Trains : les usagers excédés par les trop nombreux retards

Fév 27, 2017 | Ferroviaire, Presse française

  • Trains : les usagers excédés par les trop nombreux retards
    La CGT et l’association DUT ont fait signer une pétition vendredi soir en gare de Pau.

    Ascencion Torrent
  • Trains : les usagers excédés par les trop nombreux retards
    Si les usagers plébiscitent le confort et la modernité des nouvelles rames TER, ils dénoncent néanmoins « les retards à répétition » de la SNCF, autant sur les TGV que les trains régionaux.

    Jean-Philippe Gionnet
PAR MATHIEU HOUADEC, PUBLIÉ LE .

Début janvier, la SNCF a dévoilé les chiffres de régularité de ses TER. Dans notre région, ils dégringolent.

En début d’année, la SNCF – qui poursuit sa démarche de transparence – a publié les taux de régularité de ses trains TER. En Nouvelle-Aquitaine, c’est la soupe à la grimace. Pour l’année 2016, on oscille entre 83,8 % (mois de mai) et 89,6 % (mars et décembre). Sur le territoire de l’ex-région Aquitaine, on obtient environ 13 % de TER en retard (trains arrivés avec plus de cinq minutes de retard). Sur le plan national, il s’agit de la 3e… plus mauvaise performance, derrière la région Rhône-Alpes (13,1 %) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (15,2 %). Pour les bons élèves, il faut mettre le cap sur l’Alsace (4,7 %), la Lorraine (5,1 %) ou la Bretagne (5,5 %).

« En moyenne sur la Nouvelle-Aquitaine, on obtient des résultats inférieurs de 5 % à l’objectif que nous leur avions fixé, à savoir 91 % », fulmine Renaud Lagrave, vice-président en charge des transports, qui conclut que « cet écart est énorme ».

Pour le travail, les vacances, les visites à la famille, ou bien d’autres raisons encore, nombreux sont les Béarnais à prendre le train au quotidien. A chacun son convoi favori : TER, TGV, Intercités et même la Palombe Bleue. Comment vivent-ils cette expérience ? Si la grande majorité plébiscite ce mode de transport « pratique, écolo et relativement bon marché », nombre d’entre eux dénoncent « les retards et annulations de train », qui « grèvent la confiance » qu’ils ont en la fiabilité de la SNCF.

Des usagers « conciliants »

Le thème des retards est central pour les usagers du rail. Deux visions s’affrontent. Tout d’abord – et il s’agit d’un nombre non négligeable de personnes -, il y a ceux qui comme Anne-Marie Bault, estiment « qu’en général, niveau ponctualité, c’est correct » et qu’il faut savoir « relativiser : des fois, la SNCF n’y peut rien… Ces retards sont les conséquences de travaux, la météo, etc. ». Sentiment partagé par Jean-Luc Lafitte, qui appelle à prendre du recul, rappelant « qu’on oublie que les trains arrivent majoritairement à l’horaire prévu ».

Mais bien d’autres « excédés »

Mais la grande majorité des usagers dénoncent de façon plus tranchée les retards « à répétition » et autres annulations de trains. « Le problème, c’est qu’à cause de cela, vous ne pouvez pas considérer le train comme fiable, professionnellement parlant. C’est trop aléatoire au niveau des horaires », regrette la Toulousaine, Frédérique, qui se rend à Pau pour son travail. Vision partagée par Marc : ce Palois utilise « une fois par semaine, au moins, ce transport », pour le travail. « C’est devenu un réel stress pour moi : ‘mon train va-t-il être à l’heure’, où vais-je devoir reporter mes premiers rendez-vous de la journée ? et du coup chambouler mon agenda de la journée… ». Sans compter que pour Frédérique, en cas d’annulation ou de gros retard, « la SNCF n’est pas toujours à la hauteur. Parfois, le bus qui est censé remplacer le train n’arrive jamais ! »

Une gêne d’autant plus prégnante que, comme le soulignent Solène Derrin et Marie Lothon, le service s’est « dégradé » au fil des ans. « Il y a quelques années, il y avait moins de retard ». A leurs yeux, l’évolution est due « au manque de moyens, autant matériel et financier qu’au niveau du personnel » de la SNCF et à la priorité, donnée « depuis des années, au réseau TGV ».

La colère de la Région

D’après les usagers interrogés, les retards concernent aussi bien les TGV que les TER. Pour ces derniers, la région Nouvelle-Aquitaine pique régulièrement une grosse colère. Comme le confirme son vice-président en charge des transports, Renaud Lagrave : « Je comprends le ressenti des usagers. Nous faisons le même constat et cela fait dix ans que ça dure : nous ne sommes pas satisfaits des prestations de la SNCF concernant la ponctualité. Pour les Pyrénées-Atlantiques, les explications sont à trouver au niveau de l’état déplorable du réseau, et du manque de moyens attribués aux lignes (manque de conducteurs notamment) ». Et de souligner que même si les conditions « s’améliorent » en ce début 2017, la situation « n’est toujours pas acceptable ». L’élu regrette même « que cela ait un impact négatif sur la fréquentation, en baisse de 7 % en 2016 ». À tel point que la Région « dénonce désormais ses contrats avec la SNCF » ou « suspend » certains paiements.

 

La CGT et l’association DUT se mobilisent pour la Palombe Bleue

Le syndicat CGT et l’association de Défense des usagers des transports Aquitaine Grand-Pau continuent leur combat pour la survie de la Palombe Bleue.

« Nous nous battrons jusqu’au bout ! », tempête, avec vigueur, Jean Frilleux. Le nouveau président de l’association de Défense des usagers des transports Aquitaine Grand-Pau, était avec une petite dizaine de ses adhérents à la gare de Pau, ce vendredi, entre 10 h et 12 h. Le but : « faire signer une pétition pour demander le maintien de la ligne de la Palombe Bleue (Pau-Paris de nuit, NDLR) », dont la suppression a été annoncée pour juillet prochain.

Une pétition à signer sur Internet

Et l’homme de dégainer ses arguments. Premièrement, Pau et le Béarn seraient à « une distance idéale » du terminus de la ligne, à savoir Paris. « 814 km ou 920, suivant les tracés ! Cela correspond à une nuit de transport ». Mais surtout, Jean Frilleux soutient que « durant les dix à quinze prochaines années, aucun TGV ne pourra vous amener à Paris sans vous faire perdre une demi-journée ». Et de citer l’exemple de celui de 7 h en gare de Pau, qui arrivent à midi dans la capitale. « Et avec l’extension du réseau LVG, vous gagnez 50 minutes, grand maximum. Mais votre matinée est mangée par le trajet ».

À ses yeux, la SNCF doit non seulement maintenir, mais développer les trains de nuit : « en changeant les rames vétustes, par de nouvelles ; en faisant des trains réversibles (pour gagner du temps) et en améliorant l’accessibilité. La fréquentation augmentera significativement ! » Et de lancer un « appel aux élus, les seuls qui ont un pouvoir dans cette affaire ».

Un appel aux élus

Appel aux élus que lance également le syndicat CGT, qui avait organisé le soir même une action, toujours en gare de Pau, avec une distribution de tract. « Nous avons demandé un rendez-vous à tous les élus locaux, sans réponse pour l’instant. Nous voulons les alerter sur la dégradation du service de la SNCF ces derniers mois, autant pour les usagers (retards, annulations de train, travaux) que pour les salariés, dont les conditions de travail se dégradent elles aussi ». Et de conclure : « Nous sommes mobilisés pour le maintien de la Palombe Bleue, mais aussi pour celui des trains TET (Intercités), qui sont vitaux pour les territoires. Ils sont surtout plébiscités par les usagers : pour celui de la gare de Pau, il y avait 114 réservations pour la Palombe Bleue vendredi soir, sur 600 places au total. C’est énorme ! »

  • La pétition de l’association est à retrouver sur Internet ici

Retards : les mesures mises en place par la SNCF

Interrogée sur la question des retards à répétition, la SNCF Nouvelle-Aquitaine estime que : « faire rouler un train reste très technique et soumis potentiellement à de nombreux aléas ». Les trains doivent faire face au givre, à divers chocs (gibier, accidents de la route sur les passages à niveau, matériel en fin de vie). Pour faire face, la SNCF indique avoir mis en place plusieurs mesures : notamment l’utilisation de matériel à l’échelle de la grande région, l’utilisation de la Palombe Bleue pour racler les caténaires en cas de givre, l’approvisionnement augmenté de matériel, le renforcement des agents de maintenance, la mise en service des nouvelles rames TER régio2N accélérée, etc.

Côté Occitanie, qui gère notamment la liaison Pau-Tarbes, la SNCF souligne elle aussi l’importance des événements extérieurs, sans oublier les « importants travaux, notamment sur la ligne Toulouse-Tarbes, qui nécessitent une adaptation de la circulation ferroviaire jusqu’à Pau ».

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