El País
CLAUDI PÉREZ Bruxelles 8 DEC 2015
La critique de la politique d’infrastructures de l’Espagne est fracassante. La Commission Européenne condamne le modèle de concessions des autoroutes, qui conduit l’Etat à assumer le gros des pertes lorsque les choses tournent mal. Dans le cadre de l’examen du secours espagnol qui sera publié cette semaine, elle dénonce également l’excès d’investissements dans les TGV (“Il y a un risque que les nouvelles lignes ne produisent pas des recettes suffisantes”) et la poursuite de la construction d’autoroutes dans des zones à faible trafic. Bruxelles demande en outre des changements dans la règlementation pour corriger “les déficiences” des plans stratégiques d’infrastructures.
L’Espagne a demandé mi-2012 un secours financier : un prêt à des conditions avantageuses de 40 milliards pour secourir les banques. Ce programme s’est réalisé avec succès, mais l’économie espagnole est soumise à des évaluations périodiques jusqu’à remboursement de ce crédit à ses partenaires de la zone euro. Le rapport, qui sera présenté cette semaine, est positif dans l’ensemble : Bruxelles reconnait que l’économie est en reprise, que le système bancaire s’améliore et que le risque d’impayés au Mede (mécanisme de secours) est “très faible”.
Cependant, “il reste des défis importants”. Bruxelles veut plus de réformes (en particulier sur le marché du travail), elle craint que les objectifs fiscaux ne soient pas tenus (elle réclame de nouvelles réformes) et elle considère que le système bancaire est fragile du fait de risques de retards de paiements et de la crise des pays émergents), malgré la forte amélioration du secteur. (—)
Bruxelles considère que l’Espagne a corrigé certains mécanismes de planification stratégique des réseaux de transport, mais il faut aller plus loin. Madrid “a donné la priorité à l’aménagement du territoire plutôt qu’à la rentabilité”, indique le texte, qui donne l’exemple des investissements excessifs dans les TGV et dans les autoroutes à péage “dans des zones à faible trafic”.
“La politique d’investissements a porté davantage sur l’extension des infrastructures que sur leur maintenance”, et “a favorisé le transport de passagers” au détriment des transports de marchandises et des liaisons vers les marchés extérieurs, une analyse qui coïncide, dans les grandes lignes, avec celle des experts espagnols du secteur.
Ces problèmes sont surtout évidents sur les TGV et les concessions d’autoroutes à péage. Bruxelles dénonce le peu de progrès dans la réglementation du modèle de concessions. Bien que l’Espagne soit un des grands marchés de l’Europe, “le modèle montre des déficiences dans le cas des autoroutes à péage. L’Etat et les concessionnaires se partagent le risque de façon asymétrique, c’est un de ses principaux défauts”. En clair : l’Exécutif communautaire accuse l’Espagne de rester sur un modèle dans lequel les grandes entreprises ont obtenu la privatisation des bénéfices et la socialisation des pertes, malgré quelques retouches positives de la réglementation.
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