Au Palais Beaumont se tient la 14e édition des Rencontres nationales du etourisme. Les professionnels viennent échanger et s’enquérir des dernières technologies.
En 2017, huit Français sur dix ont préparé leurs séjours de loisirs en ligne. Autant dire que réservations de vacances riment désormais avec outils numériques, dont les têtes de gondole sont les ténorsBooking, Airbnb et Trip Advisor. Pour appréhender ce virage pris par les consommateurs, 850 acteurs du secteur touristique se retrouvent chaque année à Pau, au Palais Beaumont, lors des Rencontres nationales du etourisme. L’occasion d’échanger sur ces nouvelles pratiques et de découvrir les technologies susceptibles d’attirer des visiteurs sur leur territoire.
« Ne pas être en ligne aujourd’hui, c’est passer à côté de la clientèle », affirme Ludovic Dublanchet, spécialiste en etourisme et coorganisateur de l’événement avec Unitec. La Région considère également ce sujet, puisque le tourisme représente la deuxième filière du PIB de la Nouvelle-Aquitaine. « Nous avons un terreau fertile en entreprises tournées vers l’etourisme. Le défi consiste à les accompagner et les mettre en relation avec de potentiels utilisateurs », indique Sandrine Derville, vice-présidente du Conseil régional en charge du tourisme. Cinquième région de France en termes de numérique, la Nouvelle-Aquitaine va d’ailleurs lancer un « Tourisme lab » au printemps 2019. Un lieu permettant aux entrepreneurs de tester leurs inventions dans ce domaine.
Dessins animés sur le patrimoine
Des idées, le salon palois n’en manque pas ! Dans les travées, les offices du tourisme et les professionnels se penchent sur les dernières innovations. Ici, une start-up proposant des visites guidées de monuments pour enfants. « Comme tous les parents, nous en avions marre de traîner nos rejetons dans des lieux où ils s’ennuient », explique Magali Barthès, cofondatrice de Little Globe Trotter. L’application, gratuite et accessible depuis smartphone ou tablette, permet au 4-10 ans de se familiariser avec le patrimoine grâce à des dessins animés et des jeux virtuels.
Là, une entreprise présentant des moyens de paiement dématérialisés par le biais de bracelets ou de cartes. « Grâce à nos produits, plus besoin de trimbaler son portefeuille. Ce qui est pratique dans un parc aquatique, une station de ski, une arène sportive, quand le client veut se payer une consommation. Ce bracelet peut aussi faire office de clef pour un bungalow », explique Olivier Frémond de la société Payintech. Si ce procédé simplifie la vie des vacanciers, il permet aussi de « casser la barrière psychologique de la dépense ». Les utilisateurs consomment ainsi davantage…
Personnalisation de l’offre
Un peu plus loin, le site « Emmène ton chien » recense les hébergements et activités acceptant les animaux de compagnie. La Région met, quant à elle, en exergue le site Solikend qui déniche des nuits d’hôtel à prix réduits. Une partie du montant des réservations est ensuite reversée à des associations humanitaires. Autre institution présente, l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) exhibe sa plateforme IGN Rando qui regroupe 53 800 itinéraires de balades. « Nous collaborons notamment avec des offices de tourisme qui veulent mettre en avant leurs parcours et leurs curiosités annexes », indique Philippe Abadie, le directeur des relations extérieures.
Mais dans ce foisonnement créatif, une tendance se dégage : la personnalisation des offres touristiques. « Les gens ont envie de se sentir unique et ne plus être pris pour des touristes », explique Ludovic Dublanchet. Preuve en est avec la société Skewerlab, récompensée par le prix du public. Son concept ? Produire des vidéos de promotion d’un territoire en fonction des goûts du vacancier potentiel, insistant sur le patrimoine, les activités en extérieur ou le farniente selon son profil.
« Avoir un coup d’avance »
Corinne Crabé-Permal, directrice de l’office de tourisme de Laruns, et Hélène Ricoeur, chargée d’ingénierie commercialisation à l’Agence d’attractivité et de développement touristiques Béarn-Pays basque, étaient présentes au salon.
- Pour un office du tourisme, est-ce important de participer à ces Rencontres nationales d’etourisme ?
Corinne Crabé-Permal : C’est essentiel. Dans le tourisme aujourd’hui, on ne travaille que comme ça. Nous venons chercher des solutions pour la vente et la mise en avant des activités sur nos territoires.
Hélène Ricoeur : Depuis l’avènement des technologies de l’information et de la communication (TIC), le tourisme a toujours été un secteur en pointe sur l’utilisation de ces technologies. Être présent ici nous permet d’anticiper les évolutions des années à venir, d’avoir un coup d’avance.
- Que retenir de ces Rencontres ?
H. R. : Lors des conférences, il est intéressant de voir comment travaillent les autres collectivités ou les autres pays [l’Islande était invitée cette année, NDLR].
C. C.-P. : Aujourd’hui, on est dans la compétition entre destinations, mais c’est un processus créatif. J’ai d’ailleurs pu me mettre à jour sur la pratique des réseaux sociaux, qui sont des outils incontournables.
- La thématique du jeu semble très présente parmi les technologies exposées.
C. C.-P. : Oui, en effet, cela permet d’attirer un public familial. La Région a d’ailleurs déployé le jeu Tèrra Aventura, une chasse au trésor virtuelle, sur différentes zones. Nous avons, nous aussi, notre parcours de 5 km en vallée d’Ossau. C’est une solution recherchée, car il y a une interaction avec le public. Mais à condition d’avoir un lien avec le territoire. Empiler les technologies, cela ne sert à rien.
Entre Pau et les Rencontres, l’idylle dure depuis 8 ans
Créées en 2004, les Rencontres nationales du etourisme ont tenu leurs six premières éditions à Toulouse. Mais depuis 2011, l’événement a pris ses quartiers dans le Palais Beaumont de Pau. « Le lieu nous a séduits avec sa vue magnifique sur les Pyrénées. D’autre part, Pau est une ville à taille humaine où l’on arrive à se déplacer et à se retrouver facilement, notamment pour dîner ensemble le soir », confie Ludovic Dublanchet, l’un des coorganisateurs de la manifestation cofinancée par l’Agglomération, la Région et le Conseil départemental. « Le partenariat avec l’Agglomération et la Ville marche bien, pourquoi changer ? », indique Sandrine Derville, vice-présidente du Conseil régional en charge du tourisme. Pérenniser les Rencontres nationales du etourisme sur Pau est également un moyen de fidéliser les participants. Enfin, la Ville a consenti à d’importants investissements concernant le wifi. « En Nouvelle-Aquitaine, il n’y a que deux endroits qui supportent plus de 1 000 connexions simultanées : La Rochelle et Pau », confie Laurent-Pierre Gilliard, directeur prospective et communication à Unitec, coorganisateur de l’événement.