Devenu un véritable carrefour des pratiques numériques, ce salon a trouvé son rythme, s’ouvrant à un plus large public. Retour sur quelques temps forts.
De grands sourires, quelques slogans chocs, et beaucoup de visages concentrés. E-py, aujourd’hui, c’est un peu tout ça ! Organisée ce jeudi par notre journal et ses partenaires (1), la dernière cuvée du salon dédié aux usages du numérique, devenu un véritable carrefour régional, a renvoyé l’image d’une manifestation ayant trouvé son rythme de croisière. D’un rendez-vous qui, face à des pratiques parfois invasives au quotidien, s’est également efforcé de « donner du sens », a-t-on entendu.
Désormais largement ouvert au grand public, bien installé dans l’écrin palois du Palais Beaumont, e-py, qui a retenu l’attention de plusieurs centaines de personnes, surfe plus que jamais sur l’air du temps. Et a surtout su éviter le piège de la facilité en ne s’adressant pas uniquement à un cercle d’initiés conquis d’avance, même si, ici, les anglicismes sont légion !
On retiendra, disions-nous, plusieurs images de cette troisième édition. En commençant, pourquoi pas, par le visage avenant du cuisinier Etienne Rozès, capable de vendre en deux minutes sa proposition d’« expérience client » autour d’une bonne table. Mais nous pourrions vous parler aussi de la joie des Palois de Prof en poche, du tandem de ST37, champion de l’innovation, des réalisateurs de la société Meduvip, ou encore de la Charcuterie béarnaise, à Aren, récompensée pour son dynamisme.
Pédagogie et sens de la formule
Ceux-là, et quelques autres, sont repartis avec les Trophées e-py réservés aux meilleurs des Pyrénées numériques, non sans avoir auparavant phosphoré sur les pistes de réflexion ouvertes par Raphaël Enthoven, invité à décortiquer la bien vaste question de « la démocratie à l’épreuve des réseaux sociaux ».
S’il ne jouit pas de la notoriété du philosophe médiatique, Daniel Widera, l’un des intervenants au Palais Beaumont, mérite lui aussi d’être écouté. Le bonhomme, directeur de la transformation numérique et de la performance chez l’opérateur gazier Teréga, a pour le moins le sens de la formule. Imagée, ponctuée d’éléments de langage sciemment piochés dans le dictionnaire du monde selon Macron, sa prise de parole restera l’un des temps forts d’une journée très dense, au cours de laquelle on a pu notamment apprécier le discours pédagogue de Fabien Coutant, en charge de la gouvernance des données chez Enedis.
Difficile en effet de ne pas tendre l’oreille quand l’orateur, Daniel Widera donc, résume en peu de mots le choix cornélien s’offrant aujourd’hui à chacun d’entre nous face à la révolution numérique en marche. Il a osé le dire : « Soit on s’adapte, soit l’agonie sera longue ! »
Brutal, mais pas totalement faux non plus. Même Georges, le robot interactif croisé dans les travées du salon, a semblé accuser le coup…
(1) Région Nouvelle-Aquitaine, Département 64, Agglo Pau-Béarn-Pyrénées, CCI Pau-Béarn, Enedis, Teréga, Crédit agricole Pyrénées-Gascogne, Hélioparc, Greta Sud-Aquitaine.
A e-py, le label French Tech dévoile sa feuille de route
Premier rendez-vous, très gourmand, pour la communauté French Tech locale. Avant une phase plus opérationnelle
Par le terme « networking », il faut, a-t-on appris ce jeudi, comprendre « apéritif déjeunatoire ». Il fallait en tout cas bien cela, c’est-à-dire quelques agapes goûteuses, des vins locaux et le cadre ensoleillé de la terrasse du Palais Beaumont, pour permettre à la communauté French Tech de Pau et du Béarn de se réunir pour la première fois, deux mois environ après l’obtention du précieux label.
En amont, ce fut aussi l’occasion aussi pour Olivier Farreng, directeur de la technopole Hélioparc, et les chefs d’entreprise Thomas Othax (Packitoo) et David Castéra (TANu) qui président, actuellement, la communauté French Tech, de revenir sur l’obtention du label mais aussi les bénéfices qu’il peut générer. « Quand on a vu que l’Etat relançait un appel à candidatures, nous nous sommes dit banco », a ainsi raconté OIivier Farreng. Au sein de sa structure, ce dernier est bien placé pour constater la place qu’a prise la filière du digital en Béarn. Hélioparc va ainsi « agrandir l’Atelier numérique, la pépinière qui accueille les start-up ».
Bientôt une association
Reste que, dixit l’Oloronais David Castéra, « tout est encore à faire car nous partons de rien ». La communauté est encore à structurer, ce à quoi vont s’employer les responsables du label. « Une association sera bientôt créée », annonce Thomas Othax. A elle d’organiser les futurs événements et de travailler à la reconduction d’un label accordé pour trois ans.
« Une association sera bientôt créée », annonce Thomas Othax. A elle d’organiser les futurs événements et de travailler à la reconduction d’un label accordé pour trois ans.
D’ores et déjà, attirer des nouveaux talents (40 % des nouveaux emplois créés en France sont dans le numérique), tisser des liens entre start-up et donneurs d’ordre locaux, qu’ils soient privés ou publics, créer des animations et donc fédérer l’ensemble des entreprises innovantes font office de priorités.
Job dating : des forums prisés qui attirent les candidats
Un véritable succès ! Les deux job dating organisés dans le cadre du salon e-py et portés par le Greta Sud-Aquitaine ont recueilli, ce jeudi, une large adhésion. Au bas mot, plus d’une centaine de candidats ont investi le Palais Beaumont afin de venir à la rencontre des acteurs (publics et privés) du vaste monde numérique.
Leurs profils ? Extrêmement variés, à l’image de la palette des postes proposés qui, pour l’essentiel, appartiennent à trois grandes « familles » : développeurs, webdesigners et techniciens.
Un public averti, mais pas seulement
En fait, « cela va du geek autodidacte à ceux qui, rattrapés par le principe de réalité, ont constaté que même un emploi administratif n’échappe plus, aujourd’hui, au virage de la transformation numérique », constate Valérie Demangel, la directrice du Greta. Désireuse « de coller au marché », elle veut également élargir la focale pour que, à terme, ce rendez-vous « devienne multisectoriel dans quelques années ».
Mises en relation avec recruteurs et dirigeants d’entreprises, sensibilisation aux métiers, présentations d’offres de formations ou de parcours en alternance, etc. En visant très large, ces job dating ont bien atteint leur cible. Les attitudes de candidats très concentrés, croisés autour de tables bien garnies, en attestent. Et l’effort est d’autant plus remarquable que le Greta a aussi veillé à ne laisser personne au bord du chemin. Séduit par l’écosystème local, l’avionneur Daher ambitionnerait d’ailleurs la création d’un pôle numérique en Béarn. L’armée a elle aussi fait savoir sa satisfaction.
En effet, au-delà d’un public jeune et déjà averti, ces journées « s’adressent tout autant à des salariés en période de reconversion, mais également des décrocheurs et bien sûr aussi les personnes en situation de handicap », se félicite Valérie Demangel.
Sébastien, venu tout exprès du territoire voisin des Hautes-Pyrénées, n’a, lui, rien d’un décrocheur. Bien au contraire, à 26 ans seulement, ce jeune homme d’Adé, qui débarque sur le marché du travail, dispose déjà de plusieurs cordes à son arc. Titulaire « d’un BTS programmation industrielle » et « d’une licence multimédia », il se rendait « pour la première fois à un job dating organisé à une telle échelle ». Le déplacement a été fructueux, l’intéressé faisant état « d’une touche sérieuse » pour un emploi de développeur web avec l’opérateur Orange.
Tonique Raphaël Enthoven
« La démocratie à l’épreuve des réseaux », voilà le thème sur lequel était invité à plancher Raphaël Enthoven. Un grand oral pour lequel le professeur de philosophie (il se définit comme cela et non comme philosophe), lui-même utilisateur régulier mais pas compulsif de Twitter, avait quelques arguments à avancer. Et c’était parti pour une heure devant un amphithéâtre bondé.
« Un tribunal populaire »
Avec un constat en guise de préambule : « Les réseaux sociaux, c’est la première chose que les dictatures essaient de contrôler. » Et Raphaël Enthoven d’indiquer que dans certains pays, ils sont les seuls théâtres où la parole peut encore s’exprimer librement, faisant donc office de « véritables outils démocratiques ». Dans les démocraties, la situation est différente. Raphaël Enthoven pointe ainsi que les réseaux sociaux, avec la facilité conférée par l’anonymat et l’usage de pseudonymes, peuvent parfois s’ériger en véritable tribunal populaire, promeuvent le politiquement correct et dénient toute forme de nuances.
« L’humilité y est même perçue comme une faiblesse alors qu’on ne devrait pas avoir honte de dire quand on se trompe. » Faut-il alors les quitter, les fuir, ces réseaux sociaux qui peuvent nous rendre addictifs à nos smartphones ? Le professeur ne pense pas. « Ce n’est pas pour cela qu’ils n’existeront plus. » Mieux vaut plutôt ne jamais cesser de débattre. Sur nos écrans mais aussi partout ailleurs. Une règle d’hygiène démocratique en quelque sorte.