Ça bouge à Canfranc

Juin 18, 2018 | Ferroviaire, Presse espagnole, Relations transfrontalières

EL PERIODICO DE ARAGON
D. CHIC
18/06/2018
Un accident ferroviaire lors de la Semaine Sainte de 1970 a entrainé la fermeture de la liaison internationale entre l’Espagne et la France par le tunnel de Canfranc. Et 48 ans plus tard, la semaine prochaine, vont enfin commencer les travaux sur les voies face à l’édifice emblématique pour mener à terme un ambitieux plan de récupération qui inclut la mise en service d’un hôtel de luxe et la normalisation de la circulation des trains.
A défaut de savoir si le ministre de Fomento, José Luis Ábalos sera présent à la cérémonie de pose de la première pierre le 27 juin, on a déjà déplacé les 38 wagons historiques des hangars qui les abritaient depuis les années quatre-vingt, là où vont démarrer les travaux de la future gare qui pourrait entrer en service au printemps prochain.
Le ministre régional de l’Aménagement du Territoire du gouvernement d’Aragon, José Luis Soro, a indiqué que la nouvelle plage de voies nécessite de dégager la zone face à la gare historique et de la transformer en place publique. «Cela représente une forte charge symbolique», a-t-il ajouté. La récupération totale de la plateforme de Los Arañones va coûter 26,9 millions d’euros.
La prochaine gare comportera deux lignes de voyageurs et deux autres pour le trafic de marchandises, orientées vers la montagne. Tout cela représente un changement radical dans la conception du secteur de Canfranc, puisqu’on va offrir à la fois des services touristiques et ferroviaires. La construction de l’édifice coûtera 2,2 millions d’euros et la modernisation du faisceau de voies 5,2. «Ces travaux visent à garantir le trafic ferroviaire international».
Un autre des points forts de ces réalisations, selon le ministre régional, sera la transformation de la gare historique en établissement hôtelier, évaluée à 13 millions d’euros, qui commencera en 2019 et se terminera au troisième trimestre de 2021. «Cela est désormais irréversible», affirme Soro.
Les changements comportent aussi la construction d’édifices secondaires, musée ferroviaire, zones de loisir et de restauration.
En parallèle, et en collaboration entre les gouvernements d’Aragon et d’Aquitaine, a commencé l’élaboration d’une «convergence» ferroviaire sur toute la longueur de la ligne. Jusqu’à présent l’absence de communication par le tunnel a provoqué des développements indépendants. Il faut aujourd’hui unifier les charges, les gabarits et le type d’électrification, entre autres questions.
Jusqu’en 2020, il existe un financement européen (plus de 14 millions) pour la rédaction des études, et on pense que le nouveau Mécanisme pour l’Interconnexion de l’Europe apportera les fonds nécessaires au démarrage des travaux sur le tracé du réseau de base, prenant en compte le potentiel de l’axe Océan-Méditerranée, avec en particulier les plateformes de Saragosse, Fraga, Huesca et Teruel.
Soro souligne l’importance de cette planification en raison de sa capacité à «aménager l’Europe» au-delà des vieux mythes «sentimentaux ». Le transport de marchandises entrainera la circulation des voyageurs, mais la clé de la réouverture réside dans la capacité à rouvrir un passage à travers les Pyrénées. «Nous avons une vision stratégique qui est bien comprise en Europe», considère Soro.
En attendant d’avoir leur musée, les vieux wagons des années cinquante reposeront dans un hangar. Ce sera peut-être le dernier arrêt sur leur trajectoire.

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