Cette contribution impactera, l’année prochaine, les vols entre le Béarn et la capitale. Une perspective qui agace, d’autant que l’aéroport voisin de Tarbes serait épargné.
Comment, en quelques mots, faire l’unanimité… contre soi dans le secteur aérien. La ministre de l’écologie Elisabeth Borne, y est parvenue lors de sa présentation d’une future contribution environnementale, applicable en janvier 2020, et prélevée sur les billets d’avion.
Cette nouvelle taxe sur le transport aérien devrait être collectée à partir du 1er janvier de l’année prochaine. Elle vise à récupérer la somme de 180 M€, lesquels seront ensuite, selon Elisabeth Borne, consacrés à des investissements pour d’autres infrastructures de transports, notamment ferroviaires. Elle sera une réalité en Béarn. Tout particulièrement sur les lignes Pau-Paris qui représentent l’essentiel du trafic local et sont avantageusement opérées par le groupe Air France.
De possibles répercussions
« C’est dommageable », soupire Thierry Souchet, le directeur de l’aéroport Pau-Pyrénées, qui n’ignore pas « les répercussions possibles » à la fois sur « le voyageur, les transporteurs, mais aussi les aéroports qui peut-être se substitueront pour éviter la fuite des compagnies ».
On pense aux opérateurs low cost dont l’offre tarifaire très basse sera notablement impactée. Au final, « le total des taxes atteindra 60 % du prix d’un billet. Cela devient un véritable millefeuilles », déplore M.Souchet. Il peut également craindre que les négociations avec easyJet, pour une installation pérenne à Pau, en pâtissent.
À l’unisson, les professionnels du secteur n’ont d’ailleurs pas manqué de stigmatiser cette initiative, à commencer par le patron de Ryanair. Souvent sanguin, en colère contre « le culot des politiques français », Mickaël O’Leary a rappelé que « chez Ryanair, nous payons déjà des millions de taxes. En moyenne, 4€ de taxes environnementales par passager, soit 10 % du prix ».
Distorsion de concurrence ?
Pour l’aéroport palois et bon nombre d’autres plateformes situées en région, l’affaire ne tombe pas au meilleur moment Pau-Pyrénées tente de confirmer le redressement déjà constaté fin 2018 (+2 %) avec 612 500 passagers transportés. Une embellie poursuivie cette année (+6,72 % de trafic fin juin, par rapport à l’année dernière).
Mais gare au coup d’arrêt car le site géré par Air’Py pourrait donc, à partir de janvier, être victime d’une forme de distorsion de concurrence. On sait en effet que se seront exonérées de la nouvelle ecotaxe des lignes partant vers la Corse, l’outre-mer, mais également les dessertes participant – la définition est un peu vague – à « l’aménagement du territoire » selon le ministère. Ces dernières, en échange d’obligations de service public (les fameuses OSP, très prisées), sont en contrepartie soutenues par de l’argent public… et non taxées.
Or, le voisin tarbais bénéficie, depuis maintenant 15 ans, de ce statut enviable. À prestation équivalente, l’aéroport bigourdan pourra donc « offrir » des tarifs plus avantageux. De quoi rallumer, une énième fois, la flamme du conflit Pau-Tarbes jamais vraiment éteinte ? « Ce n’est pas le sujet » pour Thierry Souchet qui espère « garder nos voyageurs à Pau où les services sont meilleurs ». C’est dit.
Le Syndicat mixte relance un marché pour la création de nouvelles dessertes au départ de Pau
On se souvient qu’en décembre dernier, le Syndicat mixte de l’aéroport de Pau-Pyrénées (Smapp), dans son objectif de gonfler son nombre de passagers, de 612 000 aujourd’hui à 850 000 en 2028, avait lancé un marché public pour trouver des compagnies prêtes à créer de nouvelles dessertes aériennes au départ de Pau.
Il y a six mois, c’est ainsi l’Europe du nord qui était visée, avec l’espoir de nouvelles lignes régulières pour trois ans vers le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas. Sauf que cet appel n’a pas eu le succès escompté. Une seule réponse, d’une compagnie (dont le nom n’a pas été dévoilé), « mais la proposition financière ne fut pas celle qu’on attendait » souligne le nouveau président du Smapp, Nicolas Patriarche.
Le Syndicat, avec Air’Py, l’exploitant, a donc décidé de revoir sa copie, pour un marché public plus souple, notamment en élargissant le panel de destinations possibles. Ainsi, un nouveau marché vient d’être lancé (avec réponse avant le 16 août), toujours pour la création de nouvelles dessertes, mais cette fois les candidats seront libres de proposer la ou les destinations les plus pertinentes. Si l’Europe du nord figure encore au titre des exemples, le sud est dorénavant également cité, comme avec l’Espagne et l’Italie.
Le panel des destinations élargi
Nicolas Patriarche nous précise que ce marché est bien ouvert à toutes les compagnies, et n’est pas spécifiquement relancé dans le cadre de l’opération séduction entamée pour faire venir easyJet de manière pérenne. « C’est vrai que l’on essaie, mais on est limite trop petit » souligne l’élu. Rappelons que Pau Pyrénées est le 20e aéroport de France métropolitaine (en nombre de passagers en 2018) et que c’est la liaison avec Paris Orly qui transporte le plus de monde : 322 174 personnes l’an passé.
Les nouvelles dessertes, elles, pourraient être effectives à partir de 2020.
Pierre-Olivier Julien
EasyJet annonce sept destinations depuis Pau du 23 au 26 août
En raison de la fermeture de l’aéroport de Biarritz, durant le G7, les vols de la compagnie easyJet seront transférés à Pau, du vendredi 23 au lundi 26 août. Sept destinations seront proposées : Paris-Charles de Gaulle, Lyon, Nice, Lille, Londres (Gatwick et Luton), Bâle-Mulhouse et Berlin. Soit au total 21 vols qui sont d’ores et déjà en vente sur le site easyJet et en agences de voyages. À noter que l’aéroport a décidé d’offrir le parking à l’ensemble des passagers durant cette période, quelle que soit la compagnie avec laquelle il voyage. Pour en profiter, date de départ comme date retour doivent être comprises entre le 23 et le 26 août.