Le conseil régional vote ce mardi son programme vert baptisé Neo Terra, qui va engager la collectivité pour 10 ans. Le point avec son président, Alain Rousset, qui évoque aussi les dossiers locaux.
- Vous organisez ce mardi une session dédiée aux transitions climatique et énergétique. Quelle est votre ambition avec ce programme baptisé Neo Terra ? Verdir toutes les politiques régionales ?
On peut le résumer à cela. Aujourd’hui, les preuves du réchauffement climatique ne sont plus à faire. Il y a 8 ans, l’Aquitaine avait travaillé avec le professeur Hervé Le Treut, expert du GIEC, qui avait observé un changement climatique qui se traduisait par l’augmentation du degré des vins, des dates des vendanges…La partie la plus dure du réchauffement est devant nous et nous devons mettre en place une stratégie d’adaptation, en repensant les villes pour les végétaliser et les déminéraliser, en utilisant les eaux grises pour l’arrosage, en repensant nos usines comme à Bordes, en sortant des pesticides, en transformant les transports… Ce mardi, on dit donc, comment la Région peut être exemplaire.
- Sur combien d’années va s’étaler cette transformation ?
Sur 10 ans. Je n’ai pas envie de renvoyer à 2050 car c’est irresponsable. La sortie des pesticides par exemple peut se faire dans les 10 années qui viennent, tout comme ne plus avoir de TER qui roulent au diesel sur nos lignes mais à l’hydrogène… Je précise que je ne suis pas dans la décroissance mais dans une définition différente de la croissance. C’est une chance aussi pour développer de nouvelles filières, Comme en agriculture, avec des produits d’encore meilleure qualité, mieux valorisés.
- Vous parlez des TER alors que vous venez de resigner avec la SNCF. Pourquoi ne pas avoir choisi, a contrario d’autres régions, d’ouvrir le service à la concurrence ?
L’ouverture à la concurrence est toujours possible. Nous avons défini plusieurs lots et tout dépendra de l’exécution de la convention par la SNCF. D’ailleurs, depuis le début de l’année, nous notons des progrès en matière de régularité et une division par deux des annulations.
- C’est une manière de leur mettre le marché entre les mains ?
Dans la notion de service public, le mot le plus important est public. Et ce service n’était pas bien rendu. Il y avait une dérive financière incompréhensible avec un service dégradé. Ceci dans le cadre d’une délégation qui ne donne pas aux Régions une véritable autorité de régulation. Nous payons les trains mais n’en sommes pas propriétaire. C’est paye et tais-toi !
- Pourriez-vous récupérer la gestion de certaines petites lignes comme la loi mobilités va permettre de le faire ?
Cela supposerait plusieurs choses. Déjà, que SNCF Réseau remette à niveau chacune de ces lignes ou que le législateur nous donne les moyens de le faire ; que nous ayons la liberté d’adapter la configuration de la voie et le type de trains qui circulent. Et puis, il faut résoudre le problème de l’ingénierie de la SNCF qui se rémunère à un niveau beaucoup trop élevé. Un exemple, pour la rénovation de la ligne Limoges-Angoulème, nous avons confié une mission au cabinet Systra qui a chiffré les travaux à 100 millions d’euros. Alors que SNCF Réseau parle de 150 millions. Il nous faut lever ces défiances.
- Les projets LGV vont-ils être relancés avec désormais la possibilité de créer des sociétés de projets pour mener à bien ces grands chantiers ?
Nous sommes allés il y a deux ans avec Carole Delga (présidente de la région Occitanie), les maires de Bordeaux et Toulouse, proposer des systèmes de financements.
Quand vous faîtes une LGV, on l’a vu pour Tours-Bordeaux, compte tenu du succès populaire et de la fréquentation, il y a tout un enrichissement (les bureaux notamment) qui apparaît à la périphérie des gares. Ce peut donc être une source de financements comme peut l’être la vignette carbone que je propose pour taxer les 10 000 camions qui empruntent l’A10. Nous avons aussi la capacité de faire des emprunts puisque l’argent n’est pas cher actuellement. Nous attendons désormais le retour du gouvernement.
- Si le gouvernement y est favorable, le projet de nouvelle ligne Bordeaux-Dax – que l’État n’envisage pas avant 2038 – sera donc relancé ?
Je réaffirme ici, pour des raisons environnementales et écologiques, la nécessité d’une deuxième ligne ferroviaire en direction de l’Espagne. Nous ne pouvons rester sur une seule ligne qui date du XIXe siècle. Il faut donc faire Bordeaux-Dax mais aussi Dax-Espagne. Regardez ce qui s’est passé pour Bordeaux-Tours. on a dit que la ligne serait réservée aux cadres sups… Ce n’est pas du tout le cas. Les familles, les jeunes l’empruntent. C’est le métro ! Et sur le plan environnemental est-ce une catastrophe ? Non puisque l’usage du transport aérien entre Bordeaux et Paris a baissé, que l’usage de la voiture a baissé. Pour Bordeaux-Bilbao, ce sera pareil. Aujourd’hui, c’est plus rapide en voiture, environ 3h. Donc, on prend sa voiture.
- Mais vous savez bien qu’il y a aussi un problème foncier au Pays basque et une résistance en perspective…
Le problème foncier du Pays basque, ce n’est pas la LGV. C’est l’immobilier, c’est l’étalement urbain… La LGV y aura de plus une partie enterrée. Une trentaine de maisons sont concernées. Donc, c’est une justification insupportable. C’est une ligne qui va diviser le nombre de camions, de voitures… Je rappelle que la Nationale 10 est la partie plus polluée de la région.
Je suis donc combatif mais je sais aussi qu’il a fallu 15 ans pour obtenir le lancement des travaux entre Tours et Bordeaux. Chaque fois qu’un gouvernement change, il faut réexpliquer.
« Je suis toujours au PS mais j’y sens parfois un peu mal à l’aise »
Vous étiez ce mercredi à l’inauguration de Canoe à Lacq. Comment voyez-vous l’avenir de ce bassin secoué par des affaires de rejets dans l’environnement ?
Canoe est une plateforme technologique qui met des technologies nouvelles au service des PME pour faire des planches à voile, des surfs, des éoliennes… C’est une vraie révolution industrielle. À Lacq, on peut rêver à ce qui est passé avant, et je peux avoir cette nostalgie, mais l’industrie, ce n’est pas la nostalgie. L’avenir, c’est ce qu’on accompagne avec Canoe, le GRL, c’est la chimie moléculaire, le stockage d’énergie, le biosourcing des matériaux composites… Nous allons bientôt installer une « phéromone valley » qui permettra de lutter biologiquement contre les agresseurs de l’agriculture. C’est un territoire naturellement pionnier qui doit être dans la chimie du futur, où l’on pense le monde de demain.
Pour les batteries, vous espérez toujours un gros investissement industriel ?
Oui. Hydroquébec va vraisemblablement renforcer sa présence. Ensuite, il y aura un montage européen dans lequel la Nouvelle-Aquitaine sera forte parce que des coopérations scientifiques et technologiques ont notamment été mises en place sur le Bassin de Lacq. La chance que nous avons, c’est l’écosystème : Hydroquébec + Arkéma + Total.
Trois ans et demi après la création de la grande région, comment appréhendez-vous cet immense ensemble de 12 départements. Pas trop usant à gérer ?
Que ce soit exigeant, je ne le nie pas. Maintenant, il y a une vraie puissance de feu. Que ce soit en terme de réseaux économiques, agricoles, d’innovation, de potentiel de développement… C’est fabuleux. je découvre chaque jour des pépites. Qu’elles soient humaines, économiques, dans des domaines très différents.
On a quand même l’impression que vous êtes très souvent dans les anciennes régions de Poitou-Charentes et du Limousin. Ils ont tant besoin de preuves d’amour ?
Oui. Car ce n’est pas si simple de ne plus être capitale régionale. J’assume le fait que le modèle de l’ancienne Aquitaine puisse profiter à tous. Les aides à l’agriculture ont doublé en Limousin sans qu’elles ne baissent dans l’ex-Aquitaine. Et physiquement, je ne vois pas comment on peut dire que je ne suis pas présent ici. J’ai arrêté toutes mes activités parisiennes. Alors oui, je vais à Châtellerault mais je vais aussi à Peyrehorade ou sur le Bassin de Lacq.
Vous êtes toujours au PS, comment vous y sentez-vous ?
Je m’y sens un peu mal à l’aise. Mais je ne vais pas abandonner cette idée-là et ceux qui la représentent aujourd’hui. Je ne suis pas fait comme cela. Je ne laisse tomber personne.
Pourquoi mal à l’aise ?
Comment, lors de la crise des gilets jaunes, les Parisiens qui dirigent le PS, ont pu ne pas formuler de propositions ? Alors que, répondre aux gilets jaunes, c’est décentraliser le pays, donner plus de responsabilités aux collectivités qui connaissent mieux la situation des gens !
- Vous étiez ce mercredi à l’inauguration de Canoe à Lacq. Comment voyez-vous l’avenir de ce bassin secoué l’an passé par des affaires de rejets dans l’environnement ?
Canoe est une plateforme technologique qui met des technologies nouvelles au service des PME pour faire des planches à voile, des surfs, des éoliennes… C’est une vraie révolution industrielle. À Lacq, on peut rêver à ce qui est passé avant, et je peux avoir cette nostalgie, mais l’industrie, ce n’est pas la nostalgie. L’avenir, c’est ce qu’on accompagne avec Canoe, le GRL, c’est la chimie moléculaire, le stockage d’énergie, le biosourcing des matériaux composites… Nous allons bientôt installer une « phéromone valley » qui permettra de lutter biologiquement contre les agresseurs de l’agriculture. C’est un territoire naturellement pionnier qui doit être dans la chimie du futur, où l’on pense le monde de demain.
- Pour les batteries, vous espérez toujours un gros investissement industriel ?
Oui. Hydroquébec va vraisemblablement renforcer sa présence. Ensuite, il y aura un montage européen dans lequel la Nouvelle-Aquitaine sera forte parce que des coopérations scientifiques et technologiques ont notamment été mises en place sur le Bassin de Lacq. La chance que nous avons, c’est l’écosystème : Hydroquébec + Arkéma + Total.
- Trois ans et demi après la création de la grande région, comment appréhendez-vous cet immense ensemble de 12 départements. Pas trop usant à gérer ?
Que ce soit exigeant, je ne le nie pas. Maintenant, il y a une vraie puissance de feu. Que ce soit en terme de réseaux économiques, agricoles, d’innovation, de potentiel de développement… C’est fabuleux. je découvre chaque jour des pépites. Qu’elles soient humaines, économiques, dans des domaines très différents.
- On a quand même l’impression que vous êtes très souvent dans les anciennes régions de Poitou-Charentes et du Limousin. Ils ont tant besoin de preuves d’amour ?
Oui. Car ce n’est pas si simple de ne plus être capitale régionale. J’assume le fait que le modèle de l’ancienne Aquitaine puisse profiter à tous. Les aides à l’agriculture ont doublé en Limousin sans qu’elles ne baissent dans l’ex-Aquitaine. Et physiquement, je ne vois pas comment on peut dire que je ne suis pas présent ici. J’ai arrêté toutes mes activités parisiennes. Alors oui, je vais à Châtellerault mais je vais aussi à Peyrehorade ou sur le Bassin de Lacq.
- Vous êtes toujours au PS, comment vous y sentez-vous ?
Je m’y sens un peu mal à l’aise. Mais je ne vais pas abandonner cette idée-là et ceux qui la représentent aujourd’hui. Je ne suis pas fait comme cela. Je ne laisse tomber personne.
- Pourquoi mal à l’aise ?
Comment, lors de la crise des gilets jaunes, les Parisiens qui dirigent le PS, ont pu ne pas formuler de propositions ? Alors que, répondre aux gilets jaunes, c’est décentraliser le pays, donner plus de responsabilités aux collectivités qui connaissent mieux la situation des gens !
« Bedous-Canfranc, j’espère que ce sera 2024 »
- Où en êtes-vous du projet de réouverture Bedous-Canfranc ?
Les choses avancent bien, . L’Aragon et l’Etat espagnol ont répondu de leurs côtés à la partie du dossier pour avoir le financement européen dans le cadre du RTE-T (Réseau de transport européen). Cela permet d’avoir 50 % de subventions pour les études et 40 % pour les travaux. Le dossier est en cours d’examen à Bruxelles. Il faut d’autant plus agir que les camions arrivent à peine à se croiser, comme j’ai encore pu le constater récemment à Urdos. Le défrichage a de plus montré que la voie est impeccable.
- Des opérateurs ferroviaires se sont-ils déjà manifestés pour l’exploitation ?
Bien sûr…
- Ce pourrait être la Renfe (équivalent de la SNCF en Espagne, N.D.L.R.) qui veut exploiter des lignes en France ?
… (énigmatique) L’essentiel, c’est que cette voie ouvre.
- Quel est votre calendrier ?
J’espère ce que ce sera pour 2024. Il faut bien comprendre que ce ne sont pas les travaux les plus longs. d’autant que le patrimoine est bien conservé. Nous devrons également accompagner le déplacement du camping d’Urdos. Il faut réussir cette réouverture, pour enlever des camions mais aussi dynamiser la vallée. Croyez-vous qu’il y aurait un projet hôtelier à Bedous si le train n’y arrivait pas ? Par ailleurs, à la gare de Canfranc, en train d’être rénovée, je suis prêt à ce que la Nouvelle-Aquitaine y ait un espace.