EL PAIS
NAHIARA S. ALONSO
SILVIA AYUSO
Barcelona / Madrid
20 FEV 2018
Le ministre de Fomento, Íñigo de la Serna, a exprimé son mécontentement ce mardi car la France ne respecte pas le plan d’investissement en grande vitesse avec l’Espagne pour le service de passagers entre Bordeaux et Irún, sur le couloir Atlantique. La France a bloqué les investissements et la commission technique française a déclaré “non prioritaire” la construction de la ligne, selon le commentaire de De la Serna lors de la cérémonie du dixième anniversaire du TGV Madrid-Barcelone. Le ministre de Fomento a précisé que le Gouvernement espagnol a adressé une plainte à la Commission Européenne devant le manquement à sa parole de l’Exécutif français.
De la Serna s’était engagé en septembre face à son homologue française, Élisabeth Borne, à terminer en 2023 « tous les réseaux à grande vitesse » en direction de la frontière du pays voisin, ce qui inclut le TGV du couloir Méditerranéen jusqu’à la Communauté Valencienne, la connexion entre Burgos et Vitoria et la terminaison du nœud de l’Y basque pour rejoindre le couloir Atlantique. Quelques mois plus tôt, le ministre de Fomento avait inauguré à Saint Sébastien le chantier entre Astigarraga et Irún qui permettra de rejoindre la France à l’écartement européen dès 2019. Mais l’arrêt des travaux sur la ligne Irún-Bordeaux pour se connecter sur la liaison à grande vitesse vers Paris compromet les prestations de service entre Saint Sébastien et la capitale française.
Face au critère technique, qui a également conduit à faire une pause sur le projet de grande vitesse vers Montpellier, sur le couloir Méditerranéen, De la Serna a demandé à la France une décision politique pour « dans la mesure du possible, respecter les engagements ».
Les critiques à la ministre française lui parviennent à un moment délicat, car elle est en pleine négociation pour éviter une protestation à grande échelle parmi les 260.000 employés de la SNCF face aux plans du Gouvernement d’Emmanuel Macron de reformer en profondeur le système ferroviaire national fortement endetté.
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Le ministre a exprimé ces critiques à la France devant la presse au cours d’un voyage dans le TGV Madrid-Barcelone, à l’occasion du dixième anniversaire de l’inauguration de cette ligne.
Au cours de cette décennie, le couloir Madrid-Barcelone, le plus rapide en vitesse moyenne, a transporté plus de 31 millions de voyageurs, rien qu’en trajets directs. « C’est un résultat spectaculaire, puisque les deux tiers des déplacements sur ce trajet se font en TGV « , a commenté De la Serna. Selon les données de Renfe, plus de 85 millions de voyageurs ont utilisé le train sur Barcelone-Camp de Tarragona pour aller vers différentes parties de la péninsule.
De la Serna a rappelé qu’un scenario “complétement nouveau” va s’ouvrir en 2020 avec la libéralisation du transport de passagers en Espagne. « Des acteurs privés vont venir chez nous pour entrer en concurrence avec notre produit, le TGV, et nous, nous tenterons d’aller les concurrencer chez eux », a-t-il expliqué. C’est pour cela que Renfe a lancé EVA, un service TGV low cost qui sera disponible à partir de 2019 et qui offre un prix réduit. « Nous devons anticiper ce que nous croyons que sera l’offre des concurrents privés ».
Le ministre a écarté l’option d’ouvrir Renfe Passagers au capital privé, « car cela n’apporterait pas de valeur ajoutée ». Par contre, dans le cas du transport de fret, l’appel aux capitaux extérieurs a été ouvert.