Fréquentation en panne : mais où va l’aéroport de Pau ?

Sep 26, 2017 | Aérien, Presse française

Fréquentation en panne : mais où va l’aéroport de Pau ?

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Par gérard cayron, publié le , modifié .

Des chiffres inquiétants, une compagnie très dominante – Air France – qui abuserait de sa position : la plateforme aéroportuaire béarnaise cherche les voies du salut. Et la porte est étroite.

L’aéroport Pau-Pyrénées est en panne. Depuis des mois, le trafic ne décolle pas et à l’issue d’un véritable « été meurtrier », la fréquentation de la plateforme se révèle notoirement insuffisante. Très loin en tout cas de l’objectif des 850 000 voyageurs annuels visés à terme.

Pour l’heure, dans un contexte régional très concurrentiel, l’aéroport flirte plutôt avec la barre des 600 000 passagers. Pourquoi ? Cet outil indispensable au développement du territoire est-il sur une pente glissante ? « Après un premier semestre satisfaisant, c’est l’été qui nous a été préjudiciable », veut croire Didier Laporte, le président de la chambre de commerce, majoritaire au sein du groupement Air’Py formé avec Egis et Transdev.

Une obligation de service

À l’heure du constat, les principaux maux semblent identifiés. Notamment le fait que « Pau prend de plein fouet sa forte dépendance à un seul opérateur (Air France) ». Ce n’est pas la première fois que l’attitude de la compagnie nationale et sa position hégémonique en Béarn sont montrés du doigt. « Depuis avril, explique-t-on chez Air’Py, deux vols quotidiens sur trois vers Roissy sont faits par des appareils de 76 places (contre 130 avant). Cela représente 15 % en moins sur la ligne, et 2 à 3 points de croissance perdus pour nous. »

La politique tarifaire pratiquée par le transporteur – « susceptible d’expliquer l’absence de croissance », selon Didier Laporte – est bien sûr l’autre sujet qui fâche. Elle a encore été évoquée tout récemment lors d’un rendez-vous avec la direction de Hop !, la filiale d’Air France.

« Nous rappelons régulièrement à notre client les engagements qui ont été pris, le fait qu’il doit maintenir un certain niveau de trafic. Il y a quand même une obligation de service public ! », rappelle le patron de l’organisme consulaire. Mais, conscient que le « territoire n’a pas une image assez dynamique », il ne brandit pas pour autant la menace d’une mise en concurrence entre différents opérateurs pour les lignes à destination de Paris.

Besoin de Ryanair ?

Pour sortir de l’ornière, les marges de manœuvres sont en fait étroites. Et les belles déclarations d’intentions, faites lors de la désignation du délégataire, semblent aujourd’hui un peu vaines. À moins que… les compagnies low-cost n’effectuent un retour en force sur le tarmac palois ! Sur ce sujet brûlant, Didier Laporte ne joue pas les vierges effarouchées même s’il entend « rester dans les clous par rapport à la ligne directrice voulue par l’Europe ».

« Oui, aujourd’hui, Pau-Pyrénées aurait clairement besoin des 100 000 passagers annuels que Ryanair peut amener ! Pour nous, c’est une cible, et Ryanair reviendra un jour ou l’autre », promet-il.

De nouvelles lignes…

Ouverture de nouvelles lignes donc, mais aussi aménagements dans l’aérogare : les gestionnaires de Pau-Pyrénées veulent également s’appuyer, en 2018, sur tous les autres leviers à leur disposition pour retrouver une situation plus confortable.

Les dessertes qui pourraient être inaugurées concernent des destinations « du nord de l’Europe » telles que Bruxelles, Londres et Amsterdam. On sait aussi qu’une réflexion est menée afin de répondre aux besoins de l’importante communauté portugaise vivant ici.

L’avenir dira si ces futures lignes peuvent rencontrer un succès plus net que certaines liaisons actuelles. Ainsi, en août, les vols vers Marseille, opérés par TwinJet, et ceux à destination de Nantes (compagnie Chalair) n’ont transporté respectivement que… 55 et 60 passagers !

… et une implantation industrielle

Une bonne nouvelle va en revanche tomber d’ici quelques jours. Situé près de l’aéroport, le terrain de 6 hectares qu’Airbus a finalement abandonné après avoir renoncé à son projet d’avion électrique E-Fan, a trouvé preneur. Un important sous-traitant béarnais du secteur aéronautique « souhaite s’y installer, dans le cadre d’un agrandissement », confirme Jean-Paul Brin, le président du syndicat mixte de Pau-Pyrénées.

 

 

Biarritz investit, Tarbes croît

 ► Les voisins et concurrents de l’aéroport palois bénéficient actuellement d’un vent porteur.

Dans un contexte de croissance marquée (jusqu’à 10 %) pour les aéroports régionaux de la métropole, Pau, comme Beauvais d’ailleurs, fait figure de mauvais élèves (voir le zoom). En revanche, les premiers voisins de la plateforme béarnaise semblent, du moins pour l’instant, échapper à ces difficultés.

Les gestionnaires de l’aéroport biarrot, qui surfe au-delà de la barre annuelle de 1,1 million de passagers, viennent ainsi de dévoiler les contours d’un important plan d’investissements. Il atteindra, d’ici 2025, la coquette somme de… 43 millions d’euros (voir notre édition du 20 septembre).

Après des années d’exploitations sans aménagement majeur, l’aéroport de la côte basque fait actuellement réaliser de gros travaux dans l’environnement de son aérogare.

En Bigorre, Tarbes-Lourdes-Pyrénées tire aussi les marrons du feu, grâce notamment au nouveau cadre fixé par l’OSP (obligation de service public) qui a été signée.

► Tarbes : une offre « diversifiée »

Gérée depuis janvier dernier par le groupe Edeis, la structure bigourdane a par exemple annoncé un nouveau « record de croissance » établi en juillet. Le trafic avait, ce mois-là, progressé de 26,3 %. Soit une hausse de plus de 17 % depuis le début de l’année.

« La hausse est particulièrement soutenue sur la ligne avec Orly », indique Edeis, l’opérateur low-cost Ryanair pesant par ailleurs 25 % du trafic global. Le directeur du site, Bertrand Bilger, ne manque pas de souligner « la diversification de [l’]offre ». En 2017, Tarbes a vu transiter 252 500 passagers.

Août : le plus mauvais mois depuis des années

À peine plus de 35 000 passagers ont transité par Uzein le mois dernier. Soit 3 000 de moins qu’en août de l’année précédente. Ce résultat représente, pour la plateforme béarnaise, le plus faible mois d’exploitation de ces dernières années. L’aéroport, qui a accueilli 608 000 personnes en 2016 (déjà une baisse de 4 %), voit l’ensemble des offres du groupe Air France reculer très sensiblement. De -5,84 % pour les dessertes vers Orly à -12,8 % pour les lignes à destination de Roissy.

► Des investissements dès le début de l’année 2018

Le rythme des investissements prévus se précise. Dès le début 2018, une enveloppe de 5 millions sera consacrée à la réfection d’un « taxiway » (voie de circulation pour les avions) et la réalisation d’un parking pouvant accueillir des avions cargo. L’Antonov notamment effectue régulièrement des rotations pour les besoins des forces spéciales. Il sera ensuite procédé à un réaménagement complet de l’aérogare avec installation de la zone des départs au rez-de-chaussée.

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