Depuis lundi, Paris accueille la 53e édition du fameux salon du Bourget. Les entreprises béarnaises et bigourdanes font valoir leurs atouts aux yeux du monde entier.
Et d’un coup, c’est comme si le temps se suspendait.
Les visiteurs, pourtant infatigables arpenteurs des innombrables allées des lieux, cessent soudainement de crapahuter à travers le tarmac parisien, les yeux scrutant avidement le ciel. Brusquement, un vacarme assourdissant retentit dans les airs. Un Rafale vient de traverser les quelques nuages. Le son déchire les oreilles, mais provoque un grand sourire aux lèvres. Bienvenue au 53e Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, temple des prouesses technologiques des industries du monde entier.
Si un avion de chasse peut calmer l’agitation incroyable du salon à l’extérieur, tout Rafale qu’il est, il ne peut rien contre l’incessant foisonnement à l’intérieur d’immenses halls du Bourget. Sous les grandes cathédrales de tôles, le business continue. Toujours.
« Le salon où il faut être absolument »
Dans cette grande messe du gotha industriel (332 000 visiteurs lors de la dernière édition en 2017, 150 milliards d’euros de volume de commandes passées), certains visages sont familiers : des entreprises des Pyrénées-Atlantiques (notamment du Béarn) et des Hautes-Pyrénées sont de la partie. « On ne raterait le salon pour rien au monde. Il faut y être, sinon les clients pensent qu’on a disparu » lance Lilian Cancé, en charge du développement commercial chez Aquitaine Électronique (désormais connue sous le sigle Aece), sous-traitant historique de la filière aéronautique béarnaise, basé à Serres-Castet. « Cela fait plus de vingt ans que l’entreprise vient à Paris. C’est une vitrine sans égale, qui permet de rencontrer clients et partenaires, de France et d’ailleurs. Pour entretenir son réseau, il n’y a pas mieux ! »
Un avis partagé par Christophe Richard, responsable innovation technologique et Arnaud Cruchet, directeur d’usine en région parisienne, tous deux évoluant sous les couleurs de Ventana, le fabricant de composants métalliques dont la fonderie se trouve à Arudy depuis 1938. « Le Bourget, c’est la fête de l’aérien. C’est un événement qui met en avant l’innovation et le savoir-faire des industries aéronautiques. Venir au salon, c’est montrer ce dont on est capable et surtout le montrer en direct à ses clients ou potentiels clients. Grâce au salon et à son ambiance particulière, vous pouvez prendre le temps de discuter réellement avec eux, de resserrer les liens. Du coup, sur notre stand cette année, nous avons aménagé deux salles de réunion pour être au calme avec nos clients ».
Endroit unique pour le réseautage
Une proximité que loue également Bruno Guéraud, de Clip Industrie, plus connue à Pau au travers du logiciel de gestion de production aéronautique Hélios. « Incontournable. Tout simplement. Du point de vue commercial et relationnel, rien ne peut rivaliser avec le salon. Il y a quelques années, on pensait que tout se ferait sur internet. Mais au final, rien ne remplace les salons, encore plus celui du Bourget. Ici, vous allez directement chercher l’info. Autant pour trouver de nouveaux clients que pour voir ce que font vos concurrents ».
Et le responsable commercial France de l’entreprise d’utiliser un argument déjà avancé : « C’est aussi une question d’image, d’image de marque. Vous ne pouvez pas prétendre être une entreprise de référence si vous n’êtes pas au Bourget. C’est une obligation ».
Tout pour le business alors ? Bruno Guéraud sourit : « Évidemment, en tant que passionnés de l’aéronautique, les professionnels présents prennent toujours un peu de temps pour profiter du salon ». Une confidence que ne renierait pas la majorité de nos interlocuteurs du jour, qui sitôt leur interview terminée, se sont précipités dehors pour admirer les acrobaties du Rafale…
Région : 3 nouvelles écoles d’ingénieurs et un partenariat avec l’UE
Particulièrement active dans le soutien du secteur aéronautique de son territoire, la Région Nouvelle-Aquitaine continue ses efforts dans ce secteur, avec de nouvelles initiatives.
Si la Région Nouvelle-Aquitaine a fait cause commune avec sa voisine d’Occitanie pour leur stand au Bourget, le salon passé, chacun retourne à la promotion de son territoire. Et la Nouvelle-Aquitaine a de nouveaux projets pour continuer à soutenir son secteur aéronautique local, comme l’a souligné le président Alain Rousset ce mardi.
« Chez nous, l’aéronautique c’est 70 000 emplois direct. C’est une puissance industrielle » a lancé en préambule l’ancien député de Gironde. Mais sans maîtrise, tout le monde le sait, la puissance n’est rien. Alain Rousset en est bien conscient et compte accentuer le soutien de la collectivité locale, notamment à travers son plan Maryse Bastié, véritable feuille de route de la filière tout entière à l’horizon 2022.
Lors de sa conférence de presse au Bourget, le président de la Région a précisé ses priorités sur le sujet. Pour ce faire, il compte œuvrer sur trois axes principaux de travail. Premièrement, il veut « accompagner l’augmentation des compétences et de la puissance » des entreprises sous-traitantes de taille intermédiaire du secteur et prévoit notamment de multiplier leur nombre par deux.
La Région mise sur la formation
Deuxième point : la formation. L’aéronautique a d’énormes besoins de recrutement, notamment de profils ultra-qualifiés. La difficulté est que le champ d’action de ces derniers est très diversifié. « Nous avions déjà œuvré sur les formations liées à la maintenance, désormais nous voulons avoir une action globale. Le but est d’avoir tout le cursus sur place, du CAP au diplôme d’ingénieur, et ceci couvrant l’intégralité des profils dont a besoin notre secteur aéronautique ».
Pour ce faire, la Région compte notamment sur l’arrivée sur son territoire de trois écoles d’ingénieurs : L’Enspima (Ecole nationale supérieure pour la performance industrielle et la maintenance aéronautique), qui ouvrira ses portes en septembre 2019 à Bordeaux. L’Estaca (Ecole supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile), spécialisée dans les transports, va également ouvrir une antenne dans l’agglomération bordelaise. Le lieu exact n’a pas encore été validé. Enfin, l’ENSMA (Ecole nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique) sera également de la partie, avec notamment tout un pan de son cursus en apprentissage. Objectif avoué : « Former plus de 300 ingénieurs par an, dont une partie en apprentissage ».
Soutenir la rupture technologique
Enfin, dernier point souligné par le président Rousset, la nécessité d’accompagner les entreprises de l’aéronautique dans la « rupture technologique » pour rendre le transport aérien « moins polluant ». Un défi de taille car le trafic du secteur a prévu de doubler dans les prochaines années. Joignant les actes à la parole, Alain Rousset a profité du salon du Bourget pour signer une convention de deux ans avec le programme européen Clean Sky 2, qui soutient financièrement les entreprises qui se lancent dans cette transition. « Notre objectif est qu’avec cette convention nos PME puissent aussi bénéficier des financements européens » a conclu Alain Rousset.
La Bigorre aussi présente, dont Tarmac qui recrute !
Au Bourget, les Bigourdanes tirent également leur épingle du jeu. Notamment Daeher ærospace et Tarmac ærosave. Pour cette dernière, le salon est également un rendez-vous primordial. Jean-Benoît Schmid, chef de projet démantèlement/déconstruction, l’a bien compris même si c’est sa première expérience sur le tarmac parisien : « C’est vraiment excitant d’être ici. Le nombre d’exposants est complètement fou. Le salon du Bourget est unique, il faut y être. En termes d’image, de publicité, de relationnel, c’est top. D’ailleurs, on le voit bien pour nous : notre planning de rendez-vous est déjà quasiment plein jusqu’à la fin du salon ! » L’occasion aussi pour la société bigourdane, qui vise une croissance de 10 % de son chiffre d’affaires pour 2019 et +15 % en 2020, de lancer un appel au recrutement : « Nous recrutons 60 postes sur notre site sur l’aéroport de Tarbes-Lourdes, 25 pour notre usine espagnole de Teruel et 15 à Toulouse-Francazal », glisse Lisa Pomés, responsable commerciale. Qui précise : « On profite aussi du Bourget pour recentrer notre communication ; on est souvent connus pour notre activité de recyclage d’avions, mais notre cœur de métier, c’est le stockage et la maintenance ! »