La compagnie allemande FlixTrain a déposé cinq projets de lignes en France, dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des lignes commerciales, prévue pour 2020.
Cinq projets de lignes de trains ont été rendus publics lundi par l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des grandes lignes commerciales de transport de voyageurs, prévue pour fin 2020.
Ces projets, tous déposés par la compagnie allemande FlixTrain, concernent les trajets Paris-Nord – Bruxelles-Nord, Paris-Bercy – Lyon Perrache, Paris-Bercy – Nice (en horaire de nuit), Paris-Bercy – Toulouse, et Paris-Austerlitz – Bordeaux. Cette dernière ligne historique n’est plus empruntée à ce jour par les trains Paris – Bordeaux, les TGV et les trains Ouigo passant par la gare Montparnasse ou la gare de Massy.
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Ces trajets totalisent 25 arrêts intermédiaires, et chaque liaison (étape entre deux arrêts) sera « potentiellement commercialisable », selon la compagnie. La réglementation européenne qui définit les conditions d’accès des opérateurs privés au réseau ferroviaire accorde un délai d’un mois pour que les autorités organisatrices de transport – principalement les régions – puissent contester ces projets car ils viendraient « mettre en péril l’équilibre économique de services publics existants », notamment les TER, rappelle le régulateur.
Une offre similaire aux Intercités
FlixTrain, filiale du groupe FlixMobility dont fait également partie FlixBus, est finalement la seule compagnie à s’être portée candidate pour ces cinq lignes, alors que SNCF Réseaux avait indiqué en début d’année avoir « deux touches » parmi les opérateurs ferroviaires.
« L’étape qu’on franchit aujourd’hui, c’est un manifeste d’intérêt très fort pour certaines lignes, qu’on a identifiées comme étant à fort potentiel. On estime qu’il est possible de générer sur ces axes-là énormément de demande supplémentaire par rapport à ce qui existe », a expliqué Yvan Lefranc-Morin, directeur-général France de FlixBus (filiale du groupe FlixMobility dont fait également partie FlixTrain), dans un entretien avec l’AFP.
Comme en Allemagne, où la compagnie exerce depuis avril 2018, FlixTrain se focalisera sur la planification du réseau et la vente des billets et entend travailler avec des sous-traitants qui posséderont et feront circuler les trains, floqués en vert à l’effigie de la marque.
En France, FlixBus exploite des lignes d’autocars interurbains low-cost depuis quatre ans. « Nous allons intégrer ces trains dans un réseau beaucoup plus large qui représente aujourd’hui les nouveaux modes de mobilité bon marché. L’intérêt pour nous, c’est de créer une perméabilité entre le car et le train car on est persuadés de la forte complémentarité de ces modes de transports, a ajouté Yvan Lefranc-Morin.
Ces cinq projets de lignes ferroviaires visent un début de service pour « l’horaire 2021 », qui commencera en réalité le 12 décembre 2020. Alors qu’il était possible de proposer des lignes à grande vitesse, FlixTrain s’est concentré sur une offre « équivalente aux trains Intercités, avec des prix nécessairement plus abordables ».
Un train de nuit pour Paris-Nice
Selon les projets déposés, un trajet Paris-Lyon prendra 4 heures et 22 minutes et relier Paris à Toulouse prendra 6 heures et 35 minutes. Pour le trajet proposé le plus long (Paris-Nice, 10 heures et 24 minutes), la compagnie mise sur le train de nuit. « Il y a un vrai appétit d’une certaine catégorie de client à voyager de nuit. On le voit sur nos lignes de bus qui marchent très bien », a expliqué Yvan Lefranc-Morin, ajoutant « attendre beaucoup de ce que va dire le gouvernement à ce sujet ».
Le train de nuit a décliné en France et la SNCF n’exploite plus que deux lignes. Réputé difficile à exploiter, il est aussi présenté comme le meilleur moyen pour aller loin sans polluer. Le projet de loi Mobilités propose d’ailleurs de leur consacrer une étude en vue de les relancer. Au-delà des lignes commerciales, les services ferroviaires conventionnés pourront faire l’objet d’appels d’offres dès le 3 décembre, si les autorités organisatrices le souhaitent (régions pour les TER et le Transilien, l’Etat pour les Intercités). Cette possibilité deviendra obligatoire, sauf exceptions, fin 2023.
Les lignes internationales sont, elles, ouvertes à la concurrence depuis 2009. La compagnie ferroviaire Thello, filiale française de l’entreprise publique italienne Trenitalia, exploite déjà un train de nuit et une liaison classique France-Italie et veut lancer des trains à grande vitesse également entre France et Italie à partir de juin 2020. En Allemagne, FlixTrain exploite désormais trois lignes et a transporté un million de voyageurs lors de sa première année d’exploitation, selon la société.