Pour la petite histoire, le dix-millionième passager à emprunter la ligne à grande vitesse Paris-Bordeaux… a été une passagère, qui a composté son billet le 23 mai dernier au matin. Et alors que la SNCF nous rappelle qu’un voyage en TGV entre Bordeaux et Paris génère 24 fois moins d’émissions de CO2 par passager qu’en avion (et 19 fois moins qu’en voiture, 9 fois moins qu’en covoiturage et 8 fois moins qu’en autocar), l’heureuse élue était très certainement sensible à cet argument de poids, puisqu’elle se rendait visiblement au World Impact Summit de Bordeaux, en tant que la responsable partenaires de Reforest’Action, société qui propose aux particuliers et aux entreprises un service de plantation participative en ligne et qui revendique déjà 3,3 millions d’arbres plantés dans le monde.

Outre le franchissement de ce cap symbolique des 10 millions de voyageurs en moins de deux ans, la SNCF en a profité pour communiquer un petit bilan chiffré. Depuis le lancement de la ligne, la croissance du trafic sur l’axe aurait d’abord progressé de 71%, largement portée par les jeunes (+80%) et les professionnels (+76%).

La satisfaction client progresse…

Côté clients, ensuite, on ronchonne moins que sur les quais du RER parisien, puisque le taux de satisfaction a progressé de 12 points. En mars dernier, il atteignait 85%. On notera également que la hausse de la fréquentation s’est répercutée sur les lignes TER (+10%), grâce à 60% de correspondances TGV/TER régionales supplémentaires. La SNCF précise enfin qu’un passager sur 4 a voyagé avec Ouigo, son offre de billets de dernière minute à petits prix (à partir de 16 € l’aller simple pour un adulte et 8 € pour un enfant de moins de 12 ans).

Pour fêter ces bons résultats, quelques nouveautés et bons plans ont été annoncés pour la saison estivale, comme la mise en vente de 300.000 billets inOui (offre premium avec WiFi et services personnalisés) « à petits prix », des Thalys entre Bordeaux et Bruxelles de fin juin à fin août (en 4 heures), ou encore « une nouvelle desserte Ouigo le dimanche, à partir du 6 juillet en provenance de Toulouse. Pour la rentrée, la SNCF indique par ailleurs qu’un « renforcement de la desserte TGV entre Arcachon, Biganos-Facture et Paris » est à l’étude.

En résumé, entre un trafic, une satisfaction et des préoccupations environnementales allant crescendo, tout serait parfait si certains riverains de la ligne n’étaient pas excédés par le « train d’enfer » que leur impose la bonne trentaine de liaisons quotidiennes directes entre Bordeaux et Paris.

Début mai, on a tout de même appris qu’une enveloppe de 22 millions d’euros serait consacrée à des travaux de réduction de l’impact acoustique de la circulation des trains aux abords de la LGV Sud Europe Atlantique. Malgré le bruit, les riverains seraient donc en passe d’être entendus, y compris au chapitre d’une future révision des critères de mesure des nuisances sonores (qui ici se caractérisent non par leur continuité mais par des pics acoustiques importants). Si la ligne est une réussite commerciale, il y a donc encore du pain sur la planche pour apaiser les mécontents.