LGV Tours-Bordeaux : quelles seront les retombées économiques ?

Fév 1, 2016 | Ferroviaire, Numérique, Presse française

 

 

LGV Tours-Bordeaux : quelles seront les retombées économiques ? Sud Ouest Éco   01/02/2016 par Nicolas César

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La LGV-Bordeaux doit être mise en service à l’été 2017 © Marie-Laure Gobin

Cette nouvelle ligne, qui doit être en service mi-2017, profitera au secteur tertiaire à Bordeaux, mais aussi à Angoulême. Mardi 2 février, le président de Lisea, société concessionnaire, présentera les prochaines étapes de l’année 2016 à Bordeaux

Pour l’heure, les retombées du chantier de la LGV Tours-Bordeaux pour les entreprises situées dans les six départements traversés par la ligne se chiffrent à 715 millions d’euros.

Mais, d’autres retombées indirectes et importantes vont intervenir. Avec Bordeaux à deux heures et cinq minutes de Paris, la gare Saint-Jean va changer de dimension. À l’horizon 2020, elle devrait accueillir 18 millions de passagers, contre 11 millions aujourd’hui. Mais ne nous méprenons pas,  » la LGV ne crée pas de dynamisme économique, sans opérations d’aménagement du territoire en parallèle « , rappelle Pierre Delfaud, professeur émérite d’économie de l’Université de Bordeaux.

5 milliards d’euros injectés dans Euratlantique

C’est pourquoi a été lancé le programme Euratlantique, qui va transformer pas moins de 738 hectares sur Bordeaux, Bègles et Floirac d’ici 2030. Les chiffres donnent le tournis : 480 000 m² de bureaux, dont un quartier d’affaires de 300 000 m² autour de la gare. Mais aussi 15 000 logements, 150 000 m² de locaux d’activité, 50 000 m² de commerces, 140 000 m² d’espaces publics… Au total, 5 milliards d’euros d’argent public et privé vont être investis. Objectif : attirer des entreprises innovantes et 250 000 nouveaux habitants en quinze ans dans la métropole.

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Le numérique bordelais attire

Pour l’heure, les premiers indicateurs sont encourageants. La demande est là. Sur les 100 000 m² de bureaux qui seront livrés près de la gare avant fin 2017, plus de la moitié a déjà été attribuée. Mais il s’agit en bonne partie de sociétés déjà installées sur le territoire, comme la Caisse d’Épargne Aquitaine- Poitou-Charentes, qui déplace son siège social de Mériadeck vers les quais de Paludate. Des choix qui consolident et renforcent les puissantes filières tertiaires de Bordeaux, à l’image du secteur bancaire ou du pôle santé, qui va se créer au cœur d’Euratlantique.

Ceci étant,  » Bordeaux peut devenir la première ville en Europe pour créer son entreprise « , estime Stéphane de Faÿ, directeur général de l’établissement public d’aménagement Bordeaux-Euratlantique. Car, la ville jouit d’une image de ville où il fait bon vivre. Mais surtout, la filière numérique bordelaise est en plein essor et emploie déjà plus de 25 000 personnes dans l’agglomération.

Angoulême, le renouveau

C’est l’autre grande gagnante de l’arrivée de la LGV, qui la place à trente-cinq minutes de Bordeaux et une heure quarante-cinq de Paris. De nombreuses réunions pour préparer la grande région se déroulent déjà aujourd’hui à Angoulême.

Première pierre de ce renouveau urbain, l‘îlot Renaudin, un espace de 6 500 m² dédié aux activités tertiaires, qui devrait être livré début 2018 près de la gare et de la médiathèque. Il va notamment accueillir un  » Business center « , qui regroupera de l’immobilier d’entreprises modulable, pépinière et espace de coworking. Pour séduire, la ville mise sur des prix du foncier deux à trois fois moins élevés qu’à Bordeaux.  » Jusque-là, nous n’avions pas assez de start-up sur le territoire « , déplore Jean-François Dauré, le président du Grand Angoulême. Pour y remédier,  » nous allons créer un fonds d’investissement de croissance, doté de plus de 2 millions d’euros et un fonds d’amorçage pour inciter les étudiants à se lancer dans l’aventure « . Deuxième pierre à l’édifice, l’îlot Didelon, près de la place Saint-Jacques, où vont pousser sur 13 000 m² des logements à louer ou à acheter en accession à la propriété.

Les TER, l’autre priorité à ne pas oublier

Mais pour que les bénéfices de la LGV irriguent le territoire, «  il faudra un bon réseau en étoile de TER vers la gare Saint-Jean et celle d’Angoulême, et de bonnes articulations multimodales « , insiste Claude Lacour, professeur émérite d’économie de l’Université de Bordeaux, qui a mené une étude sur le sujet pour le compte de Lisea, filiale de Vinci et société concessionnaire de la ligne.

Quel sera le prix du billet ?

C’est la grande incertitude à l’heure du bras de fer entre Lisea et la SNCF. Un bras de fer, qui a pris tellement d’ampleur, que les banques ont même menacé un temps de ne plus débloquer les crédits pour achever les travaux. Le partenariat public-privé, noué pour financer cette LGV, a pour conséquence des péages aux tarifs élevés. Et la SNCF, qui entend limiter les dessertes, dit refuser de  » sacrifier  » sa rentabilité.

Par ailleurs, les prix de l’immobilier vont-ils flamber près de ces gares ? Y aura-t-il une arrivée massive des Parisiens sur les bords de Gironde dans les dix prochaines années, qui pourraient rendre la ville de plus en plus inaccessible aux Bordelais ? En réalité,  » tout se jouera dans les deux prochaines années « , estime Claude Lacour.

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