JORGE HERAS PASTOR
10/07/2019
Le Gouvernement d’Aragon promeut la création d’une autoroute ferroviaire –destinée au transport de camions sur train– qui relierait Zaragoza à Algésiras, porte d’entrée de l’Afrique ; et à l’Europe dans un second temps. C’est un des projets phares auxquels travaille la communauté autonome pour tirer meilleur parti de sa situation géostratégique. Ce mode de transport –dont le nom technique est ferroutage– offre des avantages en termes de coût (inférieur de 20% à un trajet routier), de nombre d’accidents et en émissions de CO2 (-95%).
L’initiative est pilotée par Aragón Plataforma Logística (APL), la société publique aragonaise qui englobe l’offre régionale dans ce domaine (infrastructures, formation, recherche et services), qui travaille avec l’Autorité Portuaire de la Baie d’Algésiras et avec le gestionnaire public du ferroviaire Adif pour développer ce système de transport combiné. Outre de relier Zaragoza au port andalous, l’objectif final est de prolonger la connexion avec les autoroutes ferroviaires européennes, ce qui nécessitera l’écartement standard (UIC) ou l’homologation de wagons à essieu variable pour circuler sur les deux types de voies.
La ministre régionale de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, Marta Gastón, a fait connaitre hier les avancées du projet lors de l’inauguration de la journée ‘Soutenabilité et transport de marchandises par route. Un nouveau défi pour les économies européennes’, organisé par la Fundación Ibercaja et la Chambre de Commerce de Zaragoza avec le soutien du Gouvernement d’Aragon et la collaboration de la revue Truck. Le forum, placé dans le cadre du cycle Mobility City, réunissait des fabricants de camions, des associations et des responsables de l’Administration.
«Le ferroutage permettra d’obtenir un transport de marchandises plus efficient et contribuera très efficacement à la réduction de l’impact environnemental, qui sont les objectifs de l’Agenda 2030», affirme Gastón. La ministre régionale ajoute que ce pari a reçu un excellent accueil de la part des opérateurs de transport nationaux et internationaux.
La première ligne espagnole de ce type a été mise en service en février entre Barcelone et la ville luxembourgeoise de Betembourg. Selon Gastón, le train électrifié pourrait transporter, avec des garages de 750 mètres, entre 40 et 45 semi-remorques sur les principales destinations sans nécessité de conducteur et sans émissions.
Le transport ferroviaire de marchandises est la grande insuffisance de l’Espagne en raison de l’impact du transport routier sur l’environnement, puisqu’il est responsable de 6% des émissions polluantes de l’Union Européenne, comme il a été rappelé au cours de la journée. Actuellement 5% seulement des marchandises du pays utilisent le train contre 18% de la moyenne communautaire, mais Bruxelles a fixé comme but pour 2030 de substituer 30% du transport routier –sur les distances supérieures à 300 kilomètres– par le fer, et 50% en 2050. «Cet objectif est hors de portée», a affirmé Manuel Teruel, président de la Chambre de Commerce, qui a souhaité «qu’on cherche des solutions compétitives et compatibles avec la lutte contre le changement climatique».