Pépy :

Nov 23, 2016 | Ferroviaire, Presse française

SNCF Guillaume Pépy, le PDG de la SNCF, est  à Bordeaux, capitale d’une région où se multiplient les chantiers.

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Guillaume Pépy, hier soir, aux Chantiers de la Garonne

Le PDG de la SNCF, Guillaume Pepy, est depuis hier soir à Bordeaux pour rencontrer des étudiants, des acteurs socio-économiques de la région, des élus ainsi que le préfet, Pierre Dartout. Il inaugure également aujourd’hui à Darwin un Forum des métiers et de l’emploi qui se déroule entre 10 heures et 18 h 30, avec 400 postes à pourvoir dans l’entreprise en NouvelleAquitaine : 210 pour la SNCF et 180 pour Keolis, sa filiale en transports urbains qui exploite notamment le tramway et les bus de Bordeaux. « La SNCF emploie déjà 17 000 salariés dans la région, rappelle Guillaume Pepy. Chaque année, notre entreprise se fournit auprès de 2 930 entreprises de la région à hauteur de 370 millions d’euros. »
« Sud Ouest » Votre visite à Bordeaux s’inscrit dans le cadre d’un tour de France des nouvelles régions… Guillaume Pepy Oui, j’ai plusieurs rendez-vous pour évoquer cette Nouvelle-Aquitaine qui est la plus grande région de France, ce qui a évidemment des conséquences pour l’entreprise que nous sommes. Je salue d’abord l’effort énorme consenti par le Conseil régional en faveur des transports et de la mobilité. C’est vrai que les élus ont un ressentiment à l’égard du service ferroviaire rendu en comparaison de leurs investissements. Mais la Nouvelle-Aquitaine est la région qui cumule le plus de chantiers dans le pays, avec un total de 41 et plus de 1 milliard d’euros, dont 200 millions rien que pour la gare de Bordeaux. Il y a un énorme retard à rattraper sur certaines lignes et certaines gares. Cela génère forcément des contraintes et des désagréments pour les voyageurs.
Êtes-vous inquiet pour la rentabilité de la ligne Paris-Bordeaux avec la mise en service du tronçon ToursBordeaux le 2 juillet 2017 ? Le bras de fer avec le concessionnaire Lisea sur le nombre de dessertes quotidiennes appartient au passé. Ce qui nous importe désormais, c’est de réussir techniquement et commercialement cette mise en service. Un défi technique d’abord, puisque le même jour sera mis en service le TGV vers Rennes. Tous les horaires des TGV, des TER, des Intercités et des trains de fret vont être modifiés de Saint-Malo à Toulouse. C’est un chantier d’horlogerie colossal sur lequel les équipes de la SNCF travaillent d’arrache-pied depuis des mois. Sur le plan commercial, 33,5 allersretours quotidiens entre Bordeaux et l’Île-de-France, dont 18,5 allers-retours directs Paris-Bordeaux. Cela représente 35 000 places par jour, soit cinq fois le trafic aérien. Nous devons aller chercher 2,5 millions de voya
geurs supplémentaires chaque année. Nous l’avons dit et répété, nous ne gagnerons pas d’argent avec cette ligne, mais nous sommes néanmoins confiants quant à son succès. D’abord bien sûr parce que le temps de trajet sera imbattable : deux heures quatre de gare à gare au lieu de trois heures vingt, avec de surcroît une heure de gagnée au sud de Bordeaux. Ensuite parce que Bordeaux disposera d’une nouvelle gare, absolument splendide, et que Montparnasse va bénéficier d’importants travaux. Enfin, parce que nous allons offrir aux voyageurs un service de très grande qualité. Wi-Fi à bord, quatre places pour les personnes à mobilité réduite, tri sélectif à bord, écrans d’information, fauteuils plus spacieux et plus confortables aussi bien en première qu’en deuxième classe. Le bar, qui était très critiqué, a lui aussi été repensé, avec des coins privatifs. 45 rames à un étage, d’une capacité de 560 places, ont été commandées. La livraison s’effectuera jusqu’à fin 2019 à raison d’une par mois. Mais certaines vont déjà être mises en service sur la ligne actuelle dès le 11 décembre afin d’être rodées.
Pour vous, la ligne à grande vitesse doit-elle se prolonger au sud de Bordeaux ? Le débat est vif mais il est indispensable. C’est un débat entre les élus, l’État et les citoyens : la SNCF n’y participe pas, et c’est très bien comme ça. Notre rôle se limite à apporter les éléments sur la table, de la façon la
plus précise possible, mais la décision ne nous appartient pas, même si nous sommes toujours heureux de mieux desservir le territoire et d’offrir de nouveaux services aux voyageurs. Ce que je peux vous dire, c’est que le financement de cette ligne ne pourra pas faire appel à la dette de SNCF Réseaux, qui a déjà atteint la limite du supportable. Cela dit, nous parlons du TGV, qui est un outil formidable auquel la SNCF doit beaucoup. Mais je vous rappelle que l’entreprise transporte chaque année 3,5 millions de voyageurs, dont seulement 500 000 à bord des TGV. Les 3 autres millions se déplacent à bord des trains franciliens ou des TER. En Nouvelle-Aquitaine, c’est 53 000 par jour.
Où en êtes-vous du chantier sur la sécurité des voyageurs ? Les décrets d’application de la loi Savary ont été signés. Ce qui autorise désormais la fouille des bagages et la présence d’agents en civil armés. Autre innovation du côté des nouvelles technologies avec une meilleure analyse des images vidéo pour repérer les comportements suspects. À l’arrivée de la LGV Paris-Bordeaux le 2 juillet 2017, des portiques anti-fraudes seront installés dans toutes les gares, dont celle de Bordeaux, évidemment. La sûreté des voyageurs et des agents, c’est un impératif absolu qui passe avant tout le reste. Recueilli par Benoît Lasserre
Suite de l’entretien avec Guillaume Pepy à lire sur sudouest.fr

logo Sud Ouest journal du 23 novembre 2016

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