Le dernier éboulement remet en cause la sécurité de l’A-23 dans le col de Monrepós

Avr 3, 2016 | Presse espagnole, Routier

Periódico de Aragón

F.V.

03/04/2016

El ramal afectado por el desprendimiento sigue cerrado, dos semanas después. - ÁNGEL DE CASTRO

Le récent éboulement de 300 tonnes de roches sur la chaussée montante au col de Monrepós (A-23) en direction du nord a rouvert le débat sur la sécurité de l’autovía qui relie la vallée de l’Ebre avec les Pyrénées dans la province de Huesca. Les techniciens sont divisés sur l’opportunité de construire une infrastructure à quatre voies dans le défilé de l’Isuela, la partie la plus accidentée que doit franchir la nouvelle route.

Ce défilé qui pénètre dans la sierra de Guara constitue un défi pour les ingénieurs et les géologues. C’est la partie la plus chère de la route, avec un budget de plus de 33 millions d’euros pour seulement cinq kilomètres.

« C’est un secteur qui, par sa configuration géologique, est sujet aux éboulements », note Antonio Casas, professeur de Sciences de la Terre à l’Université de Zaragoza. « De fait, poursuit-il, il y en a eu plusieurs dans les dernières décennies, dont un très grave dans les années 90 ».

« Les flancs du pic de l’Águila, par où passe la chaussée montante en direction de Jaca, sont formés de couches rocheuses inclinées vers la route, perpendiculairement à celle-ci », explique-t-il.

Dans ces conditions, indique l’expert, la pluie, le gel ou les mouvements sismiques peuvent causer des éboulements comme celui du 20 mars dernier. Un risque permanent de nouveaux éboulements.

A son avis, on aurait pu éviter en partie ces problèmes si on n’avait pas mis à quatre voies le col de Monrepós il y a deux ans. « Il aurait été plus raisonnable que l’autoroute s’arrête à Nueno (au pied sud du col, NdT) et ne reprenne qu’après le pont du río Guarga, près de Lanave (au pied nord du col) », insiste Antonio Casas.

« L’étude géologique du col de Monrepós a été réalisée après que Fomento ait pris la décision de faire passer l’autovía sur le tracé de la route N-330, de sorte qu’il n’a pas été possible d’étudier des solutions alternatives », croit-il.

 

A l’inverse, Carlos Carnicer, vice-président du Collège des Géologues d’Aragón, maintient que la construction de l’A-23 par Monrepós, parallèle à la route traditionnelle, était un bon choix. « Dans ce genre de travaux, il faut toujours chercher un compromis entre risque, technique et investissement ».

Carnicer considère que le sur tronçon où a eu lieu le dernier éboulement « on n’avait pas lésiné sur la sécurité » et qu’on a repris la chaussée existante, ce qui représente une économie. « Il est difficile d’imaginer d’autres solutions ». Percer un tunnel dans le défilé de l’Isuela serait beaucoup plus cher, fait-il remarquer.

Les pré-Pyrénées, explique le vice-président des géologues aragonais, sont une barrière entre la vallée de l’Ebre et les Pyrénées. « Et qu’on le veuille ou non, pour aller à Jaca il n’y a pas d’autre solution que de traverser ces montagnes », ajoute-t-il.

A son point de vue, toutes les précautions de sécurité ont été prises pour l’autovía entre Nueno et Arguís, même s’il reconnait « qu’en géotechnique, le risque zéro n’existe pas ». Carnicer fait remarquer que le tronçon est doté d’une bande latérale destinée à retenir les éboulements. De plus, par endroits les parois rocheuses qui longent la chaussée sont bétonnées ou fixées par boulons ou agrafes. « On a même construit un faux tunnel afin d’éviter les chutes de roches sur la route », précise-t-il.

Le représentant des géologues affirme que la construction d’une autovía pour franchir  Monrepós était justifiée pour des raisons de sécurité, de rapidité et d’efficacité. « Cette route très passante est essentielle pour l’Aragón », déclare-t-il.

Il considère qu’aujourd’hui, après l’éboulement du début de la Semaine Sainte, il faudra faire une étude plus en détail de la zone affectée pour appliquer les remèdes convenables. En tout cas, il est convaincu que, sauf grave imprévu, la fermeture au trafic de la chaussée montante au col de Monrepós n’a aucune raison de s’éterniser.

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