L’échangeur autoroutier de Berlanne perd la priorité : « Une injustice complète »

Sep 15, 2018 | Presse française, Routier

L’échangeur autoroutier de Berlanne perd la priorité : « Une injustice complète »
Les élus du bureau du Pays de Béarn ont marqué leur inquiétude concernant le diffuseur attendu sur l’A 64.

© Pierre-Olivier Julien
 
PAR PIERRE-OLIVIER JULIEN, PUBLIÉ LE , MODIFIÉ .

Le président du Pays de Béarn, François Bayrou, a fustigé l’Etat de ne pas avoir encore donné son feu vert pour le projet sur l’A 64.

Après sa création au printemps, le Pays de Béarn avait entamé un tour de toutes les communautés de communes qui composent ce pôle métropolitain. Ce vendredi, c’était l’heure de la dernière visite, à Morlaàs, pour prendre le pouls des attentes de la CC Nord-Est-Béarn.Et devant le bureau des élus, le président de cette collectivité, Arthur Finzi a évidemment placé au plus haut l’enjeu du diffuseur autoroutier de Morlaàs-Berlanne sur l’A 64, équipement espéré depuis des années.

« Une bouffée d’oxygène, attendue pour 2022 ». Voilà comment a d’ailleurs présenté le projet le maire de Saint-Castin. « Cet accès autoroutier, au niveau de Berlanne, sera une bonne réponse pour poursuivre notre développement économique ». Ici, mais pas seulement, « plusieurs entreprises le souhaitent avec impatience, comme à Bordes, chez Safran qui avait participé aux études et qui avait affiché un intérêt pour des gains de temps ».

Sauf que, en Béarn, on craint aujourd’hui que l’échangeur de Berlanne ne soit renvoyé aux calendes grecques. On attend toujours le feu vert de l’Etat, qui doit, dans un premier temps, arriver du ministère. « On est prêt. On est tous unanimes sur son intérêt, sur le positionnement à Berlanne » a précisé Arthur Finzi, balayant à nouveau les déclarations de mésentente sur le site choisi qui auraient pu freiner le dossier (notre édition du 3 août).

Une réponse était attendue ce mois

« Quand les élus ont vu les premiers scénarios, tout le monde était d’accord pour dire qu’aucun ne convenait. On a donc fait une proposition complémentaire pour un diffuseur au niveau du pont de Berlanne. Elle est à l’étude et on attendait une réponse sur sa faisabilité en septembre » nous confiait encore après la réunion Arthur Finzi. Mais septembre est arrivé, et rien ne se profile à l’horizon. « Et pourtant, les financements sont calés. Le Département, l’Agglo de Pau, la CC Nord-Est-Béarn ont déjà budgétisé les premiers investissements. Si le retour de l’Etat est négatif, on montera au créneau. Ce serait inacceptable de voir ce dossier reporté. Rappelons que d’ici deux ans, l’avenue de l’Europe (la rocade Nord, NDLR) sera saturée. Et on aura des comptes à rendre à la population » constate le président de la communauté de communes.

L’inquiétude des élus, la colère même, a été ravivée le 1er août quand l’Etat a donné son feu vert à la réalisation de nouveaux diffuseurs sur l’A64, à Orthez et Carresse-Cassaber. Mais sans donner aucune perspective pour celui qui doit soulager le nord-est de Pau au prix de 10 à 15 millions d’euros. Alors que c’est pourtant, des trois, le projet le plus ancien.

Ce vendredi, le maire de Pau et président du Pays de Béarn, François Bayrou, n’a pas manqué de dénoncer cette situation « inacceptable ». « Tout ce territoire du Nord-Est-Béarn doit être irrigué par l’échangeur autoroutier. Mais c’est aussi un projet important pour l’agglomération de Pau et la plaine de Nay. Or, dans la dernière décision de l’Etat, Berlanne ne figure pas. L’argument avancé : parce qu’il entre dans le cadre de la concession (à Vinci, NDLR). Ce qui est vrai. Je me suis souvent ému d’ailleurs qu’on n’en ait pas profité plus tôt. Mais qu’on se trouve désormais dans une situation où les autres dossiers passent avant celui-là, c’est purement et simplement insupportable » a lancé François Bayrou.

Des actions envisagées

D’où la volonté aujourd’hui du président du Pays de Béarn de mobiliser les troupes « contre cet incroyable renversement des priorités, absurde, et d’une injustice complète ». L’ancien ministre propose notamment une démarche commune pour rencontrer les décideurs gouvernementaux, « au plus haut niveau s’il le faut » nous confiera-t-il. « Et même envisager des actions. Pourquoi pas juridiques » ajoute le maire de Pau.

Reste que l’échéance de 2022, espérée par les élus, pour voir un diffuseur (de type de celui de Lescar) sortir de terre, a du plomb dans l’aile. « Dans le calendrier prévisionnel, les travaux devaient débuter fin 2018, début 2019. Mais on en est encore loin » constate Arthur Finzi.

Prochaine réunion du Pays de Béarn le 1er octobre

La rencontre avec la CC Nord-Est-Béarn était donc la dernière organisée avec le bureau du Pays de Béarn. L’occasion pour Arthur Finzi et les siens de présenter les priorités de leur collectivité. Outre l’échangeur, on a ainsi parlé de tourisme (avec une offre mutualisée avec Garlin et les Luys), de l’Ehpad de Lembeye, d’un coût de 7,8 millions, qui pourrait être livrée début 2021, ou encore du souhait de créer un réseau de tiers-lieux.

« L’an 1 du Pays de Béarn, c’était de favoriser une découverte réciproque des territoires qui le composent, mais aussi une prise de conscience de l’unité qu’on forme » explique François Bayrou. « L’acte 2, ce sera faire, construire des actions concrètes ». La prochaine session du Pays de Béarn, le 1er octobre, servira notamment à prioriser ces actions. Ce sera aussi l’occasion de mettre en place le Conseil de développement avec des représentants de la société civile.

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