L’enquête a conclu à la « faute exclusive » du conducteur, victime de l’accident. La Sepanso engage une action civile contre le transporteur espagnol pour pollution.
L’accident mortel survenu le 27 août 2018 sur la R134 à Etsaut n’aura pas de suite pénale. L’enquête a conclu à la « faute exclusive » du conducteur du poids lourd qui avait basculé dans le gave. Les gendarmes ont pu déterminer, sur la foi d’un témoignage et de leurs constatations, que le conducteur, âgé de 41 ans, avait abordé ce virage limité à 30 km/h trop vite. Le chauffeur était décédé dans l’accident. Le parquet ne peut que constater l’extinction des poursuites pénales.
De la même manière, la substitut du procureur Marie Hirigoyen n’engagera pas de poursuites à l’encontre du transporteur espagnol Ainsa, la pollution du Gave d’Aspe, conséquence de la chute du camion et du déversement d’une grande partie de son chargement de chlorite de sodium, étant considérée comme « accidentelle ». Mais la Sepanso, elle, entend bien traduire le transporteur devant la juridiction civile pour le préjudice environnemental.
« Drame humain »
C’est ce que confirme l’avocat de la Sepanso, Me François Ruffié. Qui tient avant tout à dénoncer « le drame humain » de cet accident. Le témoignage du conducteur qui suivait le camion aurait relaté les « 20 minutes de hurlements » du chauffeur coincé dans sa cabine, au fond du ravin, avant de mourir asphyxié par les vapeurs du chlorite de sodium entré en contact avec l’eau froide du gave.
La Sepanso entend traduire en procès civil devant le tribunal palois le transporteur Ainsa pour demander réparation du « préjudice environnemental » provoqué par l’accident. Elle vise la pollution de « 5 km de gave où tout est mort » à cause du déversement du chlorite de sodium, un produit toxique. Le montant du préjudice sera « proportionnel au nombre de kilomètres atteints par cette pollution ». Le préjudice moral portera sur les « atteintes aux intérêts moraux des associations » : la Sepanso espère être suivie par la fédération de pêche.
« Ce sera plus long qu’une procédure pénale, concède Me Ruffié, mais il est important que, de l’autre côté des Pyrénées, les entreprises de transports de matières dangereuses sachent que cela peut leur coûter cher de balancer leurs produits toxiques chez nous. »