Invitée par la SNCF à livrer sa vision de l’avenir de la desserte ferroviaire Béarn-Bigorre-Chalosse-Pays basque, l’association LGV-Oui a dévoilé vendredi ses propositions.
Pour nourrir la réflexion de la SNCF, engagée dans l’élaboration des schémas directeurs des lignes du sud de l’Aquitaine qui définiront ses investissements pour la décennie à venir, l’association LGV-Oui a des idées. Plein d’idées.
Après deux mois de consultations, la structure présidée par l’ancien maire d’Orthez René Ricarrère a en effet dévoilé ses premières propositions. Une stratégie déclinée en trois axes, destinés à permettre l’amélioration de la desserte du pays basque à la Bigorre, du Béarn à la Chalosse.
Réduction des temps de parcours
Pour l’association, l’avenir ferroviaire passe ainsi tout d’abord par l’amélioration de la compétitivité du train face à la voiture. Une volonté qui passe par l’amélioration des dessertes TGV, Intercités et TER. « Il faut diminuer les temps de parcours et compléter les dessertes pour permettre de se rendre au travail ou sur son lieu d’études, rejoindre Bordeaux ou Paris pour une réunion », résume Philippe Castay, ancien directeur de la flotte TGV et membre de l’association.
Afin de susciter un choc de compétitivité et encourager l’usager à délaisser l’auto pour le rail, l’expert préconise ainsi un net raccourcissement des temps de trajets, « en ramenant un Pau-Bordeaux à 1h40 (2h10 aujourd’hui), un Orthez-Bordeaux à 1h20 ou un Pau-Bayonne à 50 minutes». « Il faut se fixer des objectifs ambitieux. Ce sont des objectifs qui ne seront pas immédiatement atteignables, car ils demandent des investissements », précise celui qui souhaite également une extension de l’amplitude horaire du service. « Au départ de Bayonne, il n’y a par exemple plus de train après 18h30, 19h. Or, les salariés, les étudiants ne terminent pas tous leur travail à 17h ! Comme ils ne peuvent pas prendre le risque de louper le train, ils se rabattent donc sur la voiture », résume-t-il, pour mieux plaider en faveur d’une desserte « de 6h du matin à 21h le soir ».
Toujours dans l’optique de favoriser un usage quotidien du train, les membres de l’association défendent également la création d’un « RER béarnais ». Soit la mise en place d’une desserte cadencée assurée sur une ligne de 71 kilomètres courant de Puyoô à Coarraze-Nay. Deux terminus choisis en raison de leur équipement – une troisième voie disponible pour stocker les trains -, d’ou partiraient « un train toutes les demi-heures en période de pointe et toutes les heures en période creuse ». « Cela représente environ douze trains de plus par jour sur cette ligne », précise le Palois Michel Poisson, ancien ingénieur chez Alstom et membre de l’association.
Ligne cadencée de Nay à Puyoô
Avec ce « RER » et des haltes envisagées à Orthez, Lacq, Artix, Denguin, Lescar, Pau et Bordes-Assat (à proximité des usines Safran), LGV-OUI espère ainsi capter une partie des transports du quotidien des quelque 120 000 Béarnais habitant les localités traversées. Mais aussi les nombreux autres vivants au sein des agglomérations et autres villages environnants. « Techniquement, la ligne actuelle peut supporter ce trafic », assure Philippe Castay, sans faire mystère des investissements – notamment sur le matériel roulant ou la création de haltes à Bordes et Lescar- nécessaires pour mettre ce projet sur les rails.
Si LGV-Oui ne s’est pas risquée à quantifier leur montant – chacun son métier ! – elle espère cependant convaincre la SNCF d’engager une évaluation du projet. Un chiffrage qu’ils souhaitent voir entrer dans le périmètre de l’étude de modernisation de la ligne Dax-Orthez-Pau à 1M€, dont le plan de financement a été validé entre la SNCF et les collectivités traversées. « Des études ont déjà été faites pour des projets de cadencement qui nous semblent moins importants, notamment vers Périgueux », assurent ses membres.
Enfin, l’association plaide pour investir dans l’amélioration des environs des gares, avec un souci particulier apporté au stationnement et aux interconnexions avec d’autres moyens de transport. Il ne reste donc plus qu’à voir quel sort la SNCF réservera à ces préconisations. La finalisation des schémas directeurs devrait intervenir d’ici fin 2019.