pis-aller, toutefois, à ses yeux. « Tant que la déviation du barreau sud d’Orthez (NDLR : envisagé entre Laà-Mondrans et l’échangeur de Biron) ne sera pas prise à bras-le-corps, cela persistera. »

Au bout, le quartier Départ

Dans la cité Fébus, les habitants du quartier Départ ne le contrediront pas, tout véhicule sur la D947 aboutissant sous leurs fenêtres pour filer régulièrement vers la place d’Armes. Du trafic en plus promet donc d’engorger encore un peu ce rond-point qui n’en demande pas tant. « C’est une préoccupation majeure », reconnaît Emmanuel Hanon, qui s’attend aussi à du rab de camions.

Pour y faire face, le maire se tient prêt à faire réaliser à Départ un comptage afin de disposer de données fiables sur l’évolution du trafic. Des chiffres qui pourraient ensuite apporter de l’eau au moulin de l’édile, favorable à la réalisation des 3 barreaux du contournement. « C’est le dispositif entier qui permettra l’apaisement urbain », rappelle celui qui a écrit avec David Habib au ministère des Transports pour attirer l’attention de Paris sur le cas orthézien.

Hanon veut aboutir à l’échangeur

Si elle relève « d’une absolue nécessité » à ses yeux, la réalisation du barreau sud n’est toutefois pas pour demain. Même au cas où l’unanimité politique parvient à se faire et les financements à suivre. Alors que le dossier du barreau centre, le plus abouti, reste à l’arrêt en 2018, la rocade sud ne dispose en effet même pas encore d’un tracé validé. Pour mémoire, la bagarre a été rude il y a quelques années entre tenants d’un raccordement au rond-point du Portugal et partisans d’une arrivée à l’échangeur de Biron. « Je suis favorable au tracé qui permettra d’avancer le plus vite possible », affirme de son côté E. Hanon. Sans omettre de glisser l’air de rien que le scénario Échangeur présente « beaucoup de points positifs » et « qu’il doit être étudié ».

Rocade centre : pas un euro prévu pour l’exercice 2018

Le budget primitif du Département mis aux votes ce jeudi ne prévoit aucun budget pour la concrétisation du tronçon de contournement entre les Soarns et la zone Louis.

Ce n’est pas une surprise, mais une confirmation. Après les propos du président Lasserre sur l’incapacité financière du Département à réaliser le barreau centre « à moyen terme » puis la présentation des orientations budgétaires, les élus du 64 vont voter ce jeudi un budget primitif qui fait l’impasse sur le chantier orthézien estimé à 7,4M€.

Au bout de la ligne de l’opération « Contournement d’Orthez- Barreau centre », la majorité départementale prévoit ainsi zéro euros. Une bulle à laquelle il convient toutefois d’ajouter les 11 000€ inscrits au titre des mesures compensatoires requises par le dossier… pour un montant restant à financer sur opération de 72950€.

Malgré cette nouvelle année d’attente en perspective, le maire Emmanuel Hanon reste néanmoins optimiste pour ce dossier qu’il a défendu tout au long de la campagne électorale. « Pour 2018, il était trop tard », explique celui qui a rencontré dernièrement le président Lasserre. Avec la clé des « échanges constructifs ». Il n’en dira cependant pas plus. « Je préfère être dans la co-construction que dans la fausse opposition. Je ne veux mettre personne dans la difficulté. Mon problème, c’est de trouver une solution », explique-t-il.

« La D947 n’est pas plus adaptée que la D9 pour le trafic »

S’il reconnaît sans difficulté que « la D947 n’est pas plus adaptée que la D9 pour le trafic des poids lourds », l’élu du canton Cœur de Béarn Yves Salanave-Péhé ne veut pas mettre la charrue devant les bœufs.

« Pour le moment, nous sommes dans une première phase : régler le problème de la D9 », pose celui qui attend de voir « comment le report du trafic va se faire avant de songer à un plan B ou C ». En dehors d’une signalisation soutenue pour drainer le trafic des camions vers la RN134 et des efforts de l’Etat – comprendre les gendarmes – « pour faire appliquer cet arrêté », le Département ne prévoit cependant à sa connaissance pour l’instant aucun aménagement pour garantir un rôle de desserte strictement locale à la D947. Un élément que le conseiller départemental aux infrastructures André Arribes ne confirmera pas, ce dernier n’ayant pas donné mercredi suite à nos appels.

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