Lors de la visite de la ministre des Transports Elisabeth Borne à Pau, François Bayrou a relancé l’idée d’un train pendulaire de la côte basque à la Bigorre. Et l’Etat veut aller dans ce sens.
Ce n’est pas en train, mais en avion, que la ministre des Transports Elisabeth Borne a voyagé ce vendredi pour se rendre à Pau. Mais c’est bien de l’avenir du ferroviaire local qu’elle est venue parler, de la mise en place de nouvelles rames pour les Intercités à l’amélioration des infrastructures.
On a aussi pu l’aiguiller sur certains autres sujets d’actualité.
RER : le besoin de cadencement
Un RER béarnais. C’était le 1er avril dernier, et ce n’était pas un poisson. L’association LGV-Orthez-Oui, portée par son président René Ricarrère, remettait sur le tapis l’idée d’un train pendulaire traversant le département (avec des passages toutes les demi-heures en période de pointe). Alors quand, ce vendredi, le maire de Pau François Bayrou a plaidé cette cause devant la ministre, l’ancien édile orthézien ne pouvait qu’arborer un large sourire. « Tout le monde y vient, le président du conseil départemental aussi d’ailleurs » nous glissait-il.
François Bayrou est même allé plus loin : « Je milite pour qu’on améliore considérablement l’infrastructure, non seulement pour que cela profite au TGV Paris-Pau, mais je pense aussi que l’avenir est à une liaison RER entre Bayonne, Puyoô, Orthez, Pau, Lourdes et Tarbes. Cela rendrait de grands services et nous permettrait de sortir de l’obligation de prendre sa voiture ». Notant qu’il faudra pour cela réhabiliter la portion directe entre Puyoô et Bayonne. Ayant de la suite dans les idées, le maire palois a même interrogé la SNCF pour connaître le prix d’une rame d’occasion.
Car il pouvait rappeler que les intercommunalités allaient devenir partenaires de l’Etat et de la Région en matière de transports, dans la future loi de son invitée. Et l’Agglo paloise semble motivée pour porter ce projet. Pour la grande satisfaction d’Elisabeth Borne qui appelle les métropoles et intercos « à se saisir des enjeux de mobilité. Afin de tirer le meilleur parti du réseau ferroviaire qu’on a trop longtemps laissé se dégrader. Il faut qu’on puisse offrir des dessertes cadencées aux Français qui ont des difficultés à se rendre à leur travail » a appuyé la ministre. Et de souligner la possibilité de coopérations « souples » mais en excluant toute privatisation des petites lignes.
Nouvelles rames pour l’Intercités Toulouse-Bayonne
C’était l’objet premier de la visite de la ministre. Dévoiler les nouvelles rames Alstom Coradia Liner qui, d’ici fin juillet, équiperont tous les trains Intercités de la ligne Toulouse-Bayonne (qui passe par Pau et Orthez), avec 4 allers-retours.
La première sera en service dès ce lundi 29 avril, avec un départ de la capitale de l’Occitanie à 8h30. Adieu donc les (vieux) trains Corail, « c’est un saut qualitatif de quatre décennies » souligne Delphine Couzi, directrice nationale de SNCF Intercités. Une nouvelle rame, à traction électrique, « pensée pour une accessibilité maximale », faisant la part belle à la luminosité, au confort, « pour une clientèle qui fait de longs trajets », avec des fauteuils inclinables plus larges, de plus grandes tablettes, des liseuses, des prises électriques. Mais pas encore de Wifi.
173 places sur 72 mètres
Baptisé Coradia Liner, ce nouveau train de 72 mètres dispose de 173 places (les Corail en avaient 320), dont 23 en 1re classe, trois places pour les vélos et deux pour les personnes à mobilité réduite. Les week-ends de grande affluence, « on pourra accoler deux rames » souligne Christophe Poulain, le responsable de la ligne qui précise aussi que les tarifs ne changent pas et qu’il sera désormais possible de réserver son siège.
Au total, ce sont 9 rames qui ont été achetées par l’Etat, « un investissement de plus de 100 millions d’euros » note la ministre, « ce sont des lignes importantes parce qu’elles sont de l’aménagement du territoire et c’est essentiel d’offrir aux voyageurs ce qu’on fait de mieux aujourd’hui ». Et de préciser que cela allait « de paire avec la rénovation de l’infrastructure. Il y a un gros programme de remise en état de 570 millions d’euros. Priorité a été donnée à l’entretien et à la régénération des réseaux.
Il faut redonner un service de qualité, pour retrouver une régularité et une fiabilité qui peuvent parfois manquer. Et SNCF Réseau a bien compris qu’il fallait tenir les calendriers ». Rappelons en effet ici que le TER Pau-Bayonne, par exemple, était la pire ligne de Nouvelle-Aquitaine en 2017–2018, présentant un taux de régularité de 72,5 %.
Accessibilité de la gare : le coup de pression à la SNCF
Nous avions eu la même scène en octobre 2016, quand le PDG de la SNCF Guillaume Pépy était venu en gare de Pau. François Bayrou et son adjoint Jean-Paul Brin lui avaient expliqué par le menu le besoin urgent de rendre accessible le site, en promouvant l’idée d’un ascenseur au droit de l’actuel tunnel (contre l’onéreuse passerelle au-dessus des voies).
Vendredi, c’était donc une impression de déjà-vu quand les élus ont cette fois argumenté devant Elisabeth Borne. Plus énervés qu’il y a deux ans et demi, car depuis, rien n’a bougé ou presque. « Ce n’est pas acceptable pour une gare qui voit passer chaque jour 2 300 voyageurs » s’est indigné le maire.
Plusieurs difficultés à la gare
Pour sa solution « qui est de loin la meilleure et la moins chère », il a fait récemment du lobbying auprès de Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau « et il a convenu qu’il fallait l’étudier ». Présent à Pau, le directeur régional Jean-Luc Gary s’est ainsi retrouvé un peu entre le marteau et l’enclume, convenant de la nécessité d’une étude mais tentant aussi d’expliquer toutes les difficultés posées par un ascenseur : sous-sol délicat dans cette zone inondable, quais trop étroits (ils seraient d’ailleurs tous à reprendre pour rehaussement), … La ministre Borne a pris elle le parti de François Bayrou, conseillant aux représentants de la SNCF d’être… « imaginatifs ».
Pau-Canfranc et le train de nuit : l’avis de la ministre
Interrogée sur la ligne Pau-Canfranc, Elisabeth Borne a dit « mesurer l’intérêt que porte le président de la Région à ce projet. Mais du côté de l’Etat, nous faisons le choix de mettre l’argent en priorité sur la remise en état du réseau et ici ça doit parler à beaucoup de voyageurs » a tranché la ministre. Tandis que François Bayrou rappelait qu’il était « partisan » de cette ligne transfrontalière. « Les deux Etats mesureront à court terme l’intérêt vital d’avoir cette liaison, ne serait-ce que pour soulager le réseau routier des camions passant par le Somport. La décennie ne passera pas sans que cette question n’ait été traitée » assure le maire de Pau.
Quant à la question des trains de nuit (ici la Palombe bleue a été supprimée), Elisabeth Borne les voit comme « un mode de transport qui a de l’avenir ». Mais plutôt comme des services qui pourraient émerger après ouverture à la concurrence.
La présentation du BHNS et des images inédites
Elisabeth Borne à Pau, évidemment, le maire François Bayrou ne pouvait manquer cette occasion pour lui vanter le futur bus à haut niveau de service qui à la rentrée de septembre remplacera la ligne T2 hôpital-gare. Le fameux Fébus, qui roulera à l’hydrogène, premier au monde pour un véhicule d’une taille de 18 mètres.
Après une visite du tracé, sur lequel on retrouve 14 stations, (et après un crochet par les halles et le théâtre Saint-Louis), la ministre a d’abord pu se glisser dans la peau d’un futur usager palois grâce à une petite expérience de réalité virtuelle. Surtout, quelques instants plus tard, Elisabeth Borne et la presse ont pu découvrir des images inédites du premier exemplaire du BHNS construit par Van Hool. Car justement ce jeudi, une équipe paloise de l’Agglo et du syndicat des transports, emmenée par Nicolas Patriarche, s’est rendue en Belgique pour discuter des derniers détails esthétiques et de finition.
« Les soufflets, pour l’heure en couleur alu, seront peints en noir » note par exemple le directeur des mobilités Arnaud Binder. Ce dernier faisait partie du voyage et a pu circuler 25 km dans le BHNS, « ce qui n’a utilisé que 7 % de la capacité d’hydrogène ». « C’est un projet très intéressant à suivre, car c’est une première » a salué la ministre. « A Pau, on affectionne beaucoup les premières » sourit le maire.