El Periódico de Aragón
SERGIO RUIZ ANTORÁN
20/03/2021
Le semi-remorque s’arrête au milieu d’une épingle à cheveux. Il lui faut manœuvrer pour négocier le tournant. Le chauffeur baisse la vitre. « Les camions peuvent passer sur cette route ?», demande-t-il. La réponse est positive malgré la sinuosité et l’étroitesse de la chaussée sur ces 14 kilomètres entre les tunnels de Baluport et Fiscal. Cette section de la N-260 de l’Axe Pyrénéen (route parallèle à la frontière NdT), reste la grande oubliée du Ministère de Fomento, et un supplice pour ses principaux usagers, habitants du Sobrarbe, et pour les visiteurs qui s’y aventurent régulièrement, sans se douter de ce qui les attend à chaque sortie de virage.
Tomás roule derrière le semi-remorque. Il distribue quotidiennement le pain entre Boltaña et Fiscal. Il sait quand il part, mais jamais quand il arrivera. C’est son pain quotidien. «C’est bien pire en été avec les touristes et surtout depuis la mode des camping-cars. Les gens roulent à 40 à l’heure. Impossible de doubler», dit le boulanger.
Un accident s’est produit le 22 février du fait de l’état de cette route. Il était onze heures du matin, quand un camion s’est déporté en voulant laisser une voiture le dépasser, et il a fini sa course en travers de la chaussée, coupant la circulation pendant deux heures. «J’ai dû passer par Buera, Añisclo, et Fanlo. Une heure de plus», raconte Tomás.
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L’ouverture de l’Axe en juillet 2012 entre Yebra de Basa et Fiscal a changé les habitudes dans le Sobrarbe et c’est devenu la principale entrée depuis Zaragoza, Huesca, la Navarre ou le Pays Basque. Le trafic a augmenté, tant en VL qu’en PL, qui tombent dans ce goulot d’étranglement de 14 kilomètres. «Il y a des endroits où deux camions ne se croisent pas. Par sécurité, il vaut mieux passer par Barbastro», selon Rafael Bergua, responsable du transport scolaire du Sobrarbe. « Le jour de l’accident, j’ai dû mobiliser sept fourgonnettes et faire un transbordement improvisé des étudiants, sous la pluie, pour éviter le blocage ».
Car plus de 50 jeunes descendent quotidiennement en autobus de Broto au lycée d’Aínsa. C’est une des grandes préoccupations du maire de Fiscal, Manuel Larrosa. «L’administration centrale doit prendre conscience du danger que nous subissons, en particulier pour le transport scolaire, l’avenir de ces vallées. C’est une question de continuité le long des Pyrénées et aussi de sécurité». L’édile fait remarquer dans le fossé la quantité de rétroviseurs arrachés chaque été lors des croisements.
Les travaux auraient un fort impact sur le quotidien de Fiscal depuis l’ouverture de la liaison avec Sabiñánigo. La localité a inversé la tendance à la perte de population, et a attiré de nouvelles opportunités, comme la tyrolienne inaugurée ce week-end. «nous sommes à 24 km d’une autovía. Le fait de pouvoir aller aussi vite à Sabiñánigo a changé la vie des habitants, donnant accès à de nouveaux services ou opportunités d’emplois», remarque Larrosa.
La mise en chantier de cette route, dont on a commencé à parler en 2001 apporterait les mêmes opportunités à Boltaña ou Aínsa. «Je ne crois pas qu’il existe une autre Route Nationale dans cet état dans tout le pays. Quand on parle de l’Espagne dépeuplée, les communications sont essentielles ».
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