Sans surprise, le budget 2017, établi à 3 milliards d’euros, a été approuvé hier. Les écologistes ont voté contre le chapitre transports

En cette veille de 14 février, on pouvait imaginer, pour le vote du budget primitif 2017 (1), que l’opposition régionale souhaiterait à Alain Rousset une joyeuse Saint-Valentin en convoquant une nouvelle fois Ségolène Royal, dont la gestion picto-charentaise n’a pas vraiment été un cadeau pour le président de la Nouvelle-Aquitaine.

Or, à part quelques allusions – dont la plus tonitruante venue du Modem, qui qualifie d’« indécente » la candidature de Ségolène Royal au Programme des Nations unies pour l’environnement -, il n’a guère été question des épines budgétaires mises au jour par Alain Rousset il y a un an et confirmées depuis par la Chambre régionale des comptes.

Comme si une page se tournait avec ce budget 2017, « le premier budget de référence de notre nouvelle Région », selon Andréa Brouille, désormais vice-présidente en charge des finances à la place de Jean-François Macaire.

« Du vert foncé à l’orange »

L’élue de Haute-Vienne a eu droit aux félicitations de l’assemblée, le plus aimable étant le président LR de la commission des finances, Olivier Chartier, qui a salué « une femme compétente, ce qui est un pléonasme ». On n’osera penser que le compliment se voulait un écho à l’affaire qui agite le candidat d’Olivier Chartier…

L’examen de ce budget 2017 n’a d’ailleurs pas manqué de sel car, pour justifier leurs critiques ou leur vote négatif, certains opposants, en tête desquels Jean Dionis du Séjour (UDI), ont souligné toutes les qualités, à leurs yeux, de la gestion de l’ex-Aquitaine. « Ces jours heureux sont finis, lance-t-il à Alain Rousset. Nous sommes passés du vert foncé à l’orange. » Un brevet qui fait sourire le socialiste Stéphane Delpeyrat. « Dommage que l’opposition ne l’ait pas dit plus souvent lors du précédent mandat », ironise-t-il. « Je ne siégeais pas à la Région », rétorque le maire d’Agen.

L’essentiel des flèches décochées par l’opposition portait sur les dépenses de fonctionnement. «  La clé du problème », selon Jean-Marc de Lacoste (FN).

Pour Jean Dionis, Joan Taris (Modem) ou Yves d’Amécourt (LR), Alain Rousset ne tient pas ses promesses de désendettement, d’investissement, qui n’est, selon eux, qu’à 32 % du budget global et pas à 35 %, ou d’autofinancement. « Et vous ne pourrez pas les tenir », affirme Jean Dionis, qui, comme ses collègues, est « frappé du syndrome du catastrophisme » pour Stéphane Delpeyrat.

« Nous n’avons pas dérapé », s’indigne Alain Rousset, qui supporte mal l’accusation lancée par Joan Taris sur la baisse des crédits en faveur de l’aménagement du territoire. « Nous avons multiplié par dix les crédits pour le très haut débit », réplique-t-il, agacé et suspectant ses détracteurs de vouloir rétablir une politique de saupoudrage, celle qui, rappelle-t-il, « a conduit Poitou-Charentes aux difficultés qu’on sait. »

« Le petit tchou-tchou »

N’empêche, « taxer les carburants et les cartes grises, c’est taxer les zones rurales et périurbaines », lance Yves d’Amécourt, qui pense à « cette France silencieuse qui voit s’éloigner les services publics. La pompe à essence est devenue une pompe funeste pour les ménages. »

À 17 heures, après plusieurs heures de débat sans éclats, le budget 2017 est donc approuvé, moins les voix de l’opposition. Le chapitre transports sera pour sa part adopté sans les voix du groupe écologiste. Par sa porte-parole, Christine Moebs, ce dernier trouve bien des vertus à ce budget, notamment la ligne Pau-Canfranc, mais il est entaché de façon indélébile par la LGV et son éventuelle prolongation vers Dax ou Toulouse. « C’est un train fantôme qui va dans le mur. »

Le FN met la LGV et Pau-Canfranc dans le même sac, Monique Sémavoine ironise sur le « petit tchou-tchou diesel » du Pau-Canfranc, mais ses amis du Modem ne votent pas comme elle. Quant à Nathalie Delattre, elle condamne avec fermeté le projet de LGV vers le sud, qui « détruira la vallée du Ciron ». « Une rumeur », répond Alain Rousset.

L’élue bordelaise s’exprimant à titre personnel, elle est seule à voter contre, son groupe de l’UDI préférant ne pas participer au vote, ce qui permet d’ailleurs l’adoption de ce chapitre transports. Mais la Saint-Valentin ne se fêtera pas à bord du TGV…

(1) Le budget s’élève à 3,094 milliards d’euros, dont 828 millions de dépenses d’investissement et 1,566 milliard de dépenses de fonctionnement.