Béarn : un camion plein de chlorite de sodium dans un ravin

Août 28, 2018 | Presse française, Routier

Béarn : un camion plein de chlorite de sodium dans un ravin

Après avoir défoncé le parapet, le camion a dégringolé le ravin sur une vingtaine de mètres. Sa cargaison est mortelle si elle est inhalée ou entre contact avec la peau.

photos é. cz.

 

  • Béarn : un camion plein de chlorite de sodium dans un ravin

    Une pollution du Belonce est toujours à craindre
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    Un véhicule spécialisé dans les risques technologiques était là
  • photos é. cz.

Un grave accident de la route a eu lieu lundi, sur la RN 134, dans les secteurs de Borce et Etsaut. Un conducteur espagnol a terminé sa course dans un ravin. À son bord, une cargaison d’un produit hautement dangereux

Peu après 14 heures, lundi, sur la RN 134, un camion, venant d’Espagne a chuté dans le ravin. Après avoir défoncé le parapet de protection, il s’est immobilisé près du Bélonce. L’accident s’est produit sur la commune d’Etsaut, un peu en aval du Fort du Portalet. La cargaison du camion-citerne était un produit très dangereux : le chlorite de sodium, qui peut être mortel s’il est inhalé ou s’il entre en contact avec la peau. Il est également hautement toxique pour les organismes aquatiques.

>> Mise à jour [mardi] : le conducteur du camion accidenté est décédé, la crainte d’une pollution se confirme

C’est donc une lourde et très délicate opération que devaient réaliser les secours et les forces de l’ordre, qui ont commencé par verrouiller la RN 134 des deux côtés, proposant des itinéraires de substitution via la vallée d’Ossau ou la direction de Saint-Sebastien, « pour sécuriser au maximum le travail des pompiers », expliquait le nouveau commandant de compagnie d’Oloron, Lucie Alamargot.

Conditions très compliquées

Après avoir indiqué que le conducteur était « toujours vivant » en milieu d’après-midi, les forces de sécurité se refusaient hier soir au moindre commentaire sur l’état de santé du routier espagnol. Les conditions d’extraction de la victime (toujours dans l’habitacle hier soir, lorsque nous écrivions ces lignes) ont de plus été rendues compliquées par la présence d’une ligne à haute tension.

Le sauvetage, qui devait se poursuivre dans la nuit, devait nécessiter une coupure d’électricité sur la commune d’Urdos, en lien avec les autorités et Enedis, indiquait hier soir la préfecture. « Nous attendons toujours les grues et engins de levage », affirmait pour sa part le commandant Alamargot, peu avant 21 heures. Le conducteur était alors coincé dans l’habitacle de son camion depuis près de 7 heures.

Élisabeth Médard accidentée

La maire d’Etsaut, Élisabeth Médard, était hier « très en colère » : « Les conditions de dangerosité étaient extrêmes cet après-midi. Les camions, déviés, passaient par le col du Pourtalet en roulant comme des dingues. J’ai moi-même évité de près un accident alors que j’avais mes petites-filles à bord de ma voiture. Un camion nous a poussées dans le caniveau ! Ceux qui transportent des matières dangereuses devraient être totalement interdits. Ce tunnel ne nous a rien apporté, aujourd’hui on voit ce qu’il en est. »

Concernant le produit toxique, la préfecture informait hier qu’il n’était « pas exclu que des fuites aient pu avoir lieu ». En attendant des analyses, la préfecture a interdit les activités nautiques et de baignades en aval de l’accident. La reprise normale du trafic n’a pas encore été communiquée.

« Ce n’est pas la première fois »

Jean-Claude Bourdelas, le président de l’association de pêche La Gaule aspoise, a été parmi les premiers sur les lieux de l’accident, hier. « Le camion est renversé avec les roues en l’air, dix à vingt mètres en profondeur. Au début, il y avait de la fumée par intermittence et une odeur selon l’orientation du vent. » Par-dessus tout, Jean-Claude Bourdelas craint une pollution de la rivière. « Ce n’est pas la première fois… Il y a dix ans, au même endroit, un camion était tombé dans le ravin et son contenu s’était déversé dans le gave. C’était de la lessive de soude. Plus de 13 000 truites avaient péri à cause de cette pollution. »

Le président de la Gaule aspoise explique qu’il a observé, en quarante ans, une quinzaine de camions ayant connu le même destin, dans le même périmètre. « On se bagarre pour protéger l’environnement et gérer la population de truites toute l’année. Ce genre d’accident met tout notre travail en l’air. À cet endroit, nous avions effectué des alevinages et la population du cours d’eau était redevenue très bonne, en quantité et en qualité », soupire Jean-Claude Bourdelas. Anxieux, ses yeux étaient rivés sur le cours d’eau. « Je suis scotché sur ce pont pour voir si je ne vois pas des poissons morts passer. » Des prélèvements d’eau seront effectués ce matin par des spécialistes, en vue de savoir si pollution il y a eu ou pas.

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