La compagnie nationale et son concurrent, attendu pour un essai à Pau début février, se livrent une guerre de promotions sur la ligne reliant Pau à la capitale. L’enjeu est réel.
« Comme quoi les miracles n’arrivent pas qu’à Lourdes ! » Difficile de ne pas avoir vu, notamment sur les réseaux sociaux, ou à l’entrée de l’aéroport, ce message distillé depuis quelques jours par EasyJet. C’est ainsi que la compagnie low-cost, attendue sur Pau à compter du 4 février, durant le temps de fermeture de l’aéroport biarrot, a choisi d’annoncer son offre commerciale sur la ligne Paris-Pau proposée à… 37 € (l’aller simple).
La riposte du groupe Air France qui, via sa filiale Hop ! exploite cette même desserte, n’a pas tardé : il vient d’en terminer avec une promotion ponctuelle à… 35 € pour le même service !
Assiste-t-on aux premières escarmouches d’une « guerre des prix » ? Fort possible quand on sait que les décideurs de l’aéroport palois, confortés par de bons résultats récents (+2,1 % de la fréquentation en 2018), entendent faire retomber la pression exercée par la situation très avantageuse dont jouit Air France sur le tarmac béarnais (voir le Chiffre). « Il y a, localement, de fortes demandes pour une desserte vers Paris à bas prix », rappelait récemment Didier Laporte, président de la CCI et donc co-gestionnaire via Air’Py.
« A 250€, c’est Pau-Singapour ! »
Président du syndicat mixte, Jean-Paul Brin, qui veut rapidement rencontrer le bouillant François Bacchetta (patron d’Easy Jet pour la France), ne dit pas autre chose : « C’est intéressant car ce qu’il se passe actuellement montre qu’on peut ouvrir une voie avec des tarifs concurrentiels »
Pour autant, il loue « les réels efforts faits par Air France », mettant en avant les vols d’hiver « plutôt bien remplis » qui nous relient actuellement à Brest, Strasbourg… Mais Jean-Paul Brin n’est toujours pas satisfait des prix pratiqués sur les avions opérés par Hop !. Et tient à le faire savoir : « Un billet à 250 €, ce n’est plus Pau-Paris mais Pau-Singapour ! »
La promotion Air France de ces derniers jours, qui permettra donc pendant quelques temps de rallier Paris pour moins de 40€, a semble-t-il séduit les voyageurs. Mais, officiellement, pas question d’y voir autre qu’une « simple coïncidence ! » Selon l’agence gérant la communication de Hop !, «ce type d’opération est régulièrement mené et fonctionne très bien ».
Au moins deux gagnants
Du côté d’EasyJet, on prend discrètement note de la nouvelle donne. Mais pas question de garder les deux pieds dans le même sabot. « Nous captons déjà plus de 10 % du marché sur les deux aéroports parisiens, ce qui nous laisse une belle marge de progression. Il faut aussi savoir qu’un passager sur 4 arrivant en France, ou quittant le pays, voyage désormais à bord de nos avions », fait savoir le service communication de la compagnie au logo orange qui a transporté 19 millions de personnes en 2017.
Une chose est sûre : ce bras de fer qui s’engage fait déjà au moins deux heureux. D’une part, le consommateur ne se plaindra pas si les prix sont vraiment tirés vers le bas. Par ailleurs, le territoire entend profiter de la situation et de cette présence (momentanée ?) d’un nouvel opérateur pour faire valoir ses charmes à Paname. « Une importante campagne de promotion du Béarn va être menée en février », indique Norbert Guichard, le directeur du syndicat mixte de l’aéroport.
Le quasi-monopole d’Air France à Pau
92 % en situation de quasi-monopole, le groupe air france a transporté en 2018 plus de 90 % des 612 500 voyageurs passés par pau
Jusqu’à 300 000 € d’aides pour chaque ligne
Nous annoncions, avant les fêtes (notre édition du 21 décembre), la décision prise par le syndicat mixte de l’aéroport de lancer une série d’appels d’offre pour des marchés dits de service. Il s’agit de trouver des compagnies désireuses d’opérer des lignes entre le Béarn et la Belgique, l’Allemagne, le Royaume-Uni, etc…
Ces opérateurs pourront, tout en restant dans un cadre légal, percevoir des aides financières venant du territoire susceptibles d’atteindre « jusqu’à 300 000 € par ligne », précise le président d’Air’Py, Jean-Paul Brin