Une tour plus haute, visant à accompagner l’augmentation de l’activité, se dresse dans le ciel d’Uzein. Cet outil d’un coût de 9 M€ répond aux nouvelles exigences du trafic.
Majestueuse, de conception moderne, elle veille désormais sur l’aéroport Pau-Pyrénées du haut de ses 32 mètres. Déjà en service, mais inaugurée ce mercredi, la nouvelle tour de contrôle, qui aura coûté 9M€, dont 6,7 millions pour le seul génie civil, est l’outil indispensable à la plateforme béarnaise en reconquête de trafic (+2,1% fin 2018).
«Avec cette tour, Pau, dont nous voulons accompagner le développement, se dote d’un environnement de travail plus performant. C’est un évènement qui compte dans la vie d’un aéroport!» a parfaitement résumé Eric Bruneau, directeur des opérations pour les services de la navigation aérienne (DSNA). Après les décennies passées dans une tour datant des années 1950 et quatre fois plus exigüe, les 74 agents concernés, dont une quarantaine de contrôleurs aériens, ne disent pas le contraire !
Surtout vu l’augmentation de l’activité (plus de 67 300 mouvements d’avions en 2018). «C’est une grande amélioration», confirme Yann Delcan, en poste depuis 2002. «On peut parler de confort de travail mais ce sont surtout la sécurité et le service rendu qui augmentent en qualité». «Aujourd’hui, par exemple, nous avons une bien meilleure vue d’ensemble, jusqu’aux parkings et sur les différentes voies de circulation», dit-il en embrassant du regard un panorama, face aux Pyrénées, digne d’un décor hollywoodien!
Missions de plus en plus vastes
Peu fréquente dans le paysage aéronautique français (1), l’arrivée d’un tel outil, qui sera vite suivie d’autres chantiers (lire par ailleurs), était nécessaire. Et pas seulement en prévision du G7 de Biarritz à l’occasion duquel Pau récupèrera, fin août, «un volume de vols que nous ne connaissons pas encore».
Au quotidien, l’aéroport palois remplit en effet une mission aux contours de plus en plus vastes. Toute l’année, et 24 heures sur 24, il gère bien sûr l’approche et les décollages concernant Pau, ainsi que les voisins de Tarbes-Lourdes grâce aux «qualifications croisées» des contrôleurs palois. Mais, depuis le regoupement des services au sein d’un «organisme Pyrénées», il dessert également – pour les vols de nuit – l’aéroport de Biarritz tout comme la base militaire de Mont-de-Marsan. Son rayon d’action peut, en fait, englober tout objet volant (même les drones !) au sein de l’espace compris dans un territoire allant de Saint-Gaudens à Auch jusqu’à Captieux et la côte basque.
Le poids des militaires
Pau-Pyrénées compte, rappelons-le, une piste dotée d’un système d’atterrissage tous temps (ILS), ce qui lui a permis d’accueillir l’an dernier une cinquantaine de vols supplémentaires déroutés pour cause de météo défavorable. Seuls Bordeaux et Toulouse peuvent se prévaloir d’un tel atout dans le grand sud-ouest.
L’aéroport béarnais doit, enfin, compter avec le flux important généré par l’activité des unités militaires (5e RHC, forces spéciales, école des troupes aéroportées) stationnées à proximité. Il est d’ailleurs le premier aéroport européen en terme de trafic d’hélicoptères de l’armée, ce secteur représentant ici 40% de l’activité.
Autre marque du volontarisme affiché par les membres du groupement Air’Py, aux manettes depuis 2016: il accompagnera également la stratégie de modernisation portée par la DSNA. Ainsi, à l’horizon 2020, Pau-Pyrénées bénéficiera, grâce à l’apport des technologies les plus récentes, d’un affichage vidéo des installations tarbaises. Quelle que soit la météo, il permettra de gérer mieux encore les arrivées et départs sur le tarmac bigourdan.
(1) Ces derniers mois, Strasbourg, Figari et Caen ont été eux aussi dotés
Plusieurs millions de travaux en 2019, une piste plus longue en projet
Au-delà d’une nouvelle tour de contrôle, l’aéroport palois poursuit sa mutation. Conformément à ses engagements, le concessionnaire a, déjà, rénové le taxi-way et fait installer un vaste parking pour avions-cargos, dont l’Antonov utilisé lors du transport d’hélicoptères militaires. A plus long terme (2024), le revêtement de la piste, longue de 2500 mètres, sera aussi refait, moyennant 3 M€
Rallongée vers l’Ouest?
Mais, dès cette année, une autre enveloppe de 3,5 M€ se verra consacrée à une vaste opération de refonte des installations. Un restaurant sera reconstruit ainsi que, au rez-de-chaussée, «une salle d’embarquement environ deux fois plus grande», détaille le directeur général de l’aéroport, Thierry Souchet, qui évoque «un parcours client modifié» grâce à des surfaces commerciales également repensées.
Autre chantier: «la construction, qui débutera à la fin de l’année, d’une vaste salle d’arrivée internationale répondant aux nouvelles normes» L’ensemble sera livré en 2020.
Mais la grande affaire, publiquement évoquée pour la première fois par Jean-Paul Brin, le président du syndicat miexte, concerne l’éventuel allongement de la piste, côté ouest. Un ajout d’environ 300 mètres en longueur, sur 50 m de large, serait à l’étude. Mais les sommes à engager seront bien sûr très conséquentes.
«Pour anticiper ce genre de chose, il faut aussi commencer par anticiper sur les emprises foncières qui seront nécessaires. On y réfléchit», a indiqué l’élu palois, non sans rappeler qu’un «nouveau schéma aéroportuaire est aussi en cours de construction».
Trafic: +20% depuis la fermeture de Biarritz
L’impact de la fermeture de l’aéroport biarrot pour cause de travaux (notre édition du 6 février) est-il déjà palpable à Pau? Il est un peu tôt pour répondre au bout de 10 jours. Mais – et c’est une première indication – les premiers vols d’Easy Jet, depuis le 4 février, bénéficient d’un taux de remplissage important. «Depuis début février, le trafic a augmenté d’environ 20%», fait-on savoir du côté des gestionnaires d’Air’Py. Les navettes de bus mises en place à destination des stations de ski dès l’arrivée de plusieurs vols opérés par Hop! sont aussi une source de satisfaction. Par rapport à Biarritz, il faudra attendre plutôt début mars afin de mesurer les retombées. Pour autant, et même si l’année 2018 s’était clôturée sur un début de reconquête (612 500 passagers), le premier mois de cette année a vu l’activité s’essouffler à nouveau. Janvier a en effet été marqué par un repli (-4,2%). La ligne vers Orly, notamment, marque le pas (-12,3%) après une année précédente déjà compliquée (-3,3%) à cause des difficultés d’exploitation de Hop!. Beaucoup de vols avaient été annulés au printemps. Par ailleurs, Pau-Roissy (+3,8%) au même titre que Pau-Lyon (+10,6%), continuent à donner satisfaction