Borce : un débat animé autour de la RN 134 en vallée d’Aspe

Sep 3, 2018 | Presse française, Routier

Borce : un débat animé autour de la RN 134 en vallée d'Aspe
Pour un représentant d’une association de Jaca, la réalisation de deux routes côté espagnol va encore augmenter le nombre de poids lourds en transit vers le Somport.

© Jean testemale
 
PUBLIÉ LE .

80 personnes, dont de nombreux représentants d’associations, se sont réunies pour exprimer leur colère suite à l’accident mortel de lundi dernier sur la route nationale traversant la vallée d’Aspe.

Plus de 80 personnes ont rempli la Maison pour tous à Borce, samedi, pour assister à une réunion animée par Didier Bayens et consacrée essentiellement à deux sujets : les élections partielles du 23 septembre prochain et le problème du transport routier, particulièrement celui de matières dangereuses.

C’est ce point qui a quasiment monopolisé le temps de parole, après que le maire par intérim ait annoncé les dates d’inscription des candidats potentiels pour le renouvellement de trois conseillers municipaux. L’émotion suscitée par l’accident mortel au fort du Portalet est bien plus grande, ce qui explique la forte affluence de citoyens venus de toute la vallée et au-delà, avec des représentants d’associations comme le Code Béarn, le Creloc, Jaca Sin Perder el Norte, L’Accob ou encore la CNT.

LES CAMIONS VONT-ILS SE MULTIPLIER ?

Dès le début de la réunion, ce sont les Espagnols qui ont jeté un pavé dans la mare. L’exposé réalisé par le représentant de l’association de Jaca, opposée à la réalisation de l’autoroute Jaca-Pampelune et à la déviation de Jaca, a de quoi faire bouillir des Aspois déjà échaudés par les nuisances d’un transport routier en augmentation perpétuelle.

Pour lui, la conjonction de la réalisation de ces deux routes va encore augmenter le nombre de poids lourds en transit vers le Somport, tout comme les prévisions de croissance de l’entreprise propriétaire du camion accidenté, qui contenait du chlorite de sodium. Il a également affirmé qu’une entreprise de Sabiñanigo profiterait de la « variante » au nord de Jaca pour expédier des déchets industriels en France pour les y incinérer.

Côté français, les constats sont tout aussi accablants : une insécurité croissante des usagers et riverains de la RN134-E7 se ressent, ainsi que de la colère suite aux nuisances environnementales, mais aussi de l’impuissance face aux différents paramètres qui ont accru le trafic : ouverture du tunnel du Somport, déviation de Bedous, création de l’A65 et mise en place d’un péage en Navarre.

CRÉATION D’UN COMITÉ DE PILOTAGE

Quant aux solutions envisagées, elles sont diverses et censées survenir à plus ou moins long terme. Didier Bayens a annoncé qu’un arrêté interdisait désormais la traversée de sa commune aux matières dangereuses, en attendant qu’il soit probablement invalidé par le préfet. Une solution juridique couplée à une plainte contre l’Etat, qui ne garantit pas la sécurité sur cet axe qui traverse une zone Natura 2000 et une zone annexe du Parc national.

Un comité de pilotage réunissant des maires de la vallée et des associations doit être mis en place sur ces questions, et ira interpeller le préfet et le ministère des Transports. François Rebillard, du Creloc, a redit l’intérêt du projet de réouverture de la ligne ferroviaire Bedous-Canfranc qui permettrait de délester la route d’une partie du trafic : « Trois fois par semaine, 800 tonnes de maïs sont chargées dans des trains à Canfranc », expédiés par une entreprise privée plus au sud en Espagne, « ce qui prouve la rentabilité du ferroutage ».

Une option contredite par plusieurs participants, qui estiment que si le ferroutage est plus coûteux que le transport routier, les entreprises continueront à utiliser la route. Et la crainte d’une double peine, « avoir à la fois des trains de marchandises et des camions dans la vallée », est exprimée par plusieurs personnes.

DES ACTIONS EN VALLÉE D’ASPE

De la même manière, les aménagements de la route actuelle ne font pas l’unanimité, suscitant la crainte qu’une voie élargie créerait une « aspiration » des camions vers cet axe. Pêle-mêle, des Aspois présents ont réclamé « plus de contrôles et de répression », mais aussi la fédération des associations travaillant déjà sur ces questions, ou encore la mise en place d’un radar-tronçon entre le tunnel et Oloron et la mise en service du portique écotaxe jamais utilisé.

D’autres ont décidé de la réactivation du Comité des habitants pour la vie en vallée d’Aspe, et encore d’actions plus directes, comme des blocages de la route. Dès la fin de la réunion, des sms étaient envoyés pour inviter à un blocage à 22 h, ce dimanche, au rond-point d’Accous, pour faire suite à la manifestation spontanée de mercredi dernier.

Les Aspois ont bloqué les camions une partie de la soirée

Ce dimanche soir, une centaine de manifestants attendaient les camions espagnols de pied ferme au rond-point d’Accous. Pendant une partie de la soirée, des Aspois vêtus de gilets jaunes ont empêché les poids lourds arrivant du Somport de circuler, sous l’œil attentif d’une vingtaine de gendarmes.

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