Le président du CD64 a rappelé la position de sa collectivité, voulant défendre les intérêts du 64. A gauche, on craint un chantage qui pourrait mettre en péril la réalisation des infrastructures.
Pas besoin d’attendre la canicule pour chauffer les débats de la session estivale du conseil départemental, ce jeudi. Et c’est le sujet des échangeurs autoroutiers, remis sur le devant de la scène par les Landais vendredi dernier, qui a fait monter la température.
C’est le président Jean-Jacques Lasserre qui, en préambule, a voulu « clarifier » la position de sa collectivité alors que le 64 a décidé de conditionner son engagement pour la réalisation des échangeurs à Carresse-Cassaber et Orthez à celle, dans le même calendrier, de ceux de Morlaàs-Berlanne et de Peyrehorade (BARO). Ce qu’avait dénoncé le président du CD40 Xavier Fortinon dans nos colonnes mardi.
« Beaucoup de choses ont été dites et la tentation d’hystériser le débat a pu venir à l’esprit de certains » relève Jean-Jacques Lasserre. « Nous n’avons jamais bougé d’un iota, toujours tenu le même discours, conforme à l’engagement de l’Assemblée départementale ». Assemblée qui, à l’unanimité, s’était prononcée le 16 février 2017 favorable aux principes de financement des quatre opérations.
« Nous ne priorisons pas un projet plus qu’un autre, notre priorité, ce sont les quatre projets » a affirmé le président. Mais de glisser qu’il attendait « que l’Etat et le concessionnaire tiennent leurs engagements. Nous avons toute confiance en l’Etat pour une issue positive pour Pau-Berlanne et la BARO RD19 ». Et d’annoncer une réponse « très prochainement ».
Cependant, cette stratégie a interrogé le groupe de la Gauche 64, par la voix d’Henri Etcheto, qui espérait être rassuré. « Nous ne pourrions pas croire que votre proximité avec le gouvernement comme celle d’autres grands élus béarnais qui ont pu d’ailleurs vous précéder jadis sur ce fauteuil, ne puisse pas influer avec succès sur ces décisions. Sans avoir besoin forcément de prendre en otage, dans un marchandage discutable, les collectivités voisines avec lesquelles notre parole avait été engagée » a déclaré le socialiste.
Lasserre dénonce la « soumission » de la précédente majorité
Une sortie qui a fait bondir Jean-Jacques Lasserre. Et de répliquer en rappelant la cession à l’euro symbolique de 14 km de voie aux autoroutiers sous la mandature précédente, » sous la pression d’un gouvernement de gauche. C’est ça la vraie soumission ».
Henri Etcheto voulut tempérer en affirmant que cette cession avait permis « des économies annuelles en fonctionnement » et qu’au bout, l’automobiliste profite d’une portion gratuite. Justification qui là encore a fait bouillir le président du CD64, taclant un « argument dérisoire. Vous comparez 300 000 euros d’économies par an avec la valeur de 14km de voie. Ce n’est pas à l’échelle. Et au bout ce sont les consommateurs qui paient. Le Palois qui va à Bayonne, lui, paie, ce n’est pas gratuit pour lui ».
Pour recentrer le débat sur les échangeurs, Marie-Pierre Cabanne (Gauche 64) s’est inquiétée de la démarche de la majorité, « ce dossier est interdépendant avec les Landais. Etaient-ils au courant de votre position ? Et ce chantage ne pourrait-il pas nous faire tout perdre ? »
« Nous ne sommes pas prêts à nous plier aux exigences de l’Etat et du concessionnaire. On ne laissera pas les projets de Berlanne et du BARO inertes. D’où nos interpellations vers l’Etat. Mais oui, les Landais étaient au courant. J’en ai personnellement parlé avec le président landais il y a trois semaines. Nos voisins ont voulu cultiver l’effarouchement. C’est leur droit. Mais si on se bat pour nos intérêts, c’est également dans le leur » a souligné Jean-Jacques Lasserre, qui a promis cependant de nouvelles discussions avec les Landais.
Le Département pas chaud pour reprendre la RN 134
Parallèlement aux discussions autour des échangeurs, le président Lasserre a glissé que l’Etat avait demandé au Département le basculement de la RN 134 dans le giron départemental. « Pour l’instant, nous considérons que cette route a un intérêt national et même international » a précisé Jean-Jacques Lasserre. Réponse polie pour dire non à l’Etat.