La compagnie espagnole inaugure le retour des opérateurs à bas coût en Béarn avec Pau-Nice en avril 2017. D’autres annonces suivront.
C’est bien l’opérateur espagnol à bas coût Volotea qui, comme nous l’annoncions, a été choisi pour inaugurer le retour des compagnies low cost dans le ciel palois. Le transporteur ibérique va, à partir d’avril 2017, opérer une nouvelle ligne entre Pau et Nice, à raison de deux rotations par semaine. Mais, au-delà de l’annonce faite en grande pompe ce mardi matin par les nouveaux délégataires du groupement Air’Py (1), il faut y voir la confirmation d’une accélération dans le développement de la plateforme béarnaise.
Nice, second aéroport national
Cette ouverture vers la Côte d’Azur n’est en effet pas neutre, Nice ayant, mine de rien, le statut de « second aéroport français en termes de trafic avec plus de 140 destinations », rappelle Edo Friart, directeur du développement chez Volotea, heureux de concrétiser deux années de contacts.
A ses yeux, « cette ligne répond à un besoin insatisfait […] à partir d’un aéroport disposant d’un potentiel intéressant ». Il a, en tout cas, été jugé assez prometteur pour que Volotea, dont la courbe de croissance se révèle exceptionnelle (lire par ailleurs), choisisse Pau comme 19e base française, après Bordeaux et Toulouse entre autres. Par ailleurs, ce type de trajet colle à l’ADN d’un opérateur qui se présente comme « la compagnie des capitales régionales ».
En attendant la corse, le Maroc…
C’est un fait acquis : « les low cost représentent le seul moyen de booster le trafic », a-t-on encore entendu mardi matin. Une manière de dire que Volotea n’est que le premier de cordée avant d’autres nouveaux venus. Ainsi, Air Arabia devrait, en avril prochain, se voir confier une seconde desserte hebdomadaire entre Pau et Marrakech. Avant une ligne supplémentaire vers Casablanca « dans deux ans ».
Par ailleurs, Volotea a clairement candidaté pour prolonger son offre depuis Pau jusqu’à la Corse. Avec plus d’un demi-million de passagers transportés en 2016, l’espagnol est déjà le premier opérateur aérien vers l’île de Beauté.
Pau a fait « un choix différent »
Ce retour des low cost renvoie immanquablement aux années Ryanair en Béarn. Une région quittée avec pertes et fracas par le groupe irlandais, jamais cité ce mardi, mais dont les méthodes liées aux aides à l’installation font jaser jusqu’à Bruxelles. Qu’en sera-t-il cette fois ? Le président du syndicat mixte de l’aéroport, Jean-Paul Brin, est monté au créneau pour défendre « le choix différent fait par Pau ». « Air’Py ne sollicitera pas d’aides », a-t-il rappelé, le risque financier « étant pris par la compagnie », assure-t-on chez Volotea. Mais tout ayant un prix en ce bas monde, l’existence « d’aides dégressives n’allant pas au-delà de trois ans » – donc conformes à la loi – n’est pas niée, a expliqué un dirigeant de Transdev, Franck-Olivier Rossignolle. Il en a aussi profité pour appeler de ses vœux la création d’un fonds mixte, abondé notamment par les forces économiques locales.
(1) A savoir la CCI Pau-Béarn avec Egis et Transdev, filiales de la Caisse des dépôts et consignations.
Edo Friart directeur du développement… par Jean-Philippe Gionnet larepubliquedespyrenees
Un rapport qui pointe les risques
S’ils constituent de véritables outils d’aménagement du territoire, les aéroports de province n’en sont pas moins une source d’inquiétude. En cause, leur gestion par les élus locaux. À la fin du mois, le Conseil supérieur de l’aviation civile se verra ainsi remettre un rapport sur le maillage aéronautique en France. Il a été réalisé par le Commissariat général à l’égalité des territoires. Selon nos informations, il apparaît que seulement 16 plateformes – dont Biarritz Parme – peuvent revendiquer plus d’1 million de passagers annuels. En deçà, le potentiel commercial limité de certains aéroports et les limites des zones de chalandise peuvent conduire à des errements. Exemples : Béziers ou Carcassonne qui, il y a quelques années, ont récupéré les lignes fermées précipitamment par Ryanair… à Pau. Aujourd’hui, le transporteur irlandais, omnipotent sur ces plateformes, conditionne plus que jamais sa présence à des aides publiques… dont le caractère illégal est pointé du doigt par Bruxelles ! Par le passé, Pau-Pyrénées a aussi payé pour l’apprendre à ses dépens.