Le Département a réussi à décrocher l’aval de l’Etat pour que les trois projets d’échangeurs (Carresse-Cassaber, Orthez et Morlaàs) et la bretelle à Peyrehorade se fassent dans le même calendrier.
Les quatre projets d’échangeurs ou d’infrastructures routières autour de l’A64 allaient-ils tomber à l’eau ? Après tant de travail de sape, et d’attente, les échangeurs de Morlaàs, de la Virginie à Orthez, de Carresse-Cassaber et la Baro (bretelle de raccordement ouest) de Peyrehorade seraient-ils renvoyés aux calendes grecques ?
C’était le risque, apparu au printemps dernier, quand le Département des Pyrénées-Atlantiques a notamment mis les pieds dans le plat, en refusant que deux des projets (Orthez et Carresse) soient priorisés vis-à-vis des autres. Les uns figurant dans le plan d’investissement autoroutier (PIA) quand les suivants sont déjà inscrits dans le contrat de concession avec Vinci… mais sans date précise de réalisation. La collectivité avait alors mis dans la balance sa participation financière, un jeu dangereux, qui avait notamment irrité son homologue landais Xavier Fortinon (nos précédentes éditions).
Une négociation serrée s’était alors engagée avec l’Etat et Vinci, discussions avec compte à rebours déclenché, car il fallait tout pacifier avant la date butoir du 8 novembre, limite fixée par l’État pour signer les conventions de financement liées au plan de relance autoroutier.
Un vote en conseil le 25 octobre
Nous avons pu apprendre ce mardi, soit un mois avant cette échéance, qu’un accord global venait finalement d’être trouvé, et pour les quatre projets d’infrastructures. Pour matérialiser cette bonne nouvelle, on nous confirmait aussi qu’une convention chapeau, qui sera signée entre le Département, l’Etat et le concessionnaire, allait être soumise en séance du conseil départemental, le 25 octobre prochain.
Mais que retenir surtout de cette convention ? D’abord des assurances en terme de calendrier. « On met tous les projets sur un pied d’égalité » nous confie un proche du dossier. Selon nos informations, Orthez et Carresse, dans le PIA, devraient être réalisés d’ici 5 ans, soit à l’horizon 2024–2025. En revanche, et c’est tout bénéfice pour eux, l’échangeur de Morlaàs et la BARO pour lesquels le contrat de concession ne laissait envisager qu’une réalisation avant 2032, pourraient se concrétiser d’ici 3 ans, donc plutôt à l’horizon 2023. Ce serait plus rapide car toute une partie administrative ne serait pas nécessaire dans le cadre justement du contrat de concession.
Reste qu’il faudra bien « que cela soit écrit noir sur blanc, nous y veillerons » nous confiait ce mardi le président du conseil départemental, Jean-Jacques Lasserre. Ce dernier pouvait en tout cas se dire « très satisfait de ce dénouement », avec accord pour les quatre projets, en reconnaissant avoir joué un peu avec le feu. « Nos interlocuteurs ont compris que nous étions prêts à aller jusqu’au bout. Mais il y avait une vraie logique dans notre position. Après les promesses qu’on nous avait faites en 2015 puis 2017, nous n’étions plus en situation de nous faire balader, au gré des atermoiements nationaux » explique l’élu. Et finalement, « la logique a prévalu » ajoute Jean-Jacques Lasserre.
Autre succès annoncé par le président, le retour à la maquette financière originelle, ou presque, avec quelques changements à la marge qui seront dévoilés ultérieurement. « Nous maintenons nos engagements sur les quatre projets. Rappelons que dans l’intervalle, l’Arafer (autorité de régulation des activités ferroviaires et routières) avait considéré que l’Etat ne devait pas mettre la main à la poche sur les projets concédés. Mais cela mettait tout notre montage en l’air. Finalement, l’Etat a accepté de faire un geste financier en notre direction » nous confie le président. Une main tendue synonyme surtout de nouvel élan pour ces projets autoroutiers. Notamment l’échangeur de Morlaàs, dans les starting-blocks depuis un moment déjà, et qui n’attend plus que la phase opérationnelle.
L’exemple de la LGV
Mais le président Lasserre pouvait conclure avec à nouveau une mise en garde. « Nos efforts financiers n’interviendront que s’il y a bien concomitance des projets » souligne l’élu, prenant exemple sur le dossier LGV pour lequel le Département avait obtenu de ne verser une part de son dû que lors du démarrage des travaux à Pau et Bayonne. Et logiquement, l’argent est toujours dans ses caisses aujourd’hui.
Dans les Landes, entre satisfaction et prudence
Xavier Fortinon, le président du conseil départemental des Landes, pouvait se montrer soulagé ce mardi, lui qui était monté au créneau en mai pour regretter la position risquée de ses voisins pyrénéens. « Deux des projets nous concernent, essentiels pour la sécurité des traversées de Sordes-l’Abbaye et Peyrehorade. Cela fait 30 ans que c’est en débat » nous rappelait l’élu.
Et de confirmer une dernière réunion en préfecture des Landes ce lundi soir, « on a bien avancé sur le tour de table financier ». Cependant, le président landais reste prudent. D’abord sur ces ajustements financiers, « pour le projet de Carresse-Cassaber, il y a encore des négociations avec les carriers. On attend une réponse pour finaliser ». À l’origine, était espéré un million d’euros des privés, avec Daniel, Cemex et Siniat. « On a réussi à baisser leur facture à 600 000. Seuls Daniel et Cemex étaient autour de la table ce lundi » note Xavier Fortinon. De même, le désengagement pour partie du Béarn des Gaves devrait être compensé.
Mais l’élu reste aussi prudent sur les réalisations. Au-delà des autorisations à obtenir, « ce sont toujours des projets qui peuvent susciter des recours » précise-t-il.