Une rame Océane en gare de Pau. Depuis sa mise en service en juillet 2017, la ligne à grande vitesse Paris-Bordeaux a eu des conséquences heureuses pour la fréquentation des gares en Béarn. Sur Pau-Paris, le nombre de voyageurs a ainsi augmenté de 22 %.
La SNCF vient de dresser le bilan de fréquentation après un an de fonctionnement de la LGV Paris-Bordeaux. Sur Paris-Pau, la hausse de fréquentation serait de 22 %.
Pour la SNCF ces derniers mois, les bonnes nouvelles sont plutôt rares. Mieux vaut donc savoir mettre en avant celles que l’on a sous la main.
Ce mercredi à Bordeaux, à l’occasion de la première bougie de la ligne grande vitesse (LGV) Paris-Bordeaux, l’entreprise a pu dévoiler des hausses de fréquentation à deux chiffres sur les liaisons entre l’Ile-de-France et le Sud-Ouest. Précisons quand même que ces chiffres s’entendent hors prise en compte des jours de grève, qui ont évidemment pénalisé les usagers mais aussi les bilans comptables et commerciaux de l’opérateur ferroviaire.
Plus 27 % sur la région
Quoi qu’il en soit, avec la réduction d’une heure du temps de trajet entre Paris et Bordeaux (de 3 à 2 heures), la SNCF annonce que « le trafic a progressé de 27 % sur l’ensemble de la région. » Ce qui représenterait 3 millions de voyageurs supplémentaires. Dans ce tableau, c’est évidemment la liaison Paris-Bordeaux qui enregistre le plus fort gain de voyageurs puisqu’il atteint 70 %. Mais les progressions sont observées partout, y compris dans le Sud de l’Aquitaine.
Le Pays basque mieux que Pau
Ainsi, pour les Pyrénées-Atlantiques sur une année, la SNCF relève une augmentation de 22 % du nombre de voyageurs sur Paris-Pau, de 8 % sur Paris-Orthez et… 44 % dans les gares de la Côte basque (Bayonne, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz et Hendaye), preuve de l’attractivité croissante de cette destination. Rappelons aussi que Pau est désormais, le plus souvent à 4 h 25 de Paris par TGV, alors que les gares de Bayonne, mais aussi Orthez, sont depuis un an à moins de 4 heures, tout juste, de Paris.
Reste à savoir combien cela représente de milliers de voyageurs supplémentaires sur cette liaison entre la région parisienne et le Béarn. Problème, la SNCF répond ne pas pouvoir encore nous livrer de données plus précises. Mais, pour la seule gare de Pau, cela devrait quand même permettre de redonner quelques couleurs aux volumes de fréquentation 2017 mais aussi 2018 d’un équipement qui était passé de 850 000 voyageurs par an (chiffres 2014) à 740 000 (chiffres 2016) en deux années.
Les TER en hausse aussi
À noter aussi que selon la SNCF, l’effet grande vitesse se diffuserait dans les liaisons régionales. Ainsi, en Nouvelle-Aquitaine, dans les TER en correspondance direct du TGV la fréquentation a augmenté de 13 % en moyenne.
Pas sûr pourtant que ces bons chiffres décident la SNCF à accélérer ses travaux d’aménagement de la gare de Pau (accessibilité, pôle multimodal…), toujours prévus, dans le meilleur des cas, pour 2021.
En Béarn, satisfaction… malgré les grèves
Entre milieux économiques et représentants des usagers, les réactions sont plutôt positives : la ligne est une vraie opportunité, avec ses avantages mais aussi ses inconvénients.
« La grève perlée a fortement dégradé le service », regrette Didier Laporte, président de la Chambre de commerce et d’Industrie de Pau-Béarn.
En effet, la ville de Pau a particulièrement été touchée par l’annulation des trains, selon Jean Frilleux, président de l’association Défense des usagers des transports (DUT) Aquitaine Grand-Pau : « Quand il y a des suppressions de train à faire, c’est Pau qui trinque ! » s’emporte-t-il. Ce qui a affecté la fréquentation des TGV vers Paris.
Pourtant, cette ligne est un véritable atout, pour eux, avec 4 allers-retours possibles par jour entre Pau et Paris. « Les TGV ont des capacités en plus avec les trains à deux niveaux, et sont plus confortables », reconnaît Jean Frilleux. Même si le trajet reste largement plus long que l’avion, « une heure de gagnée, sur cinq heures de trajet, ça reste quand même important ».
Moins intéressant pour les pros
« Le problème du TGV [par rapport à l’avion], c’est qu’on ne peut pas arriver avant 11 heures à Paris » regrette Jean Frilleux.
Ainsi, difficile pour les actifs de se rendre à un rendez-vous tôt le matin. D’autant que les déplacements professionnels se font sur de courtes durées. « La plupart du temps, ce sont des allers-retours dans la journée, impossible donc de prendre le train », précise Didier Laporte. « Et avec les nouvelles technologies, on peut désormais organiser des réunions à distance », ajoute-t-il. Mais selon Jean Frilleux, le train reste une option envisageable pour les professionnels : « Il est possible de prendre l’avion le matin et de rentrer l’après-midi en train. On peut reprendre ses notes dans le train, profiter des prises électriques disponibles, et arriver à Pau directement dans le centre-ville ». C’est surtout pour les déplacements de plus longue durée que la ligne a un véritable avantage. Si l’on s’y prend suffisamment à l’avance, les prix peuvent être attractifs. « Pour quelqu’un qui vient passer plusieurs jours en Béarn, c’est compétitif, pour les déplacements de loisirs notamment », estime Didier Laporte.
Un impact touristique difficile à mesurer, à ce stade, selon l’office de tourisme de Pau, qui ne possède « aucune donnée statistique fiable » pour l’année 2017.