Pau-Paris : ce que va changer la LGV

Mar 14, 2017 | Ferroviaire, Presse française

Pau-Paris : ce que va changer la LGV
Le TGV L’Océane mettra une heure de moins entre Pau et Paris à partir du 2 juillet. Pour une poignée d’euros en plus.

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PAR SÉBASTIEN LAMARQUE, PUBLIÉ LE , MODIFIÉ .

Une heure de moins entre Pau et Paris pour une poignée d’euros en plus, c’est ce que proposera le TGV à partir du 2 juillet. Mais cette offre sera-t-elle suffisante pour concurrencer l’aérien en Béarn ? Des professionnels et des élus répondent.

À partir de mercredi, il sera possible de réserver sa place sur les trains à grande vitesse qui mettront, à partir du 2 juillet, Pau à 4h20 (en moyenne) de Paris. Le point sur la nouvelle grille horaire, les tarifs et cette question : le TGV peut-il concurrencer l’avion en Béarn ?

4 allers-retours par semaine

Si le premier train au départ de Bordeaux, à 5h23, permettra de rallier Paris à 8h34, soit 2h11 de trajet, les Palois devront attendre le premier train en semaine à… 7h47. Arrivée à Paris à 12h10, soit 4h23 de trajet. La SNCF signale qu’il sera possible de faire l’aller-retour dans la journée, avec un train qui partira de Paris à 17h50 pour arriver en gare de Pau à 22h14 (4h24 de temps de trajet). Pour les Franciliens, il sera possible d’arriver à Pau vers 11h (départ à 6h52) et d’être de retour à Partis aux alentours de 19h (départ de Pau à 16h48).

Au départ de Pau, trois autres trains en semaine, à 8h59, 14h46 et 16h48. Le dimanche soir, le fameux train qui place Pau à 4h09 de Paris partira à 19h59 pour arriver à Paris à 0h08. Au départ de Paris-Montparnasse, cinq trains en semaine pour Pau, à 6h52, 9h52, 12h52, 15h50 et 17h50.

Pour les Orthéziens, il y aura trois TGV en direction de Paris, départs à 8h11 (qui correspond au premier train au départ de Pau), 15h09 et 17h11. Au départ de Paris, trois TGV achemineront les voyageurs en gare d’Orthez, à 9h52 (mais pas le premier train de 6h52), 15h50 et 17h50. Les voyageurs du TER Oloron-Pau pourront prendre le TGV pour Paris, avec des délais d’attente en gare de Pau compris entre… une minute et une heure.

Un prix qui augmente

La SNCF annonce une « légère » augmentation du prix, de l’ordre de 8 € en moyenne sur la ligne. Cette hausse est calculée en intégrant les tarifs Prem’s, ceux des 1re et 2de classes Loisir et ceux des 1re et 2de classes Pro. Dans les faits, l’augmentation devrait atteindre 9 %, soit 11 € sur un voyage à 120 €.

Autant dire qu’il faudra attendre mercredi et la possibilité de réserver les premières places du TGV L’Océane, à des tarifs avantageux dans un premier temps, pour observer concrètement les écarts de prix. « L’intégralité des petits prix iDTGV devient des tarifs Prem’s avec la garantie pour les clients de trouver des billets Prem’s jusqu’à la dernière minute », assure Rachel Picard, directrice générale de Voyages SNCF. Actuellement, on peut trouver, à condition de les réserver suffisamment longtemps à l’avance, des Pau-Paris à 25 €, plutôt en milieu de journée.

Et les pros ?

Le TGV peut-il concurrencer l’avion pour la clientèle professionnelle en Béarn ? Chez Total, « ce n’est pas vraiment un sujet », balaye Marc Bourdat, responsable de la communication. La visioconférence pallie souvent aux déplacements. Pour le reste, « nos collaborateurs choisissent ce qui leur semble le plus pratique : l’avion sera de toute façon plus court, mais dans le train, on s’assoit et on peut travailler ».

Richard Bonneville, dont la société Holight, installée à Ogeu-les-Bains, a décroché un marché pour éclairer les stations du métro parisien, préfère, lui, le train. « Une heure de gagnée, ça commence à devenir compétitif. En avion, un aller simple pour Paris, pour moi, c’est 3h30 : trois quarts d’heure pour rallier l’aéroport de Pau, où il faut être au moins une demi-heure en avance, 1h20 de vol, et enfin gagner le centre de Paris. C’est 3h30 de perdues où je ne peux rien faire d’autre. Le train, c’est beaucoup plus détendu, et je peux travailler. » Et pour lui, les tarifs d’Air France restent « prohibitifs ». Avec le train, il veut voir si des allers-retours dans la journée sont possibles.

Le coup de gueule du député

S’il en est un que le train n’est pas près de séduire, c’est bien le député David Habib. Qui déplore la desserte insuffisante d’Orthez et même, à ses yeux, de Pau. « Pour les salariés et les entreprises, la SNCF, c’est un service public qui fonctionne sur Paris et les grandes villes. Les villes moyennes sont délaissées. » Difficile pour les industriels du bassin de Lacq dont les donneurs d’ordre sont à Paris, de caler un aller-retour dans la journée. Le député lui-même confie cette anecdote : « Un jour de grève dans l’aérien, j’ai dû partir la veille au soir, passer la nuit à Bordeaux pour attraper le premier train du matin pour Paris. » L’Océane a encore du pain sur la planche.

 

Air France : « L’aérien reste le plus compétitif »

Pour la directrice commerciale d’Air France, de passage à Pau lundi, le transport aérien enlève haut la main son duel avec la concurrence venue du rail.

L’exercice qui attendait lundi matin, à l’aéroport de Pau, la directrice commerciale du réseau Hop ! Air France, Hélène Abraham, n’était pas aisé. Dans un contexte difficile, marqué par le repli (-6 %) du trafic local l’an dernier, elle s’est appliquée à mettre en avant les atouts de la grille tarifaire proposée par la compagnie nationale. Mais, en ce jour où la SNCF communiquait ses propres chiffres, elle n’a pas manqué de rappeler aussi que « le transport aérien reste le plus compétitif ». Illustration, un brin discutable, à l’appui : « Pour venir à Pau en avion, il faut 40 euros [il ne s’agit bien sûr que d’un prix d’appel, NDLR]. C’est moins cher que le train car, selon les tarifs SNCF, le même voyage coûte 55 euros. De plus, un trajet d’une heure seulement [en avion] représente quand même un confort incomparable ! », estime Hélène Abraham.

Des offres « accessibles »

Régulièrement montrée du doigt en Béarn pour sa politique de prix jugés excessifs, la compagnie aérienne se défend : « Nos tarifs ont été réalignés. Nous avons une grille plus homogène par rapport à ce qui se pratique à Bordeaux, par exemple », répond la représentante d’Air France qui ne se formalise pas de la concurrence matérialisée par l’arrivée d’opérateurs low cost : « C’est une bonne chose ! Nous vivons cette situation dans tous les aéroports. »

Concrètement, Air France et sa filiale, qui gèrent 95 % du trafic annuel (608 000 passagers en 2016) généré par Pau-Pyrénées, proposent une offre dite « accessible » grâce notamment à la gamme « Basic ». Il s’agit de prix d’appel, proposés toute l’année, et permettant de décrocher un aller simple à 49 €. Mais à condition de réserver « 40 jours avant ».

L’offre « Smart » est, elle, plutôt dédiée aux PME et PMI et se veut « très flexible, avec des billets modifiables ». « Les premières offres tarifaires permettent des allers-retours dans la journée, disponibles quelques jours avant le départ. » Enfin, il y a la gamme « Flex », déjà connue, et qui, selon Air France, « offre une totale liberté » au voyageur d’affaires. Le prix du billet grimpe tout de même à 500 €.

Avec la nouvelle LGV, Pau sera bien à 4h09 de Paris… mais pas souvent

La SNCF communique depuis plusieurs mois sur un temps de trajet qui mettra Paris à 4h09 de Pau. Une durée qui sera in fine peu de fois respectée. La plupart des liaisons s’effectueront en effet plutôt entre 4h22 et 4h24. Au final, seuls deux trains mettront bien 4h09 entre les deux villes. Celui qui partira chaque dimanche soir de Pau à 19h59 arrivera bien à Paris 4h09 plus tard, soit à 0h08. Après, c’est dans l’autre sens que l’on trouvera un Paris-Pau à 4h09 avec le train qui, dans la semaine, quittera Montparnasse à 6h52 pour arriver à Pau à 11h01.

Au final, cela ne représente donc que moins d’une dizaine de trains à 4h09 par semaine sur la cinquantaine qui circuleront sur 7 jours dans les deux villes. Les autres seront donc à plus de 4h20 à cause des arrêts à observer (comme à Orthez pour 3 trains par jour sur les 4 qui quittent Pau) à Angoulême ou encore Poitiers.

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