Cinq ans après l’accident de Denguin, un rapport pointe les défaillances de la SNCF

Août 22, 2019 | Ferroviaire, Presse française

Cinq ans après l’accident de Denguin, un rapport pointe les défaillances de la SNCF
Pour le gendarme du ferroviaire, les errements de maintenance existent toujours à la SNCF, cinq ans après l’accident de Denguin, survenu le 17 juillet 2014.

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Par S. Lamarque, publié le , modifié .

Un rapport de l’établissement public de sécurité ferroviaire pointe des centaines d’anomalies qui ne sont pas traitées dans les délais par SNCF.

Les problèmes de maintenance ayant conduit à des accidents comme celui de Brétigny en 2013 ou de Denguin en 2014 « persistent » à la SNCF, selon un rapport confidentiel que s’est procuré « Le Parisien/Aujourd’hui en Franc », Cinq ans après la collision entre un TER et un TGV à Denguin, un rapport de l’établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF, le « gendarme » du ferroviaire) pointe « des centaines d’anomalies qui n’ont pas été traitées dans les délais ». La SNCF oppose une amélioration de la sécurité depuis trois ans.

Pendant un mois, entre le 29 avril et le 24 mai, dix enquêteurs de l’EPSF ont effectué neuf opérations de contrôle sur le réseau Atlantique des voies ferrées, 14 000 km de voies de la Bretagne à l’Occitanie en passant par la Nouvelle Aquitaine. Les enquêteurs ont ainsi relevé « 413 anomalies de signalisations électriques qui pouvaient avoir un impact sur la sécurité des circulations, dont près de 20 % ont été traitées hors des délais réglementaires », détaille Le Parisien.

Deux fils électriques dénudés par des rongeurs ont été repérés sur un passage à niveau de la ligne Le Dorat – Limoges (Haute-Vienne). C’est le même type de dysfonctionnement qui a été à l’origine de la collision survenue le 17 juillet 2014 entre un TER et un TGV à Denguin.

Câbles rongés… comme à Denguin

La SNCF rétorque que « depuis l’accident de Denguin, il y a un traitement exhaustif et quasi systématique des postes électriques », avec mousse et raticide. Tout en soulignant l’ampleur de la tâche : 45 000 postes à traiter. Pour autant, la SNCF relativise le retard pris par certains travaux de sécurité. « S’il y avait un problème de sécurité, l’EPSF interromprait directement la circulation des trains sur les voies concernées. » La SNCF rappelle que trois milliards d’euros sont investis chaque année pour la rénovation du réseau et que « les événements de sécurité remarquables » ont baissé de 30 %.

Prise de conscience

La Fédération nationale des associations d’usagers du transport (FNAUT) Nouvelle Aquitaine, rappelle, par la voix de son président, Christian Broucaret, « la priorité que doit être la sécurité des biens et des personnes ». Pour autant, il semble considérer que des efforts ont été fournis. « On a touché le fond de la piscine et on remonte. On voit bien qu’il y a eu une prise de conscience. Après, on paye une trentaine d’années d’errements. »

Les retards dans la maintenance ou la surveillance des voies ont des conséquences pour les usagers. « Ce sont des ralentissements sur les lignes, détaille Christian Broucaret. Et si rien n’est fait, à terme, ces lignes peuvent fermer. » Pour les Pyrénées-Atlantiques, la seule ligne qui pourrait selon lui présenter des problèmes de sécurité est la ligne Puyoô-Bayonne, qui fait d’ailleurs l’objet d’un plan de travaux de maintenance et rénovation.

« Je pense que le PDG de SNCF Réseau, Patrick Jeantet, qui est un Béarnais d’ailleurs (il a passé toute son enfance à Pau) a la volonté de tout remettre à niveau, conclut Christian Broucaret. C’est sa responsabilité qui est engagée. Après, il faut une volonté politique et mettre de l’argent sur la table. On ne peut pas rester toujours sur de l’entretien. On est assez optimistes. Il y a une prise de conscience. »

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