Les conditions posées par le Département pour participer au financement des projets d’échangeurs sur l’A64 suscitent quelques remous parmi les élus de l’Ouest-Béarn. À force d’exiger des garanties pour Morlaàs, certains craignent de louper le train pour les dossiers de la Virginie et de Carresse-Cassaber.
Dans l’Agglo de Pau et vers Peyrehorade-Bidache, l’insistance du Département à exiger la réalisation concomitante de l’ensemble des projets d’échangeurs autoroutiers du 64 ne risque pas de déplaire. Dans l’Ouest-Béarn, c’est en revanche moins sûr. Alors que les échanges sont en cours entre le Département, l’État et le concessionnaire Vinci-ASF sur le financement des équipements, certains élus du territoire s’inquiètent de voir les projets de la Virginie et de Carresse-Cassaber servir de moyen de pression dans une négociation plus globale. Une attitude également fustigée par les élus landais, cofinanceurs du demi-diffuseur de Carresse.
Le Département trouble en effet le jeu en formulant de nouvelles conditions, à quelques mois du 8 novembre, date limite fixée par l’État pour signer les conventions de financement liées au plan de relance autoroutier. Pour donner suite aux pré-accords trouvés dès 2017 pour financer les ouvrages de Carresse et de la Virginie annoncés à l’horizon 2023 dans le cadre du plan, le 64 réclame ainsi désormais des garanties sur la réalisation du diffuseur de Morlaàs-Berlanne. Et idem pour la bretelle de raccordement ouest de Peyrehorade (Baro). Soit deux projets intégrés dans la concession passée avec Vinci… mais pour lesquels aucun calendrier n’a été avancé à ce jour.
« Nous voulons un engagement ferme de l’État pour que Morlaàs et le Baro se fassent dans le même calendrier que Carresse et Orthez », affirmait ainsi lundi dans nos colonnes le Département, en attente « d’un accord global sur les quatre infrastructures ».
Posture génératrice de « flottements »
« Le Département essaye de contraindre Vinci à réaliser Peyrehorade et Morlaàs de façon plus hâtive que prévue. Selon le contrat de concession, Morlaàs doit être fait d’ici 2032. Ce que Jean-Jacques Lasserre souhaite, c’est utiliser ce qu’il considère comme sa dernière monnaie d’échange pour contraindre Vinci et l’État à accéder à ses revendications », décrypte le député David Habib, parmi les premiers élus à s’émouvoir de cette tactique.
« À l’heure actuelle, le seul projet sûr d’être réalisé, c’est Berlanne. Sa réalisation sera peut-être tardive, mais il sera réalisé puisqu’il figure dans la convention de concession. Pour la Virginie et Carresse, il suffirait en revanche d’un couac entre les différents partenaires pour que cela avorte », explique celui pour qui l’attitude du Département suscite justement chez les partenaires « flottements » et « remises en cause ».
Le député n’est cependant pas le seul à s’inquiéter. À Orthez, le maire Emmanuel Hanon se dit ainsi « extrêmement vigilant ». « On ne va tout de même pas condamner les projets qui ont les voyants au vert parce qu’il y a des incertitudes sur les autres dossiers ! », estime-t-il. D’autres sont en revanche moins alarmés. À la CC Lacq-Orthez, Jacques Cassiau-Haurie se montre ainsi serein. « Cela ne m’inquiète pas. On a justement une réunion ce vendredi en préfecture pour préciser le timing et le financement. Pour l’instant, rien n’est remis en cause. »
Seul moyen de peser pour Pédehontaà
Élu de la majorité départementale, Jacques Pédehontaà se montre enfin solidaire de son chef de file. « Les Landais ont raison de s’impatienter et de s’exaspérer. Et le président Lasserre a raison de tenir le poignet ferme vis-à-vis de l’État et de Vinci. On a déjà tellement attendu ! Mais quel autre moyen de pression avons-nous ? Le Département est le principal bailleur ! (NDLR : parmi les collectivités) », estime celui aux yeux duquel une liberté d’action beaucoup trop importante a été concédée par l’État au concessionnaire, maître à bord dans la conduite des projets, l’évaluation des coûts et la réalisation des aménagements.
« Je ne comprends toujours pas le coût ahurissant de ces travaux. Je ne comprends toujours pas que la Virginie puisse coûter aussi cher (NDLR : 9M€ HT) alors que les accès et le pont existent ! N’importe quel entrepreneur orthézien de travaux publics vous diviserait la facture par 3 ! », s’enflamme le maire de Laàs. « Comment s’est-on laissé prendre en otage à ce point par les concessionnaires ? Aujourd’hui, on paye l’addition et ils font ce qu’ils veulent ! »
Le Béarn des gaves veut renégocier son appui pour Carresse
Sur le dossier de Carresse-Cassaber, le Département n’est pas le seul à remettre en cause le plan de financement acté en 2017. Sur un chantier estimé à 13,5M€, seul un des trois carriers de la zone (Groupe Daniel, pour 500 000€) se dit en effet prêt à honorer son engagement parmi les acteurs béarnais locaux. La CC Béarn des gaves entend de son côté renégocier sa contribution, initialement attendue à 500 000€. « On ne se retire de rien du tout. Ce que l’on demande, c’est une répartition plus équitable au vu des besoins de chacun », pose son président, Jean Labour. « Le Béarn des gaves a hérité d’un accord passé par l’ancienne CC Salies. C’est un contrat que je respecte. Mais au fil des discussions, on se rend compte que l’intérêt est plus important pour les Landes que pour le Béarn des gaves. On demande donc la révision de la répartition », continue celui qui propose de monter « à 200 000, 250 000€ ».