Fin 2020, la Région lance simultanément trois chantiers sur les lignes Mont-de-Marsan-Barcelonne-du-Gers, Laluque-Tartas et Ychoux. Avec des innovations à la clé
Une chose est certaine, le transport de marchandises par train n’a pas le vent en poupe en France. Le trafic du fret a chuté de 31 % entre 2003 et 2013, selon l’Association française du rail (Afra). Et c’est pourtant dans ce contexte que la Région Nouvelle-Aquitaine choisit d’investir d’importantes sommes : 11 millions d’euros pour le seul département des Landes. Le vice-président de la Région en charge des transports, Renaud Lagrave, explique ce choix stratégique.
« Sud Ouest ». Pourquoi investir dans un secteur que l’on présente comme sinistré ?
Renaud Lagrave. Aujourd’hui, c’est vrai, le gouvernement n’est plus mobilisé sur cette question. Quand la Région consacre 20 millions d’euros cette année sur le fret ferroviaire, l’État n’en met que 10. Pourtant, le transport via le rail peut résoudre plusieurs problèmes : moins de circulation – 9 000 camions circulent sur l’A 63, dans sa portion landaise, chaque jour – et donc moins de pollution. Et je ne parle pas de tous les véhicules qui évitent cette portion pour ne pas payer et sillonnent les autres routes du département. Cela ouvre aussi de nouveaux horizons aux entreprises pour le transport de marchandises, notamment chez les routiers dont on sait qu’ils peinent à recruter, de plus en plus, leurs chauffeurs.
Concrètement, que va-t-il se passer pour les Landes ?
Trois chantiers vont être lancés à la fin 2020. D’abord, la ligne entre Mont-de-Marsan et Barcelonne-du-Gers (32). Coût : 4,5 millions d’euros, dont 1 provenant de l’État. Cela permettra à des entreprises comme Maïsadour, Agralia, Euralis et d’autres de bonne volonté d’envisager le transport de leurs céréales sur rails. On parle d’un potentiel de 150 000 tonnes par an. Cette rénovation de ligne est d’autant plus intéressante qu’elle pourrait coïncider avec celle, décidée par la Région Occitanie, de la ligne allant jusqu’à Tarbes. En clair, nous pourrions avoir bientôt un nouvel axe de fret entre Mont-de-Marsan et Tarbes. Ce qui ouvre des perspectives et notamment l’accès aux ports de cette région. Nous rénoverons aussi la ligne Laluque-Tartas, qui avait subi un déraillement en début d’année, pour un montant de 5 millions d’euros.
Le dernier projet concerne Ychoux. Quelles sont les nouveautés ?
L’enjeu est d’un autre ordre. Nous avons 1,7 km de voie à rénover, pour un coût de 1,5 million d’euros, afin de permettre à une société basque espagnole, Berango, basée à Oiartzun, d’installer un nouveau site, l’actuel arrivant à saturation. Il s’agit d’une entreprise spécialisée dans le nettoyage des wagons de fret justement. Elle cherchait un espace pour faire du multimodal : Ychoux est située entre le port de Bordeaux, de Bayonne et a l’avantage d’être près de l’autoroute et donc, d’ici fin 2020, reliée à une liaison ferroviaire rénovée. Des innovations seront aussi proposées sur ce chantier.
C’est-à-dire ?
On va travailler dans un partenariat public-privé avec l’entreprise Systra qui propose une régénération de la voie innovante, avec un processus jamais utilisé au niveau national : des traverses en béton bas carbone, ce qui reviendrait moins cher. De plus, on va tester un système de géolocalisation des trains par satellite, via le cluster Topos. Cela permettra de faire des tests en matière de sécurité, notamment pour les passages à niveau. Tout sera indiqué sur une application, ce qui permettra, par exemple, aux chauffeurs de car de savoir si un train arrive, et inversement. C’est un test unique en France, pour une ligne de fret.
Les entreprises sont-elles prêtes à vous suivre dans ces développements ?
Déjà, nous souhaitons leur montrer que notre volonté de faire du fret est intacte. Aujourd’hui, beaucoup d’entrepreneurs s’interrogent et prennent contact avec les Opérateurs ferroviaires de proximité (OFP) pour envisager des solutions. C’est le cas de sociétés telles que Smurfit Kappa à Biganos (33). Il y a un petit retour mais il faudrait que ça se transforme en engouement. C’est aussi pour cela que la Région donne les moyens nécessaires pour qu’il se produise. Ce que nous devons faire également, c’est améliorer la souplesse du fret afin que les entreprises se tournent naturellement vers cette solution.
Davantage de TER et de biogaz
Face à la hausse du nombre de voyageurs, des solutions vont être apportées
« Depuis trois ans, nous constatons une hausse de 10 % chaque année, en termes de fréquentation sur les lignes TER Bordeaux-Dax et Bordeaux-Mont-de-Marsan. Ce n’est donc pas le moment de mollir sur le réseau », indique le vice-président de la Région Nouvelle-Aquitaine chargé des transports.
D’où l’idée de tout remettre à plat : « On va remettre à zéro, d’ici 2022, tous les horaires afin de mieux caler les offres aux besoins des usagers. Cette optimisation permettra de proposer une offre supérieure. Notre objectif est de proposer 8 à 10 % de trains en plus sur ces lignes », complète-t-il. Concrètement, trois types de trains différents seront accessibles aux usagers : un s’arrêtera à toutes les haltes TER, un autre ne s’arrêtera que dans les plus grosses villes de l’axe et enfin, le dernier sera un direct. « C’est ce que l’on fait depuis deux ans entre Périgueux et Bordeaux. Désormais, on le fera aussi entre Mont-de-Marsan et Bordeaux. Ainsi, la ville pourrait se trouver désormais à environ une heure de la métropole. »
Dix bus au biogaz à Dax
Après avoir été lancée à l’été 2018 à Saint-Vincent-de-Tyrosse, la station biogaz fait des petits. Il est temps car la France accuse un retard sur la question : 6 000 stations dans l’Hexagone quand l’Allemagne en compte près de 50 000.
« La Région en finance une à Mont-de-Marsan pour 450 000 euros. Elle est en travaux actuellement. Une autre va se faire à Dax, puisque le réseau de bus Couralin va être équipé d’une nouvelle flotte de dix véhicules au biogaz. Une autre station verra le jour à Castets et il y a un projet à Peyrehorade. On essaie de mailler le territoire afin que tous les transporteurs, mais aussi les particuliers s’y mettent », précise encore l’élu qui indique que des aides régionales sont disponibles pour les transporteurs qui souhaitent acquérir cette technologie.