La liaison Bordeaux-Londres en TGV sera directe.
Lisea, SNCF Réseau, Eurotunnel et High Speed 1 se sont réunis ce mercredi, à Bordeaux, pour étudier les aménagements en gare.
« Nous avons eu l’idée de proposer Bordeaux-Londres en TGV en même temps avec Eurotunnel », dévoile, plein d’enthousiasme, Hervé Le Caignec, président de Lisea, le concessionnaire de la LGV (Ligne à grande vitesse) Bordeaux-Paris. Les deux sociétés sont parties du constat qu’il y a aujourd’hui une appétence forte sur ce marché et que cette nouvelle offre va encore accroître la demande. Et ce, malgré le Brexit. « Il y a aujourd’hui une trentaine de vols aller-retour par jour dans le Sud-Ouest (depuis La Rochelle, Bordeaux, Toulouse, Bergerac…) vers Londres. Soit 1,4 million de voyageurs par an », observe-t-il.
« Cela permet d’éviter les frais de stationnement, souvent coûteux, dans les aéroports »
Mais, justement, le train peut-il concurrencer l’avion sur cette destination ? « Oui, aussi bien pour une clientèle d’affaires, que loisirs, souhaitant arriver directement en centre-ville, et non en périphérie. Même si je pense que nous allons avant tout faire émerger un nouveau segment de marché », met en avant Hervé Le Caignec. Surtout que la liaison serait directe, en moins de 5 heures. Elle contournerait Paris, en suivant l’itinéraire du TGV Bordeaux-Lille.
Des billets à moins de 100 euros ?
Les trains auraient une capacité importante, de 750 ou 900 sièges. « Cela permet aussi d’éviter les frais de stationnement, souvent coûteux, dans les aéroports », souligne Jean-Pierre Ramirez, directeur du réseau ferroviaire d’Eurotunnel.
Côté tarifs, il est encore trop tôt pour avancer le moindre chiffre. Et ce d’autant plus, que c’est l’opérateur qui les fixera. Un opérateur qui pourrait être Eurostar, intéressé par ce challenge. « Il y a déjà des Londres-Marseille en train à moins de 100 euros », glisse Jean-Pierre Ramirez.
Le point le plus délicat sera celui du contrôle des passeports, qui peut se faire au départ ou à l’arrivée
Reste à savoir désormais, quand et comment cette nouvelle ligne sera créée. « Cela prend deux ans, après avoir obtenu l’accord des autorités », précise Hervé Le Caignec. Mercredi, il a étudié les aménagements nécessaires en gare de Bordeaux, avec les autres acteurs du dossier : SNCF Réseau, Eurotunnel, mais aussi High Speed 1, qui relie en train l’extrémité britannique du tunnel sous la Manche à Londres. Ensemble, ils planchent sur le sujet depuis un an et ont suffisamment ficelé leur dossier pour désormais le présenter aux institutionnels.
A terme, jusqu’à un aller-retour par jour
Dans un premier temps, il n’y aurait qu’une fréquence par semaine pour « tester le marché ». « Ce qui ne nécessitera pas de gros investissements. Il faut dédier une voie en gare, le temps de l’embarquement », indique Hervé Le Caignec. À terme, en saison estivale, l’offre pourrait grimper à un aller-retour Bordeaux-Londres par jour. « Eurotunnel et Lisea ont encore des disponibilités. Tandis que l’été, Eurostar a une activité moindre », fait remarquer Jean-Pierre Ramirez.
Le point le plus délicat sera celui du contrôle des passeports, qui peut se faire au départ ou à l’arrivée. Mais ces dispositifs sont connus aujourd’hui de la SNCF. « Actuellement, en France, il y a une demi-douzaine de gares qui accueillent des départs vers Eurostar », rappelleThierry Marduel, directeur gares à SNCF Réseau. Et « partout où ce type de lignes a été développé, le trafic en gare a augmenté », insiste Jean-Pierre Ramirez. De quoi dynamiser encore le tourisme et les commerces locaux. Des promesses désormais à concrétiser.