Le comité pour la réouverture de la ligne Oloron-Canfranc publie, en forme de livre blanc, ses études sur la ligne Pau-Saragosse et imagine son avenir en 2024 et 2040.
Le comité pour la réouverture de la ligne Oloron-Canfranc (CRELOC) vient de publier, avec son homologue espagnol du CREFCO un livre blanc sur la ligne ferroviaire Pau-Canfranc-Saragosse, « un chemin de fer d’avenir ». Un ouvrage, parfois très technique, qui détaille les études menées par les deux associations alors que les études de faisabilité pour la réouverture complète de la ligne sont en cours.
Un « bouquin d’experts » qui entend faire œuvre de propositions, puisqu’il s’achève sur six recommandations, alors que pour les défenseurs de la réouverture, « un alignement des planètes sans précédent » se dessine. La Région désormais Nouvelle Aquitaine a prolongé la ligne entre Oloron et Bedous, l’Aragon soutient également la réouverture, la France et l’Espagne sont également impliquées (avec plus ou moins d’allant) et surtout l’Europe finance les études à hauteur de 50 % et s’est engagée à « contribuer » au chantier de réouverture.
Le CRELOC prend donc les devants pour pousser à une réouverture qui ne se fasse pas au rabais. Parmi ses recommandations, la mise en place d’un trafic voyageurs doublé d’un trafic de marchandises ; une nouvelle signalisation qui permette de relever les vitesses de parcours mais également d’instaurer un cadencement des trains, la modernisation (et l’électrification) de l’ensemble de la ligne…
Une cinquantaine de trains en 2040
« Il ne manque que 33 km entre Bedous et Canfranc pour rétablir cette ligne de 311 km entre Pau et Saragosse », indique le président du CRELOC, Alain Cazenave-Piarrot. « Il faut absolument saisir l’opportunité de cette ligne dans un contexte de réchauffement climatique, appuie le secrétaire Jean-Luc Palacio. On l’a vu dans le récent rappel à l’ordre de la France notamment par le Haut conseil pour le climat : ce n’est pas le tout de parler, il faut agir. »
Complétant leurs études déjà présentées en janvier 2017, CRELOC et CREFCO se lancent dans des prévisions de trafic. « Pour 2024, notre hypothèse de trafic voyageurs potentiels table sur 9 trains quotidiens, avec un cadencement à l’heure, détaille Jean-Pierre Soustre, l’un des « experts » du CRELOC. Un train intercité Pau-Saragosse avec deux allers-retours quotidiens. Enfin, l’acheminement des marchandises est fondamental, au vu d’une situation qui ne peut plus perdurer sur la RN134, avec 4 trains de marchandises aller-retour par jour. »
À moyen terme, à l’horizon 2040, le trafic quotidien pourrait atteindre les 50 trains quotidiens, dont 22 TER quotidiens et un cadencement à la demi-heure aux heures de pointe (matin et soir). Quatre intercités Bordeaux-Saragosse et Toulouse-Saragosse, via Pau, sont envisagés. Les trains de marchandises atteindraient les huit allers-retours, soit près de 10 000 tonnes de marchandises. L’investissement frôle le demi-milliard d’euros. « On a beaucoup critiqué les 100 millions d’euros d’Oloron-Bedous mais cette ligne est faite pour 100 ans. »
Le livre Pau-Canfranc-Saragosse, 115 pages dont 38 pages photos couleurs est disponible franco de port par un chèque de 15 € à l’ordre de « CRELOC » et adressé à « CRELOC, Mairie de Bedous-64490 ».
Une signalisation adéquate pour enfin permettre le croisement des trains
C’est l’une des propositions fortes du livre blanc : adopter sur l’ensemble de la ligne une signalisation qui permette le croisement des trains en gare (à Buzy, Lurbe ou Urdos) afin d’atteindre un cadencement à la demi-heure à l’horizon 2040 aux heures de pointe. Plusieurs recommandations techniques visent également à réduire les temps de parcours pour viser un trajet Pau-Saragosse en 3h30, susceptible d’attirer des voyageurs. Le trafic de marchandises qui impliquerait l’énorme plateforme logistique de Saragosse pourrait s’effectuer en 5 heures.