Aéroport de Pau-Pyrénées : vers un changement de dimension ?

Juil 19, 2016 | Aérien, Presse française

PAR GÉRARD CAYRON, PUBLIÉ LE .
Journal la republique

La prise en mains de la gestion de la plateforme béarnaise parTransdev et Egis, aux côtés de la Chambre de commerce et d’industrie, devrait changer la donne.

Vient-on d’assister à un véritable changement d’époque ? L’avenir le dira, et il y a des raisons objectives invitant à rester mesuré. Pour autant, Pau-Pyrénées, 18e aéroport français, peut désormais songer à « jouer » en division supérieure.

Spécialistes de l’exploitation aéroportuaire, dans sa dimension globale, les deux filiales de la Caisse des dépôts qui, avec la chambre de commerce, prendront les manettes pour 12 ans à compter du 1er janvier prochain, changent forcément la donne. Voici pourquoi.

Les moyens des ambitions affichées ?

Oui, incontestablement. En plus d’une expertise de haut niveau, les nouveaux venus, Egis et Transdev, « pèsent » la bagatelle de 18 aéroports et 32 millions de passagers transportés en 2015. Dès leurs premiers communiqués, tous deux ont aussi mis en avant la notion de « réseau ». Il est acquis que, sans ce tandem, la chambre consulaire, en place depuis plus de… 50 ans, n’aurait pas pu poursuivre.

En plus de se doter d’importants leviers financiers, prêts à mettre d’emblée 16 millions sur la table, elle s’attache aussi les services d’un acteur mondial, Transdev, dans le domaine des dessertes multi-modales. Pascal Morganti, responsable régional du groupe, rappelait à toutes fins utiles dans le journal du mercredi 13 juillet que « Transdev a déjà une filiale sur Pau avec les bus Citram Pyrénées ».

Force est de reconnaître aussi que la liste des engagements fermes pris par le groupement Air’Py est impressionnante. Cela va du réaménagement de l’aérogare à la réfection de la piste, en passant par la création de taxi-way et parkings, ou encore l’ouverture de nouvelles lignes.

Retour des low cost ?

Oui, à moyen, voire court terme. L’objectif ambitieux de hausse du trafic (+ 200 000 passagers annuels dans un premier temps) évoqué ne semble pas réalisable sans la participation des transporteurs à bas coût. On remarque aussi que, parmi les projets des nouveaux gestionnaires, figure l’intention « de créer un fonds mixte (public/privé) » abondé dans le but de séduire le monde du low-cost.

Par ailleurs, Transdev gère déjà la grosse plateforme de Beauvais où 60 destinations sont opérées par des compagnies à bas coût. Et on sait que bon nombre d’aéroports régionaux en France doivent leur croissance exponentielle à ces acteurs-là. Un bémol cependant : c’est dans le bruit et la fureur que Ryanair avait été amené à quitter le tarmac palois.

La société irlandaise s’est même vue, ensuite, condamnée à rembourser les sommes indûment perçues sous forme d’aides. Son Pdg, le sanguin Mickaël O’Leary, sera-t-il très coopératif ? Enfin, comment sont appréhendés les changements à venir du côté d’Air France dont la présence à Pau relève du quasi-monopole ?

Fin des projets avec Tarbes ?

Vraisemblablement. La décision, prise quasi-unaniment par les élus du syndicat mixte, est aussi une défaite pour SNC Lavalin. Aux manettes de l’aéroport voisin de Tarbes-Lourdes, le groupe canadien n’a certes pas démérité. Il a même privé son rival Air’Py – le groupement vainqueur – d’un grand chelem par rapport aux classements des quatre principaux critères (1) retenus à l’heure de la décision.

Mais c’est en quelque sorte un véritable choix « politique » qui a prévalu, le sujet sensible des mutualisations éventuelles entre les deux aéroports n’ayant pas été réellement abordé sur le fond. Dans son offre, Lavalin, certes moins « investisseur », suggérait pourtant un chiffre d’affaires plus important, et donc des recettes supplémentaires. Mais cela n’a pas suffi. Une question reste en suspens : les récents appels du pied venus de Bigorre n’ont-ils pas fini par agacer celui des deux (Pau en l’occurrence) qui ne trouvait pas forcément son bonheur dans la corbeille de mariage ?

(1) A savoir, les investissements prévus, le business plan, la politique de développement et promotion, et les moyens humains.

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