Emmanuel Macron a tranché ce mercredi 18 septembre. C’est Jean-Pierre Farandou, actuel patron de Keolis, qui va succéder à Guillaume Pepy à la tête de la SNCF. Un cheminot, qui a fait toute sa carrière dans la « maison » et a grandi à Bordeaux. L’Elysée annoncera sa nomination jeudi
La succession de Guillaume Pepy à la tête de la SNCF a été tranchée ce mercredi 18 septembre. Le gouvernement devait faire son choix entre deux candidats qui connaissent parfaitement l’entreprise : Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau et le Bordelais Jean-Pierre Farandou, président de Keolis. C’est finalement ce dernier qui a été désigné, comme l’a officiellement annoncé l’Elysée ce mercredi soir. Voici cinq clés pour comprendre pourquoi ce dernier a été choisi.
1 – Quel est le parcours de Jean-Pierre Farandou ?
À 62 ans, Jean-Pierre Farandou est président du directoire de Keolis, opérateur privé de transports public, qui gère notamment le réseau de transports en commun bordelais. L’entreprise, filiale de la SNCF à 70 %, pèse 5,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires et emploie 65 000 salariés. Ingénieur des Mines de Paris, il débute sa carrière au sein de la compagnie minière américaine Amax à Denver (Colorado) aux États-Unis, puis rejoint la SNCF, en 1981. Une « maison » où il fait ses armes, avant de devenir le numéro un de Keolis, en 2012.
2 – Que sait-on de son passé et de sa personnalité ?
Fils unique de Gérard Farandou, agent des douanes à Bordeaux, et de Giselle, institutrice à l’école Charles-Martin dans le quartier populaire de Bacalan, Jean-Pierre Farandou fait ses études secondaires au prestigieux lycée bordelais Montaigne, avant d’intégrer l’école des Mines. Il a grandi dans la cour d’école avec l’élu socialiste bordelais Philippe Dorthe, conseiller régional et conseiller départemental. « C’est quelqu’un toujours de bonne humeur, calme et diplomate. Il ne fait pas aisément de concessions, mais ses décisions sont toujours prises avec un souci de justice sociale. Il tient cela de ses parents. Politiquement, c’est un radical-social », analyse Pilippe Dorthe. Il est marié et père de deux enfants.
3 – Pourquoi a-t-il été choisi ?
C’était l’un de ses atouts majeurs: Jean-Pierre Farandou connaît toutes les arcanes de la SNCF. Il y a occupé des postes très divers : responsable production, responsable marketing, chef de projet pour le lancement du TGV Paris-Lille en 1993, directeur adjoint grandes lignes, patron de la région SNCF Rhône-Alpes dont le réseau TER est le plus important de France… Fin stratège, il a aussi le profil pour faire face à l’ouverture à la concurrence internationale des lignes ferroviaires françaises. À Bruxelles, il a créé la structure juridique de Thalys International dont il a assuré la direction générale, de 1993 à 1998. À Keolis, il a su développer le chiffre d’affaires à l’export.
En coulisses, il se disait déjà que Jean-Pierre Farandou avait les faveurs de Guillaume Pepy pour lui succéder. Seul « échec », il avait été pressenti, en 2016, pour présider SNCF Réseau. C’est finalement Patrick Jeantet, alors directeur général du groupe Aéroports de Paris, qui avait été choisi… L’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer), le gendarme du rail, s’était prononcée contre Jean-Pierre Farandou, au nom d’un « doute légitime » sur son indépendance et « de son parcours professionnel intégralement réalisé au sein du groupe SNCF ».
4 – Comment est-il perçu par les syndicats de la SNCF ?
C’est l’autre élément fort, qui plaidait en sa faveur, il répondait au « cahier des charges » fixé par les organisations syndicales : être un bon connaisseur des subtilités des rouages de la SNCF et capable de « porter un engagement social et environnemental ». Ce n’est pas un détail. La candidature du duo Jean Castex, actuel délégué interministériel aux grands événements sportifs et Rachel Picard, patronne des activités TGV, qui avait les faveurs du secrétaire général de l’Élysée, a été écartée en raison de réactions hostiles des deux premières forces syndicales de la SNCF, à savoir l’Unsa et la CGT cheminots.
5 – Et dans le monde des transports ?
C’est un homme, qui fédère dans le milieu. En parallèle de ses activités au sein de Keolis, Jean-Pierre Farandou a également occupé la fonction de président du GIE Objectif Transport Public (2013–2015), créé par le Gart (Groupement des autorités responsables de transport) et par l’UTP (Union des transports publics et ferroviaires), dont il a été président, de 2014 à 2017. En juin 2019, il y a été réélu à l’unanimité. Chevalier de la Légion d’honneur, depuis 2010, il a également reçu le grand prix du cercle Humania, qui récompense un DRH devenu patron.